Belgique : l'impasse se prolonge sur un futur gouvernement

La crise politique en Belgique s'est encore amplifiée le 4 octobre lorsque les indépendantistes flamands ont décrété l'échec de négociations sur la formation d'un gouvernement fédéral, néerlandophones et francophones apparaissant plus divisés que jamais sur l'avenir du pays.

"Cette histoire se termine (...) arrêtons de patauger", a déclaré à l'issue d'une réunion de son parti le président de la Nouvelle alliance flamande, Bart De Wever, à propos des négociations entre partis néerlandophones et francophones menées laborieusement depuis juillet.

Ces tractations impliquaient sept formations : la N-VA indépendantiste, les chrétiens-démocrates du CD&V, les socialistes du SPA et les écologistes de Groen côté néerlandophone, ainsi que les socialistes (PS), centristes (CDH) et verts (Ecolo) côté francophone.

Dès début septembre, elles ont déjà sérieusement tangué en raison de désaccords sur la réforme des institutions belges en faveur d'une plus grande autonomie et d'une responsabilisation financière accrue des régions. Un préalable posé par la Flandre à la formation d'un gouvernement fédéral.

Pour tenter de les relancer, un groupe d'experts a été mis en place. "Nous n'avons obtenu aucune réponse aux questions essentielles que se posent les Flamands", a toutefois tranché le 4 octobre M. De Wever. Il a claqué du coup la porte des négociations. "Et si on veut me faire porter le chapeau, tant pis", a-t-il ajouté.

Ce que n'ont pas manqué de faire le PS, le CDH et Ecolo, qui ont jugé "irresponsable" la "rupture unilatérale" des négociations. "C'est de l'incivisme", a même tonné la chef de file des négociateurs socialistes francophones, Laurette Onkelinx.

Deux médiateurs nommés début septembre, le président du Sénat et celui de la Chambre des députés, ont dans la soirée constaté l'impasse. Il se rendront mardi après-midi chez le roi Albert II, qui va devoir à présent entamer des consultations et probablement désigner une nouvelle personnalité pour tenter de renouer le fil du dialogue.

La mise en place d'un nouveau gouvernement fédéral risque donc de prendre encore vraisemblablement des mois, alors que la Belgique assure la présidence de l'UE jusqu'en janvier.

Grand vainqueur des élections législatives du 13 juin côté néerlandophone, Bart De Wever réclame en particulier que les régions (Flandre, Wallonie et Bruxelles) puissent lever elles-mêmes une partie de l'impôt sur le revenu, alors que celui-ci est actuellement prélevé par l'État fédéral, qui le redistribue en partie.

La Wallonie et Bruxelles, qui bénéficient dans le système actuel de l'aide financière de la Flandre, plus prospère, craignent qu'une telle réforme n'entraîne leur appauvrissement et qu'elle ne prépare l'éclatement du pays en affaiblissant un mécanisme clé de solidarité Nord-Sud.

Selon les trois partis francophones, la N-VA ne tient pas compte des garanties réclamées par les francophones, telles que l'absence de concurrence fiscale déloyale entre régions. "Tout responsable francophone qui soutient un tel scénario accepte l'appauvrissement structurel des populations de Wallonie et de Bruxelles", ont estimé les trois partis.

La presse belge évoque également la convocation de nouvelles élections. Mais cette option présente un risque majeur : une radicalisation accentuée des deux camps. Depuis le mois de septembre, l'hypothèse d'un éclatement de la Belgique est désormais avancée sans tabou côté francophone, alors qu'elle était auparavant évoquée surtout du côté flamand. "Il faut plus que jamais réfléchir au plan B", a assuré à cet égard le 4 octobre soir Mme Onkelinx.

AFP/VNA/CVN

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