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Des femmes dans une rue à Peshawar, au Pakistan. |
À court de liquidités, le Pakistan souffre d'une dette écrasante, avec des réserves de change en baisse, une inflation galopante et une dévaluation de sa monnaie, la roupie.
La monnaie nationale est tombée jeudi 19 mai à un plus bas niveau historique, à 200 roupies pour un USD.
"Ma décision d'interdire l'importation d'articles de luxe permettra au pays d'économiser de précieuses devises étrangères", a tweeté le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif.
Avec cette décision, le gouvernement cible l'élite du pays, consommatrice notamment de voitures et téléphones portables, qui représentent la plus importante part des factures d'importations des produits visés, ainsi que de cosmétiques et confitures.
"Nous pourrons économiser 6 milliards de dollars (américains) en imposant une interdiction d'importer des articles de luxe", a évalué le ministre de l'Information, Marriyum Aurangzeb, lors d'une conférence de presse, ajoutant que l'interdiction annoncée entrait immédiatement en vigueur.
Cela "donnera un coup de pouce à l'économie et à l'industrie locales", a ajouté le ministre.
Mais le patronat a estimé que le gouvernement devait auparavant obtenir l'autorisation de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
"Je pense que c'est une mesure prudente de la part du gouvernement", qui devrait "aider à économiser les devises dont nous avons tant besoin pour rembourser nos dettes commerciales internationales", a commenté Khalid Tawab, l'ancien vice-président de la Chambre de commerce du Pakistan.
Compte tenu de la situation d'"urgence financière" que connaît le pays, l'OMC pourrait accepter d'"assouplir ses règles", a-t-il poursuivi
L'annonce du gouvernement pakistanais intervient alors qu'il a entamé mercredi 18 mai à Doha des négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) en vue du déblocage d'une nouvelle aide économique.
Le principal point de friction porte sur le montant des subventions pakistanaises au secteur de l'énergie.
Le Pakistan a eu à plusieurs reprises recours aux programmes du FMI pour soutenir son économie.
Une aide du FMI de six milliards d'USD, signée par l'ancien Premier ministre Imran Khan en 2019, n'a jamais été totalement transférée, le gouvernement d'Islamabad ayant renoncé à sa promesse de réduire certaines subventions et d'augmenter les recettes fiscales.
Islamabad a reçu jusqu'à présent la moitié de ce programme d'aide, le reste étant normalement dû plus tard cette année.
Les responsables pakistanais souhaitent une prolongation de ce programme jusqu'en juin 2023, ainsi que le versement d'une prochaine tranche d'un montant d'un milliard d'USD.