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La façade du New York Stock Exchange. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
L'indice Dow Jones a plongé de 3,57% à 31.490,97 points, selon des résultats définitifs. Le Nasdaq a dévissé de 4,73% à 11.418,15 points, sombrant même de 5% peu avant la clôture. L'indice à forte coloration technologique s'inscrit désormais à 30% en dessous de son pic. Le S&P 500 a perdu 4,03% pour repasser sous la barre des 4.000 points, à 3.924,18 points.
La chute spectaculaire de l'action des supermarchés Target (-24,87% à 161,73 dollars) - une amplitude de dépréciation rare dans le secteur de la distribution - a retenu toute l'attention des investisseurs car elle montrait combien la hausse des prix commence à peser sur la consommation et les profits des entreprises. La chaîne a accusé une division par deux de son bénéfice trimestriel et son patron, Brian Cornell, s'est plaint des hausses de coûts. Il a averti que les ventes allaient baisser en 2023. Les coûts en fioul et en fret ont bondi d'un milliard d'USD pour le groupe.
"On a commencé la séance en berne parce que Target a présenté ces horribles perspectives de résultats", a commenté Karl Haeling de LBBW. "Ensuite, la liquidation du marché s'est auto-alimentée et plus les indices baissaient, plus le marché se souciait des problèmes de résultats futurs, de marges opérationnelles, de récession et j'en passe", a-t-il poursuivi.
La déconfiture de Target, une chaîne de magasins de milieu de gamme, a fait écho aux résultats décevants de Walmart (-6,84% à 122,36 USD), le numéro un de la distribution discount plus populaire chez les petits revenus, ce qui inquiétait davantage les investisseurs.
"Les gens achètent de moins en moins les produits chers et se reportent de plus en plus vers les produits de marque blanche", relevait Gregori Volokhine, citant les propos de la direction des chaînes de magasins. "Les petits revenus c'est Walmart, les revenus moyens ce sont les gens qui achètent chez Target, donc c'est en train de remonter la pyramide", notait l'analyste de Meeschaert évoquant l'impact de l'inflation sur les dépenses des consommateurs. "La réalité n'est pas très belle pour la consommation, il faut voir les choses en face", ajoutait-il.
D'autres enseignes en ont fait les frais, Costco, le distributeur en gros, s'est délesté de 12,45% à 429,40 USD, Best Buy le spécialiste de l'électronique a aussi perdu presque 11%, tandis que la chaîne de magasins aux articles à un dollar, Dollar Tree, a fondu de 14,42%. Les onze secteurs du S&P 500 ont sombré dans le rouge à commencer par les produits et services non essentiels (-6,60%), une chute rarement vue, et les technologies de l'information (-4,74%). Les grands noms de la tech ont plongé, comme Amazon (-7,16% à 2.142,25 USD), Apple (-5,64% à 140,82 USD), Netflix (-7,02% à 177,19 USD).
Répercuter les coûts
Après sept semaines de pertes et cette nouvelle chute brutale, le Nasdaq, qui regroupe nombre de valeurs technologiques, est revenu à son niveau de novembre 2020. L'indice des valeurs vedette Dow Jones et le S&P 500, plus représentatif du marché américain, sont au plus bas depuis mars 2021.
"La vente massive d'aujourd'hui concerne la capacité des entreprises à répercuter des coûts plus élevés. On se posait la question, eh bien on a eu la réponse en quelque sorte avec les résultats" de Target notamment, a expliqué Quincy Krosby, stratégiste en chef pour LPL Financial. "Certes, les consommateurs continuent de dépenser, mais bon nombre des principaux détaillants ne sont pas en mesure de répercuter les coûts de main-d'œuvre et les prix plus élevés entraînés par une chaîne d'approvisionnement encore limitée", a-t-elle diagnostiqué.
Selon elle, "la peur pour la croissance plane sur le marché par intermittence et s'est intensifiée alors qu'on commence à escompter un ralentissement plus profond". Les rendements sur les bons du Trésor à dix ans se détendaient reflétant des achats vers les obligations, valeurs refuge, dont le prix monte quand leurs rendements descendent. Ils s'inscrivaient à 2,87% contre 2,99% avant l'ouverture du marché.
"On dirait qu'on n'a pas touché le fond", déplorait Karl Haeling. "C'est presque un peu décevant de voir que l'indice de volatilité VIX n'a pas explosé davantage, comme si la panique, la grosse panique, n'était pas encore là", soulignait-il. Le baromètre, dit "indice de la peur", s'élevait autour de 30 points, s'inscrivant en dessous de son niveau de début mai.
AFP/VNA/CVN