Le nucléaire civil, enjeu d'une conférence à Paris

La France a appelé le 8 mars à développer et financer la technologie du nucléaire civil dans le monde, au cours d'une conférence internationale à Paris qui représente pour elle des enjeux diplomatiques mais aussi économiques et industriels.

Soixante-cinq pays et organisations internationales (ministres, chefs d'entreprise, experts...) ont été conviés par le président Nicolas Sarkozy à cette rencontre de 2 jours qui vise à faciliter et encadrer l'accès au nucléaire civil.

En ouvrant cette conférence au siège de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Nicolas Sarkozy a appelé les institutions financières internationales à favoriser ce domaine.

"Je ne comprends pas et je n'accepte pas l'ostracisme du nucléaire dans les financements internationaux, il y a là matière à scandale (...) il faut que la Banque mondiale, la Berd (Banque européenne pour la reconstruction et le développement) et les banques de développement s'engagent résolument dans le financement" du nucléaire civil, a déclaré M. Sarkozy.

Selon la World Nuclear Association, plus de 450 nouveaux réacteurs devraient être construits dans le monde d'ici à 2030, soit un marché de plusieurs centaines de milliards de dollars.

La France, dont la production d'électricité repose à 75% sur le nucléaire, a développé une importante filière industrielle dans le secteur, notamment avec le groupe Areva.

Mais elle a perdu en décembre un contrat de 20 milliards de dollars aux Émirats arabes unis et réfléchit à un élargissement de son catalogue de réacteurs nucléaires.

Le réacteur de 3e génération de type EPR "ne répond pas forcément aux besoins du client", a relevé dimanche le ministre français de l'Écologie et de l'Énergie, Jean-Louis Borloo.

Pour le patron de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), le Japonais Yukiya Amano, "l'électronucléaire peut apporter une contribution majeure au développement économique et aider à atténuer les changements climatiques". "L'accès à cette technologie ne devrait pas être le privilège exclusif des pays riches", a-t-il ajouté dans une tribune au journal Le Monde.

Faciliter l'accès au nucléaire civil des pays en développement passe aussi par des outils de formation à la hauteur de l'enjeu.

Depuis la pire catastrophe du nucléaire civil de l'histoire, le 26 avril 1986 à Tchernobyl (Ukraine), cette filière a été délaissée, note un diplomate.

Nicolas Sarkozy a annoncé la création d'un Institut international de l'énergie nucléaire regroupant les meilleurs enseignants et chercheurs français dans le cadre d'un réseau international destiné à former des spécialistes du nucléaire civil. Un "premier centre" de ce réseau "va être mis en place en Jordanie", a-t-il précisé.

La sûreté des installations comme la sécurité pour empêcher des terroristes de mettre la main sur des matériaux nucléaires sont aussi au menu.

"En Europe comme à l'extérieur, il faut avoir le cadre juridique le plus avancé et les normes les plus élevées en matière de sûreté, de sécurité et de non-prolifération", a souligné hier le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso. Il a annoncé "une initiative européenne pour relever les normes de sécurité et de sûreté internationales et les rendre juridiquement contraignantes partout dans le monde".

Cette conférence s'inscrit dans le cadre du Traité de non-prolifération (TNP), dont un volet consacre la liberté d'accéder au nucléaire civil à côté des efforts pour le désarmement nucléaire.

AFP/VNA/CVN

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