Marie Curie travaille dans son laboratoire à l’Université de Paris en 1925. |
Ecrin de bois clair souligné d’une harmonie de gris, conçu par l’architecte Philippe Depotestad, le musée est situé au rez-de-chaussée du Pavillon Curie, dans l’un des plus anciens bâtiments de l’Institut du radium, berceau de la radiothérapie devenu Institut Curie.L’endroit est petit (150 m2), mais organisé. Il a perdu son côté «vieillot» qui laissait sur leur faim les nombreux visiteurs étrangers, tout en gardant son âme. «C’est un lieu de mémoire et d’histoires», souligne son directeur, Renaud Huynh.Le lieu honore la mémoire de Marie Sklodowska-Curie, née à Varsovie, «personnalité universelle devenue personnage de légende», selon Claude Huriet, président de l’Institut Curie : seule femme à avoir reçu deux Prix Nobel (Physique en 1903, Chimie en 1911), première femme professeur à la Faculté des Sciences de la Sorbonne, première femme à entrer pour ses propres mérites au Panthéon, monument où reposent ceux que la France veut particulièrement honorer.Mais c’est aussi un musée d’histoire des sciences qui raconte, au travers d’instruments et documents d’époque, l’histoire de la radioactivité.Une histoire de famille enfin, celle des Curie et des Joliot-Curie, la «famille aux cinq prix Nobel» : deux pour Marie, un pour Pierre, son mari, les deux derniers pour sa fille Irène et son gendre, Frédéric Joliot-Curie.C’est grâce à un legs d’un million de dollars de sa fille cadette, Eve, décédée en 2007, que le Musée a pu faire peau neuve.Fontaines au radium
Une chambre dans le Musée Curie à Paris. |
Marie Curie a travaillé pendant 20 ans dans ces murs et sa fille Irène y a découvert avec son mari la radioactivité artificielle.La rénovation concilie «respect du lieu» et nouvelles technologies, explique M. Huynh.L’espace de visite s’organise autour du bureau de Marie Curie, laissé dans son jus, avec le mobilier et les accessoires d’époque (téléphone, porte-plume...), et le laboratoire. Là, il a fallu reconstituer certains éléments, comme la hotte en bois, où la radioactivité avait pénétré trop profondément.Tout le matériel a été soigneusement décontaminé, la moindre trace de radium traquée jusque sous le parquet, le Musée se voulant «exemplaire» en la matière.La longue blouse noire de Marie Curie a été confiée par la petite-fille de son chauffeur et garçon de laboratoire, Georges Boiteux.L’espace d’exposition présente le coffret en bois et plomb qui a contenu «le gramme de radium» remis en 1921 à Marie Curie par le président américain Warren Harding.Le Musée Curie expose aussi les utilisations parfois fantaisistes de ce métal perçu comme magique : fontaines au radium produisant de l’eau radioactive ou crème «Tho-Radia», qui «guérit les brûlures du soleil»... «La radioactivité n’a pas toujours fait peur», commente M. Huynh.Le Musée est ouvert sur le jardin, lieu d’échanges auquel Marie Curie était très attachée. Une exposition temporaire (14 septembre - 10 novembre) dévoile une collection de photographies prises «in situ»: des clichés d’hier et d’aujourd’hui sont accrochés sur les troncs des tilleuls que Marie Curie avait elle-même choisis.
AFP/VNA/CVN