Le modelage des ballons, un art gonflé

Après la fièvre, il y a quelques années, de l’art japonais de l’origami -art du pliage des papiers- les jeunes Vietnamiens, citadins surtout, sont captivés par l’art de modeler les ballons de baudruche.


Huit heures du matin un dimanche hivernal au siège du club des passionnés de modelage des ballons de Hanoi. Dans une petite maison de la ruelle Thinh Hào, en plein cœur de la bouillonnante capitale, sont réunis une douzaine de jeunes, assis en tailleur sur le sol. Tous semblent être prêts à un événement sérieux. Devant eux, de petits gonfleurs, des sacs de ballons de diverses couleurs, quelques feutres. «Un, deux, trois... partez !». Après ce signal lancé par un jeune gars debout au coin de la salle, les mains, vite, se mettent au travail.

Le club de Nhât Tho propose aussi des services de décoration en ballons modelés à domicile ou pour divers événements.


«Nous organisons aujourd’hui une petite compétition entre membres du club», explique Nguyên Nhât Tho. Celui qui vient de lancer la compète est le président de ce club qui réunit une cinquantaine de membres, essentiellement des étudiants.
Visages concentrés, ils commencent à gonfler puis modeler les ballons. Un gonfleur, des ballons de baudruche de toutes couleurs et un feutre, c’est tout ce dont un candidat a besoin. Au bout de 10 minutes, on voit apparaître les premières œuvres : chats, chiens, abeilles et même de gigantesques fleurs. Certaines sont plus difficiles à nommer mais peu importe, le but est que chacun laisse libre cours à son imagination.
L’étudiante Hà Thy est la première à achever son œuvre. Un petit chat auquel rien ne manque, pas même les griffes ou les oreilles. Seuls les yeux et les moustaches sont dessinés au feutre. Trente minutes après, tout le monde a terminé. La salle est devenue alors un vrai monde féerique et coloré. «Le modelage des ballons demande beaucoup de patience et de minutie ! Mais quand on arrive à créer ses propres œuvres, c’est vraiment super ! Tu peux tout faire dans cet art !», affirme le jeune président du club.

Une débutante de 8 ans.


Créativité et imagination
Nhât Tho a été l’un des premiers au Vietnam à se lancer dans cet art et il cherche depuis à le développer. «C’est un peu par hasard que j’ai découvert tout ça. C’est un ami qui m’a enseigné les techniques de base. J’ai ensuite complété mon apprentissage en consultant internet», raconte le jeune président de 21 ans.
Les membres du club confient qu’au commencement, ils n’ont pu que créer des figures simples comme des fleurs ou des diadèmes, puis ils sont passés au fur et à mesure à des choses plus complexes comme des chats, des chiens ou des personnages de dessins animés. «Ce qui m’attire là-dedans, c’est l’extrême légèreté du matériau et l’originalité des formes obtenues», souligne Nguyên Cuong, de la province de Thai Nguyên.

Vu Tri Cuong (gauche) enseigne les techniques de modelage du ballon.


Un cours par semaine
Le modelage des ballons ou la sculpture des ballons est appelé aussi l’airigami, un terme japonisant sans doute par référence à l’origami (art japonais du pliage des papiers). Cet art permet de laisser libre cours à sa fantaisie et à son imagination. Pas besoin de beaucoup d’outils : des ballons de baudruche évidemment, mais de diverses couleurs (environ 17), un gonfleur, des ciseaux, des feutres colorés. Les passionnées utilisent les ballons de forme oblongue en vue de créer des formes variées. Le club de Nhât Tho organise chaque semaine en weekend un cours d’apprentissage pour les passionnés de cet art. Les apprenants, essentiellement des étudiants et des écoliers. Les plus jeunes ont 6-7 ans, les plus âgés, 30-35 ans.

Aujourd’hui, le cours commence un peu plus tard, à la suite de la compétition entre les membres. Exposant des objets nécessaires pour le cours devant les apprenants, Vu Tri Cuong, responsables des cours, se lancent dans la pratique, après avoir présenté minutieusement les techniques de base comme la manière de gonfler les ballons, de nouer et de manipuler. «Il te faut savoir que ce sont des ballons assez difficiles à gonfler, parce que plus épais. Donc, inutile pour toi d’essayer de gonfler à la bouche !», remarque Tri Cuong à la petite fille de 8 ans, qui essaie de gonfler son ballon à la bouche. La petite fille, qui tient en main un bouquet de ballons, visiblement impatiente de se lancer dans la pratique.

Les membres du club et leurs œuvres.


Tri Cuong continue de guider ses autres élèves. «En fait, le ballon ne doit pas être gonflé à bloc. Il faut qu’en fonction des torsions qu’on lui fait subir, l’air puisse s’y déplacer. Il est conseillé aussi de le dégonfler légèrement avant de le nouer pour qu’il soit plus souple et donc plus facile à modeler», indique-t-il.
Expliquant les techniques de manipulation des ballons, Tri Cuong dit qu’elles sont très diverses. Les ballons colorés peuvent être attachés ou torsadés particulièrement. La qualité de fabrication est également primordiale pour l’accomplissement des œuvres les plus complexes. «Ainsi les ballons de latex à bas prix s’avèrent vite être inexploitables. Actuellement, nous ne trouvons pas de fournisseurs domestiques, donc nous dépendons toujours des importations de l’étranger», dit-il.
Après une heure et demie de cours, malgré encore maladroits, les apprenants ont pu créer leurs premières œuvres et on voit déjà en certains de futurs sculpteurs professionnels.

Texte et photos : Bùi Phuong/CVN

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