"L'état d'urgence a été décrété à Bangkok et dans les provinces qui l'entourent lors d'une réunion extraordinaire du gouvernement", a déclaré en direct à la télévision le chef du gouvernement. "L'état d'urgence est un moyen légal pour le gouvernement de résoudre la situation (...), cesser la désinformation, poursuivre les leaders des manifestants et prévenir le sabotage de façon efficace", a ajouté le chef de la coalition parlementaire.
C'est la 4e fois depuis 2008 que la Thaïlande a recours à cette mesure, qui interdit tout rassemblement de plus de 5 personnes et permet aux forces de l'ordre de procéder à des arrestations sans mandat de la justice.
Environ 5.000 "chemises rouges", favorables à l'ex-Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra, ont fait irruption dans la matinée du 7 avril dans la cour du parlement après avoir brisé une grille d'entrée avec un camion. Quelques minutes plus tard, plusieurs cadres du gouvernement ont été évacués par hélicoptère.
Les "chemises rouges" n'ont jamais paru aussi fortes alors que le mouvement est entré dans sa 4e semaine et que le pouvoir semble vouloir éviter à tout prix des affrontements.
Après une journée d'incidents mineurs le 6 avril, les "rouges" ont annoncé en début de matinée qu'ils marchaient vers le parlement, où se tenaient simultanément une session de la chambre basse et un conseil des ministres.
La session a été rapidement ajournée suite au départ de nombreux parlementaires, avant que les quelque 5.000 manifestants décident de pénétrer dans la cour. "Ils ont utilisé un camion pour casser la grille", a indiqué Pitoon Pumhiran, secrétaire général du parlement.
Moins d'une heure plus tard, 2 hélicoptères Blackhawk envoyés par le 11e régiment d'infanterie de l'armée, où le gouvernement est retranché, atterrissaient derrière le bâtiment.
En une quinzaine de minutes, plusieurs personnalités dont le vice-Premier ministre Suthep Thaugsuban, le ministre auprès du Premier ministre Satit Wonghnongtaey, et le porte-parole du gouvernement Panitan Wattanayagorn étaient évacués.
Les "rouges", jamais inquiétés par les forces de l'ordre, pouvaient tranquillement repartir. "Notre mission est accomplie et nous pouvons retourner à notre base", a déclaré triomphant Korkaew Pikulthong, un de leurs leaders.
Le Premier ministre Abhisit Vejjajiva avait pour sa part quitté les lieux avant l'arrivée des manifestants. Il n'a pu assister que pendant 15 minutes au conseil des ministres. Le chef d'une majorité de plus en plus ébranlée a en outre annulé un voyage à Washington du 10 au 15 avril, où il devait participer à un sommet sur la sécurité nucléaire.
L'opposition a pris un avantage stratégique majeur en occupant depuis le 3 avril un quartier touristique et d'affaires de Bangkok, paralysant l'activité d'hôtels de luxe et de centres commerciaux dont les pertes se comptent en millions d'euros.
Les "rouges", qui s'appuient sur les masses rurales du Nord et du Nord-Est du pays, bastion de Thaksin, exigent les élections anticipées.
AFP/VNA/CVN