Plantation de mangroves dans la province de Bac Liêu (delta du Mékong). |
Photo : VNQ/CVN |
Ces dernières années, l’impact du réchauffement climatique se traduit dans de nombreux domaines : climat, niveau de la mer, écosystème, énergie, alimentation et santé. Selon le scénario élaboré en 2012 par le ministère des ressources humaines et de l’Environnement, si le niveau de la mer augmente d’un mètre, cela signifiera que 39% de la superficie du delta du Mékong (35% de la population), 10% du delta du fleuve Rouge (9% de la population) et 2,5% des provinces littorales du Centre (9% de la population) seront submergés.
Le changement climatique a déjà de lourds impacts sur les localités du pays, avec l’augmentation rapide de la fréquence et de l’intensité du nombre de typhons et des épisodes de sécheresse. L’augmentation du niveau des océans entraîne notamment la salinisation de terres agricoles au détriment de la sécurité alimentaire et du développement socio-économique des provinces littorales du pays. Les provinces du Sud occidental sont les plus touchées avec 1,77 million d’hectares, soit 45% de sa superficie. Tandis que les coûts de construction des ouvrages de lutte contre l’incursion de l’eau salée sont très élevés.
Dans les provinces de Soc Trang et Bên Tre (delta du Mékong), l’eau salée a pénétré à 40-45 km, voire même jusqu’à 70 km à l’intérieur des terres. Le taux de salinité de la province de Hâu Giang (delta du Mékong) atteint aujourd’hui de 5 à 7‰.
Défis à relever
Selon les prévisions, en 2100, le delta du Mékong - premier grenier à riz du pays - perdrait 7,6 millions de tonnes de riz par an, soit 40% de sa production. Environ 2,4 millions de hectares de terres agricoles seraient rendues incultivables, en raison de la trop forte salinité.
D’après le ministre des Ressources naturelles et de l’Environnement, Nguyên Minh Quang : «En parallèle aux difficultés causées par l’élévation du niveau des océans, le Vietnam doit faire face à la pollution de l’environnement. Malgré de gros efforts, la qualité de notre environnement continue à se dégrader, de même que la biodiversité. L’exploitation des ressources naturelles, notamment maritimes, n’est pas raisonnée, avec les risques que cela comporte en termes d’écologie et de sécurité alimentaire».
Agir dès aujourd’hui
Pour faire face aux catastrophes et s’adapter au changement climatique, à commencer par la montée du niveau de la mer, le Vietnam doit mettre en place des solutions énergiques. La construction des ouvrages hydrauliques se pose comme un impératif afin de mieux contrôler les ressources en eau. La construction du système de digues en béton armé sur le côtes et les rives des cours d’eau doit permettre de protéger les habitants des conséquences de la montée du niveau des océans. Mais se pose la question financière qui, sur le long terme, pourrait être un réel obstacle à l’édification de digues dans les régions les plus menacées.
Relèvementde la digue sur le littoral de Vinh Châu, province de Soc Trang (delta du Mékong). |
Autre solution : le renforcement des activités de communication par le biais des colloques, des mass-médias, du développement des technologies de prévisions afin de limiter les dégâts engendrés par ce phénomène dû à la conjugaison de la dilatation de l’eau et de la fonte de la calotte glaciaire continentale sous l’effet du réchauffement.
Il ne faut surtout pas omettre la plantation de forêts de mangroves dans les régions marécageuses, le meilleur des remparts et qui a l’immense avantage d’être 100% naturel. Sur le littoral des provinces du Centre, la plantation et la protection des forêts de filaos, de cocotiers sont indispensables pour lutter contre le processus d’érosion engendré par les vagues et, plus grave, par les typhons. Enfin, il apparaît indispensable d’augmenter la superficie des espaces verts dans les centres urbains, de mettre sur pied davantage d’habitations résistantes aux intempéries dans le delta du Mékong ainsi que de creuser des lacs réservoirs dans les régions densément peuplées.
Changer les modes de consommation
Mme Bratibha Mehta, coordinatrice permanente de l’ONU au Vietnam, fait savoir que la résilience au changement climatique est un défi planétaire. Le Vietnam est et sera l’un des pays les plus touchés. C’est pourquoi, le pays doit considérer la résilience au changement climatique comme un problème vital. Selon elle, ces solutions n’auront l’effet escompté que si elles sont couplées à l’inscription effective du Vietnam dans une logique de développement durable.
Cela passe par un changement radical de nos habitudes de vie afin de respecter l’environnement, comme dire «non» aux sacs plastique et au gaspillage de l’eau et de l’électricité. Il est important d’encourager l’utilisation de produits fabriqués par les entreprises respectueuses de la nature.
Même si cela reste - et de loin - insuffisant, les exemples ne manquent pas ces dernières années. Ainsi, la «consommation verte» semble en ordre de marche dans la mégapole du Sud. Plusieurs produits estampillés «verts» d’entreprises comme la sarl Unilever Vietnam, la compagnie par actions du lait Vinamilk, Friesland Campina Vietnam, celle des vivres et des denrées alimentaires... sont d’ores et déjà reconnus par les consommateurs.
Le ministre des Ressources naturelles et de l’Environnement, Nguyên Minh Quang, fait savoir que son ministère envisage de renforcer les activités de sensibilisation, de communication et d’éducation auprès des habitants comme des entreprises sur la nécessité de protéger l’environnement. Autres pistes à l’étude : le renforcement de la recherche scientifique, de l’application des avancées technico-scientifiques dans la protection de l’environnement, la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la protection de la biodiversité et des écosystèmes. Donnons-nous la main pour, ensemble, faire face au plus grand défi de l’humanité de ce XXIe siècle.
Huong Linh/CVN