Malgré le gigantesque plan de soutien de 750 milliards d'euros mis sur pied dans la douleur il y a tout juste une semaine, les marchés restent nerveux et continuent à être préoccupés à la fois par la dette accumulée par les États, et par l'impact négatif de leurs plans de rigueur sur la croissance.
L'euro est descendu en cours de journée à son plus bas niveau face au dollar en 4 ans, avant de regagner une partie du terrain perdu.
Le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a tenté de rassurer en affirmant que l'euro restait "une monnaie crédible". "Je ne suis pas préoccupé par le taux de change actuel (de l'euro) mais par la vitesse à laquelle le taux de change s'est détérioré", a-t-il toutefois reconnu.
Pour ne rien arranger, le mécanisme sans précédent de 750 milliards d'euros de prêts et de garantie de prêts décidé le 10 mai, pour les pays de la zone euro qui auraient des difficultés à emprunter sur les marchés financiers, peine à être finalisé.
M. Juncker a dû convoquer une nouvelle réunion des ministres des Finances de la zone euro pour vendredi afin de boucler "les détails techniques".
Toutefois, selon des sources diplomatiques, de longues et difficiles discussions ont eu lieu le 17 mai soir à ce sujet à Bruxelles en Belgique (au siège de l'Union européenne), notamment entre l'Allemagne et la France.
M. Juncker a lui-même reconnu à demi-mot qu'un des points difficiles portait sur le fait que certains pays demandent que leurs parlements nationaux approuvent à chaque fois le déblocage des garanties, si un pays de la zone euro venait à faire appel au mécanisme.
La Finlande serait dans ce cas, mais, selon une source diplomatique, l'Allemagne aurait aussi longuement évoqué cet aspect le 17 mai soir.
Pour le reste, afin de restaurer la confiance, les grands argentiers ont rivalisé de déclarations pour promettre des efforts accrus visant à renforcer la surveillance budgétaire et la discipline commune dans l'Union monétaire, mise à mal par l'explosion des déficits nationaux depuis des années.
Les ministres des Finances se sont dits ainsi prêts à discuter d'une initiative controversée qui les verrait soumettre à partir de 2011 leurs projets de budget respectifs à un examen européen, avant même qu'ils ne passent devant les parlements nationaux.
Cette proposition, présentée la semaine dernière par la Commission européenne, est "vertueuse", a estimé Jean-Claude Juncker.
La mesure, qui vise à l'avenir à empêcher des dérives comme celles qu'a connues la Grèce, a pourtant suscité des critiques en Europe, en particulier de parlementaires nationaux inquiets que leur souveraineté nationale pour voter le budget soit remise en cause.
Certains pays, Allemagne en tête, sont déterminés à aller plus loin. Le ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, a évoqué l'idée de faire inscrire dans la constitution des autres pays de la zone euro un plafond pour les déficits, comme l'a fait l'Allemagne l'an dernier. "C'est une question" qui doit être discutée et qui fait partie des leçons éventuelles à tirer de la crise, a-t-il dit. "Il faut voir dans quelle mesure une telle disposition pourrait trouver l'adhésion générale de tous", a aussitôt tempéré M. Juncker.
AFP/VNA/CVN