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Quelques heures après une réunion exceptionnelle du Conseil de sécurité, "la Corée du Nord a tiré un type de missile balistique non identifié depuis un site" au nord de Pyongyang, a annoncé le ministère sud-coréen de la Défense. "Nous soupçonnons que cet essai a été un échec", a indiqué la même source, en précisant que le missile n'a volé que quelques minutes, vers le nord-est, et a seulement atteint l'altitude de 71 km. Le commandement américain pour le Pacifique (Pacom) a confirmé un tir de "missile qui n'a pas quitté le territoire nord-coréen".
Le président Donald Trump a aussitôt accusé Pyongyang d'avoir "manqué de respect" à la Chine, son principal allié. "Mauvais !", a tweeté le locataire de la Maison Blanche. De son côté le Japon a fait "une protestation formelle" auprès du régime de Pyongyang, après avoir réuni son Conseil de sécurité nationale.
Au moment de ce tir raté, le chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson, qui avait présidé la réunion du Conseil de sécurité, venait de quitter New York vendredi soir 28 avril, après avoir exhorté ses partenaires à contrer une "menace nucléaire" nord-coréenne qui aurait des "conséquences catastrophiques". Il avait surtout pressé la Chine d'isoler Pyongyang économiquement et diplomatiquement.
Le secrétaire d'État a prôné des "pressions économiques et diplomatiques", tout en menaçant de recourir à la force pour faire plier la RPDC. "Ne pas agir maintenant sur la question sécuritaire la plus urgente dans le monde pourrait avoir des conséquences catastrophiques", a mis en garde M. Tillerson.
Signe de cette urgence pour les États-Unis, dont les territoires de Hawaï ou de la côte nord-ouest pourraient être à portée de missiles nord-coréens, le secrétaire d'État a affirmé que "la menace d'une attaque nucléaire nord-coréenne sur Séoul ou Tokyo était réelle", voire que le régime communiste pourrait un jour "frapper les États-Unis". "Toutes les options en réponse à de futures provocations doivent rester sur la table", a-t-il martelé, après que Donald Trump eut averti jeudi 27 avril de la "possibilité que nous finissions par avoir un conflit vraiment majeur avec la Corée du Nord".
"Action militaire"
M. Tillerson a souligné la "volonté de contrecarrer l'agression nord-coréenne, avec une action militaire si nécessaire", assurant toutefois que Washington "préférait de beaucoup une solution négociée" diplomatiquement. Mais alors qu'il avait réitéré vendredi matin sur la radio NPR une offre de dialogue direct avec Pyongyang, le secrétaire d'État a affirmé devant les Nations unies que son pays "ne récompenserait pas le mauvais comportement (de la Corée du Nord) avec des négociations".
Pyongyang s'était engagé en 2003 dans des pourparlers à six avec la Corée du Sud, le Japon, la Russie, les États-Unis et la Chine. Ces tractations avaient capoté en 2009 et l'administration de Barack Obama (2009-2017) n'avait cessé pendant huit ans de manier le bâton des sanctions et la carotte d'une relance des discussions.
Mais la RPDC a multiplié ses tirs de missiles balistiques, procédant même à cinq essais nucléaires souterrains, dont deux en 2016. Ces programmes militaires lui ont valu une série de résolutions de l'ONU et une batterie de sanctions internationales. D'après des experts onusiens, ces mesures punitives ont toutefois eu peu d'impact.
Si bien que Rex Tillerson a réclamé que la communauté internationale "impose davantage de pressions diplomatiques et économiques sur le régime nord-coréen", notamment en renforçant les sanctions économiques et par des ruptures de relations diplomatiques.
Le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson, lors d'une conférence de presse à Washington, le 19 avril 2017. |
"Levier" chinois
C'est donc d'abord vers la Chine, alliée de la Corée du Nord, que Rex Tillerson s'est tourné. Arrivée au pouvoir le 20 janvier, l'administration Trump s'était mise dans les pas de l'équipe Obama sur le dossier nord-coréen, mais elle semble davantage vouloir faire pression sur Pékin.
"La Chine représente 90% des échanges commerciaux nord-coréens, la Chine a un levier économique sur Pyongyang qui est unique et son rôle est particulièrement important", a pressé M. Tillerson, en présence de son homologue chinois Wang Yi qu'il a vu ensuite en tête-à-tête. L'Américain a dit attendre "des actions supplémentaires" de Pékin. Le Chinois lui a répondu que son pays appliquait scrupuleusement toutes les sanctions de l'ONU.
Vantant les vertus du "dialogue" en vue de la "dénucléarisation de la péninsule" coréenne Wang Yi a mis en garde contre les risques de "chaos" et de "plus grandes catastrophes" en cas de recours à la force. Il a aussi remis en avant une proposition chinoise d'un gel des programmes nucléaire et balistique nord-coréens, en échange d'un arrêt des exercices militaires entre les États-Unis et la Corée du Sud, liés par un traité d'alliance depuis la Guerre de Corée (1950-53). Pour le ministre chinois, cette proposition est "sensée et raisonnable", mais les États-Unis l'ont plusieurs fois rejetée. Rex Tillerson a aussi promis que les États-Unis "ne cherchaient pas un changement de régime (...) ni quelque prétexte pour une réunification accélérée" des deux Corées.
De son côté, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Guennadi Gatilov a dénoncé une "rhétorique" de "guerre" et une "démonstration de force irréfléchie" qui pourraient avoir des "conséquences effrayantes".