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Des touristes se protègent du soleil en face de la colline de l'Acropole à Athènes, le 8 juillet en Grèce. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Entre fin juin et début juillet, les températures ont largement dépassé les 40°C dans de nombreux pays européens, lors d'une exceptionnelle et précoce vague de chaleur, qui a déclenché de nombreuses alertes sanitaires.
"Nous estimons que le réchauffement climatique a amplifié la vague de chaleur d'environ 2 à 4°C dans la plupart des villes" étudiées, notamment Paris, Londres et Madrid, a déclaré Ben Clarke de l'Imperial College de Londres, qui a mené cette étude avec la London School of Hygiene and Tropical Medicine.
L'épisode a probablement entraîné un nombre bien plus élevé de décès liés à la chaleur que sans l'influence du réchauffement climatique, a conclu cette "étude rapide", menée par plus d'une dizaine de chercheurs de cinq institutions européennes, en attendant les bilans officiels dans plusieurs semaines.
Pour évaluer l'influence du changement climatique, les scientifiques ont simulé l'intensité de cet épisode dans un monde qui n'aurait pas connu la combustion massive du charbon, du pétrole et du gaz, en partant des données météo historiques.
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Anomalies mensuelles de température dans le monde par rapport à la période préindustrielle (1850-1900), en °C. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Ils ont conclu que la vague de chaleur "aurait été de 2 à 4°C moins intense" sans le changement climatique dans 11 des 12 villes étudiées. Ces degrés supplémentaires ont considérablement accru le risque sanitaire pour les 30 millions d'habitants des villes étudiées, dont Paris, Londres et Madrid.
"Cela place certains groupes de personnes dans une situation plus dangereuse", a déclaré le chercheur Ben Clarke de l'Imperial College de Londres. "Pour certains, c'est encore un temps chaud et agréable. Mais pour une grande partie de la population, ça devient dangereux", a-t-il déclaré aux journalistes.
Vie ou mort
L'étude tente pour la première fois d'estimer le nombre de décès attribuables à la canicule dans les 12 villes étudiées et la proportion attribuable au changement climatique.
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Un passant se protège du soleil à Madrid pendant une vague de chaleur en Espagne, le 2 juillet. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Sur la base de méthodes scientifiques évaluées par des pairs et de recherches établies sur la chaleur et la mortalité, l'étude estime que la vague de chaleur a probablement causé environ 2.300 décès prématurés entre le 23 juin et le 2 juillet dans ces villes.
Et environ 1.500 décès, soit environ deux tiers, n'auraient pas eu lieu sans les degrés ajoutés par le dérèglement du climat par l'humanité. Les auteurs, issus d'institutions au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, au Danemark et en Suisse, ont souligné que cette estimation n'était qu'un aperçu, avant tout décompte officiel.
Les vagues de chaleur sont particulièrement dangereuses pour les personnes âgées, les malades, les jeunes enfants, les travailleurs en extérieur et toute personne exposée à des températures élevées pendant de longues périodes sans répit, en particulier lors de l'enchaînement de nuits chaudes.
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Anomalies quotidiennes de la température de surface de la mer en Méditerranée occidentale de 1979 à 2025, par rapport à la moyenne de 1991-2020, en °C, d'après les données de Copernicus. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
De larges territoires du sud de l'Europe ont connu des successions de "nuits tropicales", lorsque les températures ne baissent pas assez pour permettre au corps de récupérer. "Pour des milliers de personnes, une augmentation de seulement 2 ou 4°C peut faire la différence entre la vie et la mort", a déclaré Garyfallos Konstantinoudis, de l'Imperial College de Londres.
"C'est pourquoi les vagues de chaleur sont connues comme des tueuses silencieuses : la plupart des décès surviennent dans les maisons et les hôpitaux, à l'abri des regards, et sont rarement signalés", a-t-il déclaré.
Les autorités estiment qu'il faudra plusieurs semaines pour établir un bilan définitif des victimes. La succession d'épisodes similaires a déjà provoqué des dizaines de milliers de morts prématurées en Europe au cours des étés précédents.
AFP/VNA/CVN