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Vue aérienne de Kananga, dans le centre de la République démocratique du Congo, le 11 janvier 2013. |
Les deux experts, l'Américain Michael Sharp et la Suédo-chilienne Zaida Catalan, avaient été enlevés le 12 mars en même temps que leurs quatre accompagnateurs congolais dans la province du Kasaï-central, secouée par la rébellion de Kamwina Nsapu, chef traditionnel tué en août 2016 lors d'une opération militaire après s'être révolté contre les autorités de Kinshasa."Dès qu'ils ont disparu, les magistrats militaires ont ouvert une enquête qui vient de s'accélérer avec la découverte des corps", a déclaré à l'AFP le porte-parole du gouvernement congolais Lambert Mende.Michael Sharp et Zaida Catalan "ont perdu leur vie en essayant de comprendre les causes du conflit et de l'insécurité en RDC, afin d'aider à ramener la paix dans ce pays", a déploré le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, dans un communiqué."Je fais confiance aux autorités congolaises pour qu'elles conduisent une enquête complète. Les Nations unies mèneront aussi une enquête (...) feront tout leur possible pour que justice soit faite", a-t-il ajouté.
Les corps identifiés par la Monusco
Amnesty International a invité Kinshasa à faciliter l'enquête de l'ONU et à poursuivre les recherches pour retrouver les victimes congolaises encore portés disparus."Ces corps ont été retrouvés dans une fosse et ont été identifiés de façon formelle par les spécialistes de la Monusco, notamment l'équipe de la police des Nations unies", a expliqué de son côté Charles-Antoine Bambara, directeur de l'information publique de la Mission de l'ONU en RDC (Monusco), lors d'une conférence de presse à Kinshasa."Les corps vont sans doute être rapatriés" d'abord à Kinshasa, puis "en discussion avec les représentations diplomatiques on verra comment les Nations unies vont pouvoir aider ces représentations diplomatiques à acheminer ces corps" vers leurs pays d'origine, a indiqué M. Bambara.Pour la représentante permanente des États-Unis à l'ONU Nikki Haley, Michael Sharp "travaillait en première ligne pour faire ce que nous essayons d’accomplir chaque jour aux Nations unies : identifier les problèmes et les résoudre".Au moins 400 morts
Le Premier ministre suédois Stefan Löfven a salué la mémoire de sa compatriote, qui travaillait "sans relâche pour la paix et la justice et risqu(ait) sa vie pour sauver celle des autres".Zaida Catalán "servait aux valeurs de la démocratie et les droits de l’Homme qu’elle avait appris de sa mère suédoise et de son père exilé en Suède durant les années sombres de notre pays", a déclaré pour sa part le ministre des Affaires étrangères chilien Canciller Heraldo Muñoz.La découverte des corps des deux experts est intervenue juste après que la police nationale congolaise eut accusé les miliciens Kamwina Nsapu d'avoir massacré 39 de ses agents au Kasaï dans une "embuscade".Mercredi 29 mars, le mouvement citoyen congolais "Lutte pour le changement" (Lucha) a exhorté la communauté internationale à "agir en toute urgence" pour mettre fin au cycle de violences qui s'étend désormais dans 4 des 5 provinces du Kasaï."Dans les événements actuels au Kasaï, les autorités congolaises font partie du problème. Attendre d’elles des enquêtes crédibles est naïf et complaisant, car on ne peut être juge et partie", estime la Lucha.La situation inquiétante de la RDC
Ces événements sont survenus avant le vote, initialement prévu mercredi 29 mars mais repoussé à jeudi 30 mars ou vendredi 31 mars, de l'ONU sur le renouvellement du mandat de la Monusco, alors que la situation du pays, en proie à une crise politique, sécuritaire, économique et sociale, inquiète la communauté internationale.La Monusco est la plus importante des missions de maintien de la paix des Nations unies avec 19.000 soldats, policiers et observateurs militaires dans l'Est du pays et à Kinshasa.Dans la région du Kasaï, l'ONU ne disposait d'aucune force jusqu'au déploiement récent d'une centaine de Casques bleus à Kananga et dans ses environs.La rébellion Kamwina Nsapu a été accusée par l'ONU de recruter des enfants et d'avoir commis de nombreuses atrocités. En face, les forces de l'ordre se voient régulièrement reprocher par l'ONU de faire un usage disproportionné de la force contre des miliciens armés essentiellement de bâtons et de lance-pierres.Ces violences ont fait au moins 400 morts depuis septembre 2016.AFP/VNA/CVN