La protection des zones humides, une nécessité

Les zones humides contribuent à l'équilibre écologique et sont vitales pour la vie humaine. Les protéger s’impose. Précisions de Hoàng Thi Thanh Nhàn, directrice adjointe de l’Agence pour la biodiversité du ministère des Ressources naturelles et de l’Environnement.

>>Déclin et protection

>>Zones humides : des barrages contre le Pacifique

Pourquoi les zones humides sont-elles vitales pour la vie humaine et la biodiversité ?

Les zones humides sont extrêmement importantes pour la vie de notre planète. Elles figurent parmi les écosystèmes les plus riches et les plus diversifiés de notre planète et abritent une très grande variété d’espèces animales et végétales. Elles jouent un rôle de premier plan et procurent de nombreux services écosystémiques importants pour le développement prospère de chaque pays, notamment pour des secteurs économiques comme l’aquaculture, l’agriculture, le tourisme...

Ne serait-ce que le riz, planté dans ces zones. Il est l’aliment de base pour environ 3 milliards de personnes et représente environ 20% des ressources nutritives mondiales. Aujourd’hui, plus d’un milliard de personnes dans le monde en dépendent. Environ 40% des espèces vivent et se reproduisent dans ces régions qui renferment leur alimentation, leur lieu de reproduction et leur refuge. Couvrant à peine 6% des terres émergées, elles piègeraient jusqu’à 30% du carbone contenu dans les sols.

Malgré leur importance, les milieux humides dans le monde subissent une grave détérioration. Les scientifiques montrent que depuis 1900, 64% des superficies totales de ces terrains ont disparu. Et si l’on remonte plus loin, depuis 1700, l’humanité en a perdu 87%. Selon le Fonds mondial pour la nature, ce déclin a entraîné notamment une baisse du nombre d’espèces et de plantes aquatiques de 76% entre 1970 et 2010.

Pourriez-vous analyser plus clairement la valeur des zones humides que possède actuellement le Vietnam ?

D’après les statistiques, les zones humides, estimées à environ 12 millions d’hectares au Vietnam, ont fourni de la nourriture et des fruits de mer pour les besoins domestiques et les exportations d’une valeur estimée à plus de 10 milliards d’USD en 2017. Environ 20 millions de Viet-namiens ont un revenu principal ou partiel lié à l’exploitation des ressources aquatiques estimées à plus de 300 espèces de produits de mer et plus de 50 espèces aquatiques d’eau douce à valeur économique.

Ces dernières années, les zones humides ont été fortement exploitées au service du déve-loppement touristique, par exemple l’île de Cat Bà, Côn Dao, Phong Nha - Ke Bàng, Cân Gio, Ba Bê, Tràm Chim. Ce sont des sites qui attirent beaucoup de touristes nationaux et étrangers. Les zones humides du pays ont également des valeurs culturelles, sociales et historiques. Elles sont le berceau de la civilisation de la riziculture inondée associée à la vie culturelle, spirituelle et coutumière des Vietnamiens.

En outre, les milieux humides sont importantes dans la recherche scientifique et l’éducation afin d’aider l’homme à mieux comprendre le fonctionnement des systèmes naturels, contribuant à la protection, l’amélioration et la conservation de l’environnement et l’utilisation rationnelle des ressources naturelles au service du développement durable. Par conséquent, la conservation et le développement durable de ces zones sont l’un des objectifs prioritaires des politiques de notre Parti et de notre État.

Le Parc national de Tràm Chim, à Dông Thap (Sud), a été reconnu, en 2012, 4e zone humide du Vietnam par la Convention de Ramsar et 2.000e dans le monde.
Photo : VNA/CVN

L’exploitation des zones humides n’est actuellement pas durable et risque de leur nuire. Qu’en pensez-vous ?

Les zones humides sont de plus en plus affectées par le développement économique humain et les effets du changement climatique. Leur superficie a diminué avec par exemple, la construction des digues, l’empiètement de la mer ou le nivellement des étangs et des lacs pour l’aménagement de zones industrielles et urbaines ou d’infrastructures touristiques.

La pollution de l’environnement provenant des zones industrielles, l’utilisation excessive d’engrais et de produits chimiques font perdre leur vitalité à de nombreuses rivières et dégradent les zones côtières. Par exemple, la pollution de déchets de la zone industrielle de Formosa Hà Tinh a causé de lourds dommages à l’écosystème des régions côtières du Centre. La surexploitation des produits aquatiques dans les zones humides menace leur biodiversité. De nombreuses espèces aquatiques de grande valeur économique sont sérieusement réduites en nombre, comme la langouste, l’ormeau, le pétoncle, etc.

Les techniques de pêche destructives telles que l’utilisation d’explosifs ou de chocs électriques et constituent une menace pour les écosystèmes naturels abritant une riche biodiversité et sont pratiqués dans les rivières, les ruisseaux des zones montagneuses, les lagunes et les récifs coralliens des eaux côtières du Vietnam.

Alors, à votre avis, quelle est la solution pour conserver et utiliser durablement les zones humides ?

Le 29 juillet 2019, le gouverne-ment a publié l’arrêté N°66 sur la conservation et l’utilisation durable des zones humides. Le ministère des Ressources naturelles et de l’Environnement est en train de finaliser un plan d’action national pour la conservation et l’utilisation durable des zones humides pour la période 2020-2030 afin de le soumettre au gouvernement. À mon avis, les solutions de base pour protéger ces zones sont, entre autres, de renforcer la gestion étatique. L’arrêté N°66 doit être mis en œuvre de manière stricte. La protection des zones humides doit s’intégrer au contenu du Schéma directeur national sur la biodiversité.

Parallèlement à cela, il faut accélérer l’application des progrès techniques, la recherche scientifique et le transfert de technologie au service de la conservation des milieux humides, et identifier les sites, les regrouper pour une meilleure gestion, surveiller leur état et leur biodiversité, etc.


12 millions d’hectares
Les zones humides du Vietnam couvrent une superficie d’environ 12 millions d’hectares. Selon la classification du ministère vietnamien des Ressources naturelles et de l’Environnement, le Vietnam compte 26 types de zones humides, dont des sites côtiers et marins et des zones humides artificielles. Leur biodiversité est très riche : 1.028 espèces de poissons, 848 d’oiseaux, 800 d’invertébrés dans les écosystèmes d’eau douce et plus de 11.000 espèces dans les écosystèmes d’eaux marins.

Linh Thao - Tông Minh/CVN

Rédactrice en chef : Nguyễn Hồng Nga

Adresse : 79, rue Ly Thuong Kiêt, Hanoï, Vietnam

Permis de publication : 25/GP-BTTTT

Tél : (+84) 24 38 25 20 96

E-mail : courrier@vnanet.vn, courrier.cvn@gmail.com

back to top