La peur du coronavirus ne ralentit pas le flux de migrants à travers le désert

Coronavirus ou non, des milliers d'Africains continuent de tenter la périlleuse traversée du désert via le Nord du Niger et la Libye dans le but d'atteindre les côtes méditerranéennes puis l'Europe.

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Un groupe de migrants dans le désert du Nord du Niger, le 22 janvier 2019
Photo : AFP/VNA/CVN

"Gambiens, Sénégalais, Maliens... Ils sont toujours déterminés à y aller. Un migrant m'a confié : +je préfère mourir de coronavirus que de vivre la misère+", témoigne Alassane Mamane un fonctionnaire retraité, vivant à Agadez, carrefour du désert et point de départ de nombreux migrants vers la Libye.

Passer à travers les mailles du filet est de plus en plus compliqué. En plus du plan anti-migrants en place depuis 2015 avec des patrouilles renforcées, les forces de sécurité ont "encore intensifié la surveillance pour faire respecter la mesure de fermeture des frontières dans la lutte contre le coronavirus", relève un élu local.

L'ex-passeur Idrissa Salifou : "Avant on pouvait passer +un peu un peu+, mais à cause des mesures anti-coronavirus (fermeture des frontières), la route est carrément bloquée. Les militaires ratissent le long de la frontière de jour comme de nuit. De l'autre côté également, les Libyens sont devenus très vigilants", souligne-t-il.

Le Niger, pays sahélien parmi les plus pauvres du monde, n'a officiellement enregistré que 781 cas de coronavirus pour 42 décès.

Flot pas tari

Le Niger a déjà décrété l'état d'urgence, fermé les frontières et isolé la capitale du reste du pays.

La Libye qui était devenue un enfer pour les migrants depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, n'est pas non plus épargnée par le virus.

Dans le centre d'Agadez

Pourtant, "des gens (migrants) partent à Dirkou et à Madama à la frontière libyenne (pour espérer entrer en Libye) mais des dispositions ont été prises" pour les en empêcher, note Bourkari Mamane, le maire d'Agadez, la grande ville du Nord du Niger.

Toutefois, le flot est loin d'être tari. Les migrants "tentent en pagaille d'entrer en Libye. Ils parviennent à contourner les barrières (de sécurité). Les malchanceux se font prendre par les patrouilles militaires", explique Boubakar Jérôme, le maire de Dirkou, une ville proche de la Libye.

En moins de deux mois, plus de 300 migrants ont été interceptés par l'Armée nigérienne à la frontière libyenne. Cette semaine, 33 clandestins ont encore été pris dans le même secteur, compte le maire.

"Ils s'en foutent du coronavirus. À Agadez, certains +ghettos+ (cours intérieures où sont hébergés les migrants) ont rouvert et les migrants guettent la moindre occasion pour foncer dans le désert", atteste Bachir Amma, le président de l'Association des ex-passeurs de migrants.

Idrissa Salifou, l'ex-passeur raconte : "récemment, une soixantaine de véhicules transportant des migrants ont réussi à entrer en Libye, mais ils ont vite été cueillis par les gardes frontières libyens qui les ont conduits vers une de leurs villes".

Au Niger, les migrants secourus ou interceptés dans le désert sont placés en quarantaine durant 14 jours sur des sites temporaires dans le Nord où l'Office international pour les migrations (OIM) a accueilli quelque 1.600 migrants "bloqués dans le désert" depuis la fermeture des frontières fin mars.

Un total de 764 migrants dont 391 du Niger, 140 du Mali et 101 de Guinée, avaient été mis en quarantaine à Assamaka, à la frontière avec l'Algérie.


AFP/VNA/CVN

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