France
Du tutu au masque : "l’effort de guerre" des couturiers d’opéra

Ce sont de petites mains habituées à confectionner tutus, corsets et mantelets. Mais en temps de coronavirus, couturiers et couturières des maisons d’opéra de France, de Bordeaux à Marseille en passant par Paris, se reconvertissent en fabricants de masques de protection.

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Des masques médicaux exposés devant une boutique à Berlin.
Photo : AFP/VNA/CVN

Depuis début avril, la directrice des costumes à l’Opéra de Paris, Christine Neumeister, fait des tournées un peu particulières : elle va récupérer des masques "faits maison" par 30 artisans de l’Opéra confinés chez eux.

La première semaine, elle en a distribué un millier à la section des soins à domicile de la Croix-Rouge de Clichy ainsi qu’à une maternité du groupe hospitalier Diaconesses Croix Saint-Simon à Paris. La semaine suivante, elle a livré la même quantité à l’Armée du salut.

"C’est valorisant"

"On a la matière et le savoir-faire", affirme Mme Neumeister, qui transporte à bord de sa voiture les masques dans des "sacs à tutus” tagués "Opéra de Paris". "C’est valorisant. Notre travail, qui est le métier d’art dans toute sa splendeur, peut aussi servir en moment de crise".

Le port d’un masque "grand public", qui a fait débat depuis le début de l’épidémie, sera probablement rendu "obligatoire" avec le déconfinement.

Dans de nombreuses maisons d’opéra, la production n’a vraiment commencé que lorsque l’Association de normalisation (Afnor) a mis en ligne fin mars un mode d’emploi : tissage serré, nombre de fils très précis au mètre carré, etc.

Dans un atelier de couture de l’Opéra de Marseille.
Photo : AFP/VNA/CVN

Mme Neumeister dit avoir "opté pour le masque à trois plis qui ressemble au modèle chirurgical et qui permet une meilleure respiration que celui en forme de bec de canard".

"C’est fait à partir de tissu fin, la popeline, avec du molleton au milieu (tissu de coton moelleux) ; il faut que ça soit lavable à 60 degrés", assure la directrice de l’atelier qui a envoyé aux couturières "un petit tuto avec photos" en plus du kit de la matière à utiliser. La confection d’un masque "en mode maison" peut prendre jusqu’à 20 minutes. "Ce n’est pas un débit énorme car ce n’est pas comme travailler à l’atelier", d’après la directrice.

Cette Franco-Allemande se réjouit de cette mise en valeur de l’artisanat. "Ma grand-mère allemande disait que pendant la guerre, les gens qui savaient faire quelque chose de leurs mains, c’étaient les héros, les rois et les reines".

Isabelle Daumas, couturière à l’Opéra de Toulouse est "ravie de prendre part à une action concrète". Depuis le 27 avril, elle et une vingtaine de ses collègues devaient aller se lancer dans la production respectant les recommandations de l’Afnor.

"On a bien compris qu’on va pas reprendre tout de suite. Ça nous a fait un pincement de cœur de ne plus être dans cette énergie de spectacle, mais au bout d’un mois de confinement, on a envie de faire quelque chose avec nos compétences, affirme la couturière. Ça donne une forme de reconnaissance".

Mme Daumas ne se contente pas de faire des masques : à l’instar de plusieurs membres du personnel et artistes du Capitole de Toulouse, elle désinfecte chaque matin des centres destinés à accueillir les patients potentiellement touchés par le COVID-19.

"Métiers de l’ombre"

À l’Opéra de Marseille, qui est un service de la ville, on est allé plus loin en demandant l’homologation par la Direction générale de l’armement des masques destinés à la maison et au personnel municipal.

Autre particularité : "cinq à six personnes maximum travaillent chaque jour depuis l’atelier, en respectant les gestes barrières", explique Aude Eisinger, directrice du secrétariat général à la ville de Marseille qui a lancé le projet.

"C’est une immense gratification de participer à cet effort de guerre car ce sont généralement des métiers de l’ombre", dit-elle, précisant que d’autres ateliers des régies municipales sont sollicités, pour un total d’un millier de masques par semaine. "Pour le moment, on puise dans le stock de l’Opéra car l’approvisionnement en tissu est compliqué".

Une situation que connaît également l’Opéra de Bordeaux. "Nos fournisseurs habituels en tissu sont tous quasiment en rupture de stock", indique Yves Jouen, directeur technique et de la production.

Un petit groupe se déplace à l’atelier pour le prédécoupage des masques avant de les déposer chez les personnes qui vont les coudre. "Il y a même des musiciens de l’orchestre amateurs de couture qui ont mis la main à la pâte", précise M. Jouen.


AFP/VNA/CVN

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