Coronavirus
La pauvreté pourrait doubler en Cisjordanie occupée, prévient la Banque mondiale

Le nombre de familles pauvres pourrait doubler cette année en Cisjordanie occupée en raison de la pandémie de COVID-19, qui menace les finances publiques et l'emploi dans les Territoires palestiniens, a alerté lundi 1er juin la Banque mondiale.

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Un vendeur de légumes palestinien portant un masque, le 10 mai dans le centre de Hébron, en Cisjordanie occupée.

Jusqu'à présent, les territoires en Cisjordanie occupée a été relativement épargnée par la pandémie de COVID-19 avec un total de 447 cas et trois morts recensés parmi les quelque cinq millions d'habitants de la Cisjordanie et de la bande de Gaza.

Mais la crise a plombé, comme en nombre d'endroits, l'activité économique au moment où les autorités locales sont sous pression pour accroître à la fois les mesures sanitaires et de relance économique.

"Avant même la pandémie de COVID-19, environ le quart des Palestiniens vivait sous le seuil de pauvreté, soit 53% à Gaza et 14% en Cisjordanie. Selon des estimations préliminaires, le nombre de foyers pauvres devrait passer à 30% en Cisjordanie et 64% à Gaza", note la Banque mondiale dans son rapport publié lundi 1er juin.

L'impact devrait être plus important en Cisjordanie car des dizaines de milliers de Palestiniens qui y vivent travaillent en Israël, où les salaires sont plus élevés mais qui est aussi touché par la crise. En raison de la pandémie, le nombre de ces travailleurs a chuté, ce qui contribue à une "réduction significative" de leur apport financier.

"De plus en plus difficile"

Après des semaines d'interdiction d'entrer en Israël, des milliers de travailleurs de Cisjordanie ont été autorisés début mai à y revenir dans le cadre d'une politique de redémarrage progressif de l'économie. Selon un accord entre Israël et l'Autorité palestinienne, 40.000 des quelque 100.000 travailleurs ont pu y retourner. Et, dimanche 31 mai, ce nombre est passé à un peu plus de 60.000, selon les autorités israéliennes.

Mais, "à ce stade, il n'est pas possible de savoir combien de temps cela prendra à l'économie pour se remettre des mesures de confinement", souligne la Banque mondiale qui table sur une contraction du PIB dans les Territoires palestiniens oscillant entre 7,6% et 11,2% cette année. Cette situation pèsera aussi sur le budget palestinien avec un manque à gagner de 1,5 milliard de dollars (environ 1,3 milliard d'euros) prévu cette année, soit près du double par rapport à l'an dernier.

Des volontaires remplissent des cartons de nourriture devant être distribués à des familles palestiniennes dans le besoin, le 19 avril à Naplouse, en Cisjordanie occupée.

La situation devrait devenir "de plus en plus difficile" pour l'Autorité palestinienne, qui verra ses revenus diminuer mais ses dépenses en santé augmenter, note encore la Banque mondiale. L'organisation plaide notamment en faveur de mesures pour relancer la filiale de la téléphonie mobile dans les Territoires palestiniens, alors que la 3G prévaut toujours en Cisjordanie, et la 2G à Gaza.

Annexion ?

Dans un rapport publié dimanche 31 mai, l'ONU appelle de son côté à "des mesures plus audacieuses (...) pour éviter un effondrement économique". L'organisation a salué le prêt israélien de 800 millions de shekels (environ 210 millions d'euros) à l'Autorité palestinienne qui "constituera une bouée de sauvetage" et doit être accordé en plusieurs tranches à partir de juin pour compenser la perte de revenus provoquée par la crise sanitaire.

Mais l'ONU a aussi alerté sur les conséquences désastreuses du projet israélien d'annexion de pans de la Cisjordanie, territoire palestinien que l'État hébreu occupe depuis 1967. Le gouvernement israélien doit se prononcer à partir du 1er juillet sur la mise en œuvre du plan américain pour le Proche-Orient, qui comprend l'annexion par Israël de la vallée du Jourdain et des colonies juives en Cisjordanie, et qui est salué par Israël mais fustigé par les Palestiniens.

Outre le fait de "violer le droit international", cette annexion pourrait "sérieusement compliquer l'aide au développement que fournissent l'ONU et d'autres organisations aux Palestiniens", selon les Nations unies. Le ministre palestinien des Affaires étrangères Riyad al-Maliki a estimé lundi 1er juin que l'annexion était "une déclaration de guerre" contre les aspirations des Palestiniens, lors d'une conférence par visioconférence avec des journalistes aux Nations unies à Genève.

Des observateurs israéliens avaient douté ces dernières semaines de la mise en application du projet d'annexion, affirmant que l'armée n'avait pas été sollicitée pour préparer un plan d'urgence. Lundi 1er juin, le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, a appelé l'armée "à accélérer les préparatifs en vue de mesures politiques prévues sur le plan palestinien", selon un communiqué de son bureau.

"Si la tendance actuelle persiste, les accomplissements du gouvernement palestinien au cours des dernières 25 années s'estomperont, la situation sécuritaire (...) empirera, ce qui aboutira inévitablement à des politiques plus radicales des deux côtés", ont alerté les Nations unies. Le Premier ministre palestinien Mohammed Shtayyeh doit présenter mardi 2 juin un rapport sur la situation économique et financière dans les territoires palestiniens, lors d'une réunion par visioconférence avec une quarantaine de donateurs internationaux, d'après l'Agence palestinienne Wafa.


AFP/VNA/CVN

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