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Gabriel Gordon derrière la porte de son restaurant qu'il doit fermer définitivement en raison de la pandémie, le 28 juillet 2020 à Seal Beach, en Californie. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Ce restaurant a marqué le point de départ de tout pour nous", se désole Gabriel Gordon, 43 ans, qui se consacre désormais à sauver un autre restaurant et trois brasseries qu'il possède.
"C'est lui qui nous a permis d'avoir une belle vie, ça fend le cœur de le voir fermer", lâche le restaurateur, en écho aux milliers de ses collègues qui ont subi le même sort.
D'après les chiffres de l'Association nationale de la restauration, le secteur - deuxième employeur privé aux États-Unis - est parmi les plus touchés par la pandémie, avec des pertes estimées à 240 milliards d'USD d'ici la fin de l'année.
"Nous étions la première industrie à fermer et nous serons les derniers à nous en remettre", affirme à l'AFP Sean Kennedy, vice-président chargé des relations publiques de l'Association.
"Nous ne retrouverons pas nos marques tant que les compagnies aériennes ne seront pas rétablies, que les hôtels ne sont pas remis et que le tourisme n'aura pas repris", insiste-t-il.
Le Beachwood BBQ qui ferme définitivement, victime de la pandémie de coronavirus, le 28 juillet 2020 à Seal Beach, en Californie. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Selon le site spécialisé Yelp, à la date du 10 juillet, plus de 26.000 restaurants avaient fermé à travers le pays, dont 60% (15.770) de manière définitive.
L'impact a été particulièrement douloureux dans les grandes villes et les régions qui comptent sur le tourisme estival pour subsister le reste de l'année.
"Des villes comme Los Angeles dépendent du tourisme, des conventions, des vacanciers et des voyages de noces, c'est ça le moteur des restaurants", selon M. Kennedy.
"Couper le pied pour survivre"
Rien qu'en Californie, les statistiques font froid dans le dos. Avant la pandémie, la restauration employait 1,4 million de personnes. Au cours des quatre derniers mois, environ un million ont été licenciées ou mises au chômage technique.
"Nous prévoyons que 30% des restaurants californiens fermeront définitivement en raison de la pandémie", résume Sharokina Shams, responsable des relations publiques de l'Association des restaurants de Californie.
Selon elle, la crise économique actuelle est "bien, bien pire" que la récession de 2008 ou la période qui a suivi les attentats du 11 septembre 2001, "et difficile à comparer à quoi que ce soit de récent".
Le restaurant Maria's Italian Kitchen fermé en raison de la pandémie de coroanvirus, le 28 juillet 2020 à Santa Monica, en Californie. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
La fragilité des restaurants vient notamment du fait qu'ils dégagent de faibles marges, "entre 6% et 7% en moyenne, avec environ seize jours de trésorerie", explique M. Kennedy. "Et d'un seul coup, ils doivent trouver un moyen de payer le loyer, les charges, les marchandises... Pour un nombre croissant de restaurants, la réponse c'est de fermer pour toujours", même avec les aides gouvernementales, insiste-t-il.
Ce fut le cas pour Madelyn Alfano, 62 ans, propriétaire de Maria's Italian Kitchen, une chaîne de restaurants de la région de Los Angeles, qui a dû fermer deux établissements et se débat pour faire tourner les autres.
"C'est comme perdre un membre de la famille, car dans notre profession vous travaillez en contact étroit avec les gens", dit-elle à l'AFP. "Je compare ça à quelqu'un qui est malade et le docteur dit +on doit vous couper le pied pour que vous puissiez survivre+".
Selon la restauratrice, en l'espace d'une nuit, son chiffre d'affaires a chuté de 50% sous l'impact du COVID-19 et elle a bien dû s'adapter.
"Quand je dis aux gens ce que c'est que le bénéfice net d'un restaurant, ils me disent que je suis complètement folle de faire ça", raconte Mme Alfano.
Madelyn Alfano, propriétaire du restaurant Maria's Italian Kitchen, dans son établissement fermé en raison de la pandémie de coronavirus, le 28 juillet 2020 à Santa Monica, en Californie. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Pour Gabriel Gordon, la pandémie aura au moins eu un aspect positif : elle l'a forcé, comme de nombreux collègues, à prendre du recul sur le rythme effréné de sa vie professionnelle.
"Beaucoup d'entre nous sommes en train de nous dire que ce n'est pas la peine d'ouvrir six ou sept jours par semaine", explique-t-il. "Ca nous fait réfléchir à l'ensemble de notre modèle économique".