La NASA prête à lancer la sonde Juno vers Jupiter

La NASA s'apprête à lancer la sonde d'exploration spatiale Juno vers Jupiter, afin de tenter de mieux comprendre comment s'est formée cette énorme planète gazeuse et, par extension, "quelle est la recette de fabrication des planètes".

La sonde propulsée par énergie solaire, d'un coût de 1,1 milliard de dollars, doit entamer le 5 août une odyssée de cinq ans vers la plus massive des planètes du système solaire.

Juno est la traduction anglaise de Junon qui, dans la mythologie romaine, est à la fois la femme et la soeur de Jupiter.

Avec sa flamboyante tache rouge et une masse dépassant celle de l'ensemble des autres planètes, Jupiter intrigue les astronomes car elle pourrait bien être la première à s'être formée dans le système solaire.

"Lorsque le Soleil a été formé, elle a récupéré la grande majorité des restes", résume Scott Bolton, principal scientifique du programme Juno et membre du Southwest Research Institute à San Antonio (Texas, Sud des États-Unis). "C'est pourquoi elle est très intéressante pour nous : si nous voulons remonter dans le temps et comprendre d'où nous venons et comment les planètes se sont formées, c'est Jupiter qui en détient le secret", souligne-t-il. "Et donc, nous voulons connaître la liste des ingrédients. Ce que nous cherchons vraiment à faire, c'est découvrir la recette de fabrication des planètes", résume ce chercheur.

En 1989, la NASA avait lancé la sonde Galileo, qui était entrée en orbite autour de Jupiter en 1995 et s'était désintégrée en plongeant dans la planète en 2003. D'autres engins spatiaux de la NASA, comme Voyager 1 et 2, Ulysses et New Horizons ont aussi approché la cinquième planète en partant du Soleil. Mais cette fois-ci, "nous allons aller plus près de Jupiter qu'aucun autre vaisseau spatial", a souligné Scott Bolton cette semaine devant la presse. "Nous serons seulement à 5.000 km au-dessus de la crête des nuages". "Et nous plongerons également sous les ceintures de radiations (de Jupiter), ce qui est très important pour nous car elles constituent la région la plus dangereuse du système solaire, sauf si l'on voulait aller droit vers le Soleil lui-même", s'est-il réjoui.

Le voyage vers Jupiter ne se fera pas en ligne droite, a expliqué Jan Chodas, directrice du projet Juno au Jet Propulsion Laboratory de la NASA à Pasadena (Californie). "Nous la lançons de la Terre en août, nous contournons l'orbite de Mars, nous faisons deux grandes manoeuvres dans l'espace pour la mise à feu des moteurs", a-t-elle énuméré. Ensuite, Juno reviendra frôler la Terre en octobre 2013 avant de cingler vers Jupiter. Arrivée prévue : juillet 2016.

Juno utilisera une série d'instruments, dont certains fournis par l'Italie, la France et la Belgique dans le cadre d'un partenariat avec l'Agence spatiale européenne, pour étudier le fonctionnement de la planète et sonder ses entrailles.

Deux expériences clés consisteront à tenter d'évaluer la quantité d'eau que contient la planète et de déterminer si "elle a un noyau d'éléments lourds en son centre, ou si elle n'est composée que de gaz", a expliqué Scott Bolton.

Les scientifiques cherchent aussi à en savoir plus sur les champs magnétiques de Jupiter et sur sa tache rouge, lieu d'une tempête qui fait rage depuis plus de 300 ans.

Juno s'inscrit dans une série de missions d'étude du système solaire, a souligné Jim Green, directeur de la division de la NASA consacrée à l'étude des planètes : la mission Grail doit être lancée vers la Lune en septembre, et le Mars Science Laboratory devrait démarrer en novembre. "Ces missions sont conçues pour répondre à certaines des questions les plus complexes entourant la science des planètes : tout ce qui concerne nos origines et l'évolution du système solaire", a-t-il souligné.

AFP/VNA/CVN

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