Le Village de la paix Thanh Xuân, un oasis de douceur

Fondé en 1991, le Village de la paix Thanh Xuân, à Hanoï, a délivré des soins à des milliers de jeunes handicapés, victimes de l’agent orange/dioxine et d’autres pathologies. Sa naissance a contribué à apporter un soulagement à ces vies brisées.

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Thuy Hang enseigne le tissage Saori aux jeunes handicapés.

Situé à une dizaine de kilomètres au sud du centre-ville, le Village de la paix Thanh Xuân, dépendant actuellement de l’Hôpital de réhabilitation fonctionnelle de Hanoï, est caché sous les arbres fruitiers. L’atmosphère y est calme, comme l’indique son nom.

Dans le cours dit "préscolaire", situé au 2e étage d’un immeuble, une dizaine de jeunes de différents âges s’essaient à l’écriture ou au coloriage, d’autres s’amusent avec des jouets. Duong Hai, 27 ans, atteint de troubles mentaux causés par l’agent orange, vit une situation vraiment malheureuse. Sa mère et son grand frère sont morts dans un accident. Son père, en mauvaise santé, est chauffeur de moto-taxi.

Des progrès jour après jour

"Depuis son arrivée au village il y a quelques mois, Duong Hai a réalisé de gros progrès. Il peut désormais se brosser les dents, se laver le visage seul ou faire des exercices physiques. Notamment, il peut suivre avec un crayon la ligne des lettres", partage Ta Nguyên Nhung, une aide-soignante du village.

À côté de Hai, Nguyên Tât Thanh, 18 ans, touché aussi par un retard mental, est en train de demander aux membres de la classe de se taire avec sa voix déformée… "Je suis heureux de vivre dans le village. Ici, je peux apprendre le vietnamien et les mathématiques. La belle Hang m’enseigne aussi la broderie. Dans la classe, je suis chargé de garder mes amis", dit-il avec un sourire.

"Thanh a beaucoup changé depuis qu’il est entré au village. Au début, il était très timide, mais maintenant il est bavard bien qu’il ne puisse prononcer clairement. Il nous aide aussi à surveiller les autres membres de la classe", confie Mme Nhung.

Au cours d’apprentissage, une dizaine de jeunes atteints de différents types de handicap, dont quelques victimes de l’agent orange, sont en train de tisser. "Après seulement deux semaines, je sais tisser de petits articles et je peux maintenant enseigner aux autres", se vante Nam Anh, 20 ans. Avant d’ajouter: "Je préfère apprendre le tissage. Mme Hang est dévouée. Je l’aime bien". Lui aussi est une victime de l’agent orange déversé par l’armée américaine pendant la guerre au Vietnam.

L’enseignante Thuy Hang, responsable de ce cours, informe qu’il s’agit du tissage traditionnel Saori, une technique japonaise qui marie couleurs, textures et improvisation pour un effet étonnant. Il est une forme d’art où chacun peut s’exprimer librement sans contrainte tech-nique et sans distinction d’âge, d’aptitude… C’est une thérapie efficace utilisée pour traiter les enfants handicapés, appliquée au Village de la paix Thanh Xuân depuis 2010, avec le soutien de l’Association japonaise Saori Hiroba-Osaka.

Des efforts qui portent leurs fruits

Selon la femme-médecin Nguyên Thi Quynh Hoa, cheffe adjointe du village, 150 jeunes handicapés sont soignés et suivent six cours adaptés, dont quatre dits "éducation spéciale", un "préscolaire" et un "apprentissage".  Les employés du village, qui sont médecins, aides-soignantes ou enseignantes, travaillent par équipe 24 heures sur 24. Elles s’occupent de l’hygiène des pensionnaires, de leurs repas, de leur bien-être, et veillent à la propreté des lieux.

Le jeune Duong Hai s’entraîne à l’écriture.

Ta Nguyên Nhung travaille dans le village depuis une vingtaine d’années. "Les premiers jours, j’étais très inquiète. Je me sentais incapable de m’occuper de ces jeunes, tous atteints de troubles du comportement. Ils ne sont pas capables d’être indépendants. Parfois, ils dégradent ma moto ou se battent. Beaucoup sont des enfants de vétérans de guerre. Au fil des jours, je me suis mise à les considérer comme mes enfants et j’ai souhaité adoucir un peu leur douleur", raconte-t-elle.

Selon elle, les aides-soignantes doivent comprendre les habi-tudes et le caractère de chaque pensionnaire. Pour bien s’en occuper, il faut être patient et avoir du cœur. "Après avoir soigné mon père, atteint de troubles mentaux suite à un accident, j’ai réalisé régulièrement des activités philanthropiques dans des hôpitaux et des centres de protection sociale. Ensuite, j’ai suivi des études en éducation spécialisée à l’École normale supérieure de Hanoï avant de travailler au Village de la paix Thanh Xuân pendant six ans", se souvient l’enseignante Thuy Hang.

"Il est très difficile d’enseigner aux enfants handicapés. Il faut être souple et patient. Je dois toujours enrichir mes connaissances par la lecture ou des échanges avec mes collègues. Mais ces difficultés sont largement compensées par le bonheur de voir les jeunes faire des progrès et notamment tisser de jolis petits articles", ajoute Mme Thuy Hang.

Le Village de la paix Thanh Xuân a été fondé en 1991 avec le soutien du Village international de la paix à Oberhauzen, en Allemagne. Depuis sa création, il a délivré des soins à des milliers de jeunes handicapés, pour la plupart des enfants de vétérans de guerre contaminés par l’agent orange.

À ses débuts, c’était une organisation non gouvernementale financée par associations et  individus dans ou hors du pays. En 2001, le village a été placé sous la tutelle du Service de la santé de Hanoï. En 2011, le Comité populaire municipal a décidé de créer l’Hôpital de réhabilitation fonctionnelle de Hanoï, à partir de la réorganisation du Village de la paix Thanh Xuân. Cet hôpital, spécialisé dans la kinésithérapie et la réhabilitation fonctionnelle, dispose de 160 cadres, médecins et aides-soignantes.

Texte et photos: Dang Huê/CVN

 

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