La francophonie, son envergure et sa couverture

Avec 1,2 milliard d’habitants, la francophonie produit 16,5% de la richesse mondiale. On compte 300 millions de francophones et, en 2070, ils seront environ 747 millions qui, ensemble, diffuseront et feront rayonner la langue française.

Créée en 1970, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) donne corps à une solidarité active entre 88 États et gouvernements membres dont 27 observateurs. Elle est présente sur les cinq continents où la langue française s’imbrique dans une mosaïque de langues et de cultures. Solidarité, diversité, partage d’expériences, engagement et concertation sont les valeurs ajoutées qui guident son action.

Les 88 États et gouvernements dialoguent sur un pied d’égalité. Ils sont immenses ou de petite dimension territoriale. Quelques-uns sont reconnus comme de grandes puissances, d’autres figurent parmi les pays les moins avancés de la planète. Ils évoluent pratiquement dans tous les regroupements économiques régionaux et appartiennent aussi à bien des groupes linguistiques. "Bâtir un espace de solidarité fondé sur les principes d’humanisme, de démocratie et de respect de la diversité des cultures et des langues, tel est le but poursuivi par la Francophonie", a affirmé Chékou Oussouman, représentant régional pour l’Asie et le Pacifique de l’OIF.

La langue française dans le monde

L’Observatoire de la langue française de l’OIF recueille des données sur le terrain, les analyse et les restitue tous les quatre ans à travers le rapport "La langue française dans le monde". Il répond aussi aux questions suivantes : Qui parle français ? Qui apprend le français ? Quels sont les usages de la langue ? Quelle est sa place dans l’économie, le numérique et le média ?

L’analyse des données collectées pour 2018 a permis de dresser un état des lieux avec 300 millions de locuteurs, dont 235 millions qui l’utilisent quotidiennement, en progression de près de 10% depuis 2014. Le français est la langue officielle dans 32 États et gouvernements. Il est également la langue officielle des Jeux Olympiques dont toutes les annonces sont aussi affichées en français. Il est la 5e langue la plus parlée dans le monde après le chinois, l’anglais, l’espagnol et l’arabe ; la 2e langue la plus apprise au monde par plus de 50 millions de personnes. Étant la 4e langue de l’Internet après l’anglais, le chinois et l’espagnol, le français trouve sur la Toile une véritable caisse de résonnance. Il rayonne à travers les médias et le nombre de distributeurs de contenus francophones ne cesse de croître.

Chaque année, "Le Courrier du Vietnam" organise le concours d’écriture "Jeunes Reporters Francophones" pour valoriser et faire rayonner la langue française.
Photo : CVN

"La langue française est devenue le ferment d’actions multiples dans des domaines de plus en plus élargis : de la langue et la culture à la politique, l'éducation et la formation, en passant par l'économie, le développement durable... Un formidable parcours de solidarité", peut-on lire dans le message pour les 50 ans de la Francophonie, le 20 mars 2020, de Louise Mushikiwabo, secrétaire générale de l’OIF.

Quelque 59% des locuteurs francophones quotidiens se trouvent désormais sur le continent africain où l’espace francophone bénéficie d’une dynamique démographique. En Afrique, le français arrive toujours en 2e position et parfois avant les langues nationales. Les plus jeunes générations intensifient leur usage du français. Des formes variées issues de la langue française ou la combinant avec d’autres langues se développent. Elle est liée à la question de la qualité de l’éducation, l’une des clés de l’avenir de la francophonie qui rassemble 16% de la population mondiale. Entre 80% et 100% des francophones d’Afrique et du monde d’arabe souhaitent transmettre la langue française aux futures générations.

Le parcours francophone et les défis

La connaissance du français est un atout pour le recrutement dans des secteurs tels que les relations commerciales, les organisations internationales, l’hôtellerie ou le tourisme. Sa maîtrise ouvre l’accès à des projets de mobilité internationale, notamment pour poursuivre des études supérieures dans un des pays de ce grand espace francophone. Mais, d’après le Pr. Jean-Marc Lavest, directeur Asie-Pacifique de l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF), faire un parcours francophone est "faire le choix d’une route difficile, celle de l’exigence, celle qui demande un travail important, une rigueur supplémentaire, un esprit déductif et non répétitif, une vision critique, une capacité d’argumentation, une capacité d’analyse et un esprit de synthèse".

Un cours de français à l’École supérieure de commerce extérieur à Hanoï.
Photo : Mai Anh/CVN

"Il faut être convaincu que ce cheminement +intellectuel+ ne se fait pas pendant plusieurs années sans marquer profondément les esprits, les modes de pensées. Cette route complexe et souvent jonchée d’embuches. Elle est certes un peu élitiste et il faut l’assumer comme telle. Mais elle vous confère des qualités rares qui vous identifient nécessairement sur le marché du travail. L’écriture en français est difficile, rigoureuse, codifiée ; elle vous demande dix fois plus d’énergie que de parler en anglais car le sens du mot, sa place dans la phrase, ses compléments, le temps du verbe sont autant de précisions que vous mettez dans vos propos et qui donnent à votre idée tout son sens, sa précision et donc de fait son non ambiguïté !", précise-t-il.

"Mais la francophonie et le français, c’est aussi l’ouverture vers l’autre, une porte qui s’entrouvre ou s’ouvre complètement selon notre choix sur une production littéraire, artistique et culturelle", souligne Jean-Marc Lavest.

Opportunités pour les étudiants vietnamiens

"À l’heure actuelle, au Vietnam, dans le contexte d’une domination de l’anglais et de l’émergence d’autres langues comme le chinois, le japonais ou le coréen, le français fait face à une forte concurrence, ce qui fait que son enseignement et son apprentissage connaissent des obstacles dont une baisse du nombre d’élèves francophones dans l’enseignement secondaire, des difficultés dans l’insertion professionnelle par manque d’entreprises francophones sur le marché du travail… ", estime Dô Thu Giang, Docteur en didactique du français langue étrangère (FLE), enseignante de français de l’École supérieure de commerce extérieur à Hanoï.

Pourtant, selon elle, les opportunités demeureront si les étudiants vietnamiens savent profiter des avantages que donne la maîtrise du français. Par exemple, ses étudiants en licence d’économie sont assez nombreux à apprendre activement cette langue et à se préparer au diplôme du DELF ou du DALF, afin de poursuivre des études supérieures en France ou dans d’autres pays francophones.

L’OIF met en place un dispositif d'"apprentissage massif du français" adapté à différents publics.
Photo : Mai Anh/CVN

"Je crois que cela représente vraiment une belle piste pour nos étudiants francophones d’intégrer un monde universitaire et professionnel dynamique et de qualité des pays développés. Des étudiants anglophones ont également choisi d’apprendre le français pour faire des études en France en raison des coûts de scolarité bien moins élevés, des bourses d’études ou des subventions accordées par le gouvernement français, des possibilités de découvrir un pays ou une culture se trouvant au carrefour de l’Europe… Personnellement, j’aime le français qui me donne une vie et une carrière, et je fais de mon mieux pour l’enseigner et le faire aimer !", affirme Dô Thu Giang.

Pour que cette langue soit plus utilisée, mieux parlée et comprise à travers le monde, l’OIF met en place un dispositif "d’apprentissage massif du français" adapté à différents publics. Des actions de renforcement des capacités de travail en français, au service du développement et de la coopération internationale, sont menées pour accompagner les fonctionnaires et diplomates des pays membres et observateurs de l’OIF où le français n’est pas la langue officielle. À quoi s’ajoutent des formations sur des thématiques ciblées pour les personnels des organisations régionales africaines.

Parallèlement, l’OIF s’attelle à faciliter l’accès aux contenus en français, pour que les francophones maîtrisent mieux les enjeux internationaux d’aujourd’hui, et ce en favorisant la production et la diffusion de ressources en français, en particulier numériques.

Phuong Vân Anh/CVN

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