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La vice-présidente de la République, Dang Thi Ngoc Thinh (droite), remet le titre de "Héros du Travail dans la période de Renouveau" à la virologiste Huynh Thi Phuong Liên. |
Photo : Minh Quyêt/VNA/CVN |
La remise du titre de "Héros du Travail dans la période de Renouveau" à la Pr.-Dr. Huynh Thi Phuong Liên, experte principale de la Sarl de vaccins et produits biologiques N°1 (VABIOTECH, relevant du ministère de la Santé), a été organisée le 19 janvier à Hanoï. S’exprimant lors de la cérémonie, le ministre de la Santé, Nguyên Thanh Long, a affirmé que cette distinction "vise à reconnaître ses contributions incessantes et sa créativité dans la recherche scientifique pour produire des vaccins, contribuant au succès de la prévention des épidémies et à la protection de la santé des citoyens".
Cette distinction n’est que la dernière en date pour cette chercheuse émérite déjà récompensée du prix Kovalevskaïa en 1999, du Premier prix de l’innovation scientifique et technologique du Vietnam (VIFOTECH) en biotechnologie, de l’Ordre du Travail de 3e classe, de l’Ordre de la Résistance de 3e classe, sans compter d’autres prix remis par l’État, le gou-vernement et le ministère de la Santé.
Cinquante-quatre ans de travail en laboratoire
Au cours de ses 54 ans de carrière, de 1966 à 2020, Huynh Thi Phuong Liên a grandement contribué au développement de la recherche nationale, spécifiquement dans le domaine de la médecine préventive. Diplômée de l’Université de médecine de Hanoï en 1966, la jeune femme médecin fut recrutée par l’Institut national d’hygiène et d’épidémiologie pour se consacrer à la recherche et à la production de vaccins. Après quelques mois de travail, elle fut envoyée dans les bases militaires de la province de Quang Nam (Centre), alors que la guerre contre les Américains faisait rage. Elle avait pour mission de produire trois types de vaccins contre le choléra, la typhoïde et la variole au service de l’armée. Elle accomplit sa mission avec brio au bout de 75 jours.
Grâce à cette première réussite, elle fut sélectionnée parmi les cinq personnes envoyées en Allemagne dans le cadre d’un stage entre 1974 et 1975 pour parfaire sa formation scientifique. De retour au Vietnam, elle s’attaqua aux recherches sur plusieurs vaccins contre la dengue, la rougeole, la grippe et surtout l’encéphalite japonaise qui la fit connaître.
Repousser l’encéphalite japonaise
Huynh Thi Phuong Liên axa ses recherches sur la prévention de l’encéphalite japonaise. En 1989, alors que ce virus touchait un grand nombre de personnes au Vietnam, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) proposa de faire bénéficier le pays d’un transfert de technologie japonaise de fabrication de vaccin. Phuong Liên et une de ses consoeurs furent choisies pour un voyage d’étude au Japon.
Grâce aux observations réalisées sur place pendant un mois, Phuong Liên fut ensuite en mesure de produire un vaccin contre l’encéphalite japonaise de première génération. C’est en 1992 qu’il fut testé sur les enfants. Le taux de réponse du vaccin fut de 100%, équivalent au vaccin japonais. "Cette fabrication du Vietnam a surpris les experts internationaux. Un Professeur japonais a proposé d’envoyer ce vaccin produit par le Vietnam à son pays pour le tester. Le résultat fut confirmé : il répondait à toutes les normes du Japon", se rappelle la chercheuse émérite.
Ces tests conduisirent le gouvernement vietnamien à produire le vaccin en grande quantité et à l’intégrer au Programme national élargi de vaccination en 1997. Ce vaccin fut également le premier du pays à être exporté, avec plus de 5,4 millions de doses vendues à l’Inde. Grâce à son travail, le Vietnam repoussa l’encéphalite japonaise, réduisant le taux d’infection à 5-10%.
Bien qu’âgée de 81 ans, la Pr.-Dr. Huynh Thi Phuong Liên travaille encore à la Sarl de vaccins et produits biologiques N°1. |
Photo : Minh Quyêt/VNA/CVN |
En 2005, face aux quelques effets négatifs des vaccins de première génération de technologies japonaise annoncés par le Japon (ils causent l’encéphalomyélite aiguë disséminée - ADEM - chez l’enfant avec un risque de 1/1.000.000), l’OMS recommanda le remplacement des vaccins inactivés préparés sur tissu cérébral murin par des vaccins de nouvelle génération dont ceux inactivés préparés sur cellules vero.
Un nouveau challenge à 66 ans
En 2006, Huynh Thi Phuong Liên, qui venait de prendre sa retraite de l’Institut national d’hygiène et d’épidémiologie, décida de se lancer dans cette nouvelle recherche. Travaillant alors au sein du bureau de la VABIOTECH, et avec un budget restreint de 600 millions de dôngs, elle réussit avec ses collègues à produire la technologie, permettant au Vietnam de devenir le 4e pays au monde seulement à en disposer, après l’Autriche, le Japon et la Chine.
Avec les médecins de la VABIOTECH, la Pr.-Dr. Liên a produit divers vaccins contre le choléra, la typhoïde, la variole et l’encéphalite japonaise, mis en œuvre 12 projets de recherche scientifique de niveau national et conduit 112 travaux d’études publiés dans de prestigieuses revues scientifiques.
Aujourd’hui âgée de 81 ans, Mme Liên poursuit toujours son travail de recherche, sans jamais abandonner son cahier de note et son bureau rempli de documents. Peu de choses ont changé finalement en 54 ans, si ce n’est la loupe dont elle se sert aujourd’hui : "Je dois l’utiliser en cas de lecture de documents écrits en petits caractères".
Rendons un hommage légitime à cette grande dame qui a permis au Vietnam de franchir de grandes étapes dans le développement de sa médecine préventive.
Linh Thao/CVN