Créer de meilleurs débouchés

La connexion des acteurs du secteurs, la création d’une chaîne d’approvisionnement efficace ainsi que le développement de l’agroalimentaire et des services logistiques modernes constituent les mesures de soutien à l’écoulement des produits agricoles. Avis d’experts.

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Le Vietnam est connu pour son abondance en fruits et légumes.
Photo : Vu Sinh/VNA/CVN

Mieux connecter les acteurs du secteur
Nguyên Quôc Toan, directeur du Département de transformation et de développement du marché des produits agricoles

Pendant les semaines de février où le COVID-19 a ressurgi dans certaines villes et provinces du Nord, celle de Hai Duong a rencontré les plus grandes difficultés à écouler ses produits agricoles, notamment en raison du confinement mis en place, qui empêchait d’entrer et de sortir de la province. Face à cette situation, la population s’est montrée solidaire et des appels ont été lancés pour faciliter la vente des fruits et légumes provenant de Hai Duong. Grâce à cet élan de générosité, les agriculteurs de cette province ont pu écouler leurs stocks.

Mais cette réalité d’une production qui ne trouve pas d’acheteurs n’est pas le seul fait du COVID-19. En effet, dans de nombreuses localités, après les bonnes récoltes, l’offre dépasse souvent la demande et les prix baissent en conséquence. Je pense que les raisons principales de ce problème d’ajustement résident dans le manque d’une chaîne de production et d’approvisionnement bien connectée entre paysans et coopératives agricoles ou encore entre entreprises et distributeurs.

Dans les temps à venir, le ministère de l’Agriculture et du Développement rural travaillera avec les localités pour la mise en œuvre de l’arrêté gouvernemental N°98/2018 visant à encourager une coopération accrue entre ces acteurs afin de développer l’efficacité de la filière et offrir plus de débouchés aux petits producteurs. En particulier, les modèles de partenariat entre coopératives agricoles et distributeurs seront encouragés.

Développer l’agroalimentaire
Hoàng Trong Thuy, expert agricole

La transformation agroalimentaire a fait de nombreux progrès ces dernières années. Mais il faut toujours constater que nos produits agricoles transformés ne représentent actuellement que 12% du volume de production nationale. La plupart de nos fruits et légumes sont vendus sous forme brute et la quasi-totalité des usines de transformation ne sont pas situées dans les zones de production des matières premières (à l’exception du café et du poivre). De plus, l’un des problèmes de notre agriculture est que les localités, sauf celles situées dans le Sud, n’arrivent pas encore à former des coopératives agricoles d’envergure et à créer de vastes régions de production intégrées rassemblant tous les acteurs de la chaîne.

Une autre remarque, c’est que nous devons changer les méthodes de production et de commerce chez les paysans en les obligeant à suivre les bonnes pratiques. Par exemple, pour sélectionner leurs fournisseurs de produits agricoles, les centres commerciaux ou supermarchés doivent explicitement demander le respect de leurs standards sanitaires dans le processus de production. C'est un gage de qualité pour le consommateur.

Transformation de carottes pour l'exportation.
Photo : VNA/CVN

Élaborer des mesures d’action
Vu Vinh Phu, ancien président de l’Association des supermarchés de Hanoï

Les campagnes de "rescousse" des produits agricoles au Vietnam sont monnaie courante depuis de nombreuses années, sans que l’on puisse trouver de mesures pérennes. Raison principale : la production est en forte croissance, tandis que les lacunes liées au réseau de distribution, à la connexion entre les régions de cultures et aux coûts logistiques sont toujours causes de grandes difficultés. Actuellement, seul 10% du volume de la production peut entrer dans les supermarchés. Le fait que la province de Hai Duong (Nord) a dû appeler les aides communautaires pour l’écoulement de ses cultures maraîchères montre la nécessité de disposer d’un scénario dans les cas où les récoltes sont trop abondantes, et ce dans n’importe quelle localité.

De plus, nous devons revoir notre agroalimentaire qui reste encore limitée, en particulier la question de liaison entre les régions de matières premières. Ces dernières années, un certain nombre de grandes entreprises ont investi dans la transformation agroalimentaire mais leur nombre demeure modeste. Par exemple, l’an passé, 17 projets d’un capital de plus de 20.000 milliards de dôngs ont été recensés dans ce secteur, soit une hausse de quatre projets et d’environ 6.000 milliards par rapport à 2019. Nous devons continuer d’y attirer davantage d’investisseurs.

Se doter de services logistiques professionnels
Trân Thanh Hai, directeur adjoint du Département de l’import-export (ministère de l’Industrie et du Commerce)

Du 1er janvier au 15 février, les exportations de produits agricoles ont réalisé un assez bon résultat, avec un taux de croissance de 5%. Cependant, la production agricole dépend fortement de la saisonnalité, des conditions météorologiques et de facteurs de conservation. Par conséquent, pour mieux exporter les produits frais, une plus grande attention doit être portée aux conditions de transport et de conservation. Je pense qu’il est en effet nécessaire de mettre en place des politiques visant à encourager la création des chaînes logistiques agricoles spécifiques via le développement d’infrastructures frigorifiques pour les entrepôts, les conteneurs et les véhicules de transport, afin de soutenir à la fois la consommation domestique et l’exportation.

En conséquence, nous avons besoin de prestataires de services logistiques professionnels dans ce domaine pour être en mesure de relier les producteurs aux entreprises de transformation puis de ces entreprises jusqu’aux clients domestiques ou étrangers. Lorsque nous disposerons de telles infrastructures logistiques, nos produits agricoles arriveront plus rapidement aux consommateurs, à des coûts moins bas, tout en garantissant une qualité optimale.

Linh Thao/CVN

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