La fermeture de la Chine bouleverse entreprises et enseignants

Des milliers de cadres, d'enseignants et d'élèves bloqués à l'extérieur du pays : la fermeture quasi-totale de la Chine aux étrangers pour cause d'épidémie bouleverse le fonctionnement des entreprises et écoles internationales.

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Un étudiant prend un selfie devant l'Université Huazhong à Wuhan, le 11 juin 2020 en Chine.
Photo : AFP/VNA/CVN

La Chine, où le nouveau coronavirus a fait son apparition fin 2019, s'est insurgée début février lorsque les États-Unis ont fermé leurs portes aux voyageurs en provenance de ce pays. Mais fin mars, disant redouter un retour de la pandémie via des cas importés, Pékin fermait à son tour ses frontières aux voyageurs étrangers, y compris aux expatriés dûment porteurs d'un permis de séjour.

Or beaucoup d'entre eux avaient quitté le pays en pleine crise épidémique. Depuis, des centaines d'entreprises doivent se débrouiller sans certains de leurs principaux responsables et des milliers de familles sont séparées. La fermeture des frontières "m'a prise par surprise", raconte Jessie Lim, en carafe depuis janvier à Singapour.

Le chiffre d'affaires de son agence d'événementiel de Chengdu (Sud-Ouest) est tombé à... zéro au premier trimestre, au plus fort de la crise. Mais à présent que l'économie repart, Mme Lim est incapable d'en profiter, faute de pouvoir rencontrer des clients.

Fin de contrat ?

Une employée de l'aéroport de Shanghai-Pudong tient un QR code pour vérifier l'état de santé des voyageurs, le 11 juin 2020 en Chine.
Photo : AFP/VNA/CVN

Pékin a bien négocié avec quelques pays - Allemagne, Corée du Sud, Singapour - des procédures de retour pour les cadres dont la présence est jugée "indispensable" à leur entreprise. Mais le mécanisme est compliqué et nécessite une lettre d'invitation des autorités locales ainsi que de multiples tests de dépistage de la Covid-19. En cas de doute, la mise en quarantaine à l'arrivée en Chine est inévitable.

Certains entrepreneurs en sont réduits à devoir vendre leur affaire : c'est le cas des propriétaires d'un restaurant moyen-oriental de Pékin, forcés de rester en Israël. Pas moins de 90% de la centaine d'entreprises interrogées par la Chambre de commerce américaine en Chine ont fait état de perturbations provoquées par les restrictions aux déplacements. Car outre la suspension des visas, Pékin a réduit les liaisons aériennes internationales à la portion congrue: un seul vol par compagnie, par pays et par semaine.

Pour St. John Moore, président de la Chambre de commerce britannique en Chine, ces restrictions compromettent la place du pays dans l'économie asiatique.

Un tableau d'affichage des vols annulés à l'aéroport de Shanghai, le 26 mars 2020.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Un nombre croissant d'entreprises britanniques ont fait de la Chine leur siège régional, d'où leurs cadres peuvent rayonner sur tout le continent. Dans le contexte actuel, ce n'est plus possible", relève-t-il. Son collègue de la Chambre de commerce de l'UE, Jörg Wuttke, s'alarme de voir ces restrictions survenir en pleine période de recrutement.

"Ca risque de devenir très compliqué parce que beaucoup de familles sont séparées. Beaucoup de gens vont probablement interrompre leur contrat d'expatriation pour rentrer chez eux", prévoit-il. "Comment peut-on faire de la Chine une destination attirante s'il n'y a pas d'avions, si les conditions de quarantaine sont pénibles et s'il est difficile d'obtenir un visa ?", s'interroge M. Wuttke.

Quid des frais de scolarité ?

Contrôle sanitaire à l'entrée de l'Université de Wuhan le jour de la reprise des cours, le 8 juin 2020 en Chine.
Photo : AFP/VNA/CVN

Les écoles internationales doivent elles aussi compter avec une forte proportion d'enseignants coincés à l'étranger... ce qui complique par ricochet la vie des entreprises. "Si la Chine n'est pas un endroit où les familles expatriées avec enfants peuvent travailler, elle attirera moins de gens prêts à s'engager à long terme", avertit St. John Moore.

Certains parents réclament déjà le remboursement des frais de scolarité élevés versés pour leurs enfants, alors qu'il n'est pas exclu que le blocage des frontières puisse se prolonger au-delà de la rentrée prochaine. "La crise est arrivée juste au moment où l'on devait payer le deuxième trimestre", raconte Karim Vincent Berrada, parent d'élève du Lycée français de Pékin.

La fermeture des frontières pourrait menacer la stabilité financière des écoles internationales, qui ont investi massivement ces dernières années pour attirer la clientèle expatriée, mais aussi celle de Chinois fortunés. La Chine compte désormais plus de 70 écoles internationales, soit dix fois plus qu'en 2012. Elles ont dégagé un chiffre d'affaires de 800 millions d'euros pour l'année scolaire en cours, selon le cabinet ISC Research.

AFP/VNA/CVN

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