>>Quelque 15 milliards d'euros pour soutenir la filière aéronautique française
>>L'économie française devrait mettre au moins deux ans à se relever de la pandémie
Boutique de chaussures réouverte à Paris le 12 mai. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Il s'agit du troisième projet de loi de finances rectificative (PLFR) élaboré depuis le début de la crise, du jamais vu.
"La gravité de cette récession appelle une réponse massive, et c'est cette réponse massive, immédiate et efficace que nous avons apportée", a affirmé le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire à l'issue du Conseil des ministres.
"L'ensemble des sommes qui sont consacrées à cette réponse à la crise économique représentent, avec ce PLFR 3, 460 milliards d'euros, c'est 20% de la richesse nationale française", a-t-il ajouté.
Ce projet de budget se concentre essentiellement sur les plans de soutien aux secteurs les plus menacés. Il inclut les 18 milliards d'euros du plan au secteur du tourisme, l'un des plus affectés par le confinement, les 8 milliards d'euros du plan pour l'automobile, les 600 millions pour la French Tech, ou encore les 15 milliards d'euros de soutien au secteur de l'aéronautique et les aides au secteur du livre. S'y ajouteront des mesures en faveur du petit commerce et du bâtiment.
Pour ce dernier secteur, le gouvernement envisage notamment de compenser les surcoûts engendrés par les mesures sanitaires sur les chantiers.
"Nous attendons toujours un plan de soutien significatif de la part du gouvernement", a regretté Jacques Chanut, président de la Fédération française du bâtiment (FFB).
Alors que se profilent "une vague de faillites" et la suppression de "800.000 emplois", selon Bruno Le Maire, le gouvernement va renforcer d'environ cinq milliards d'euros le dispositif de chômage partiel et débloquer un milliard pour élargir les aides aux entreprises qui embauchent un apprenti.
Avec la reprise de l'activité qui se profile, le patron du Medef Geoffroy Roux de Bézieux a appelé à accélérer le déconfinement et à "réviser les protocoles sanitaires s'appliquant en entreprise".
Première ouverture en ce sens : Matignon a annoncé mardi soir 9 juin son souhait de mettre fin le 10 juillet à l'état d'urgence sanitaire.
Même si à Bercy on défend une politique de soutien à "l'offre", le budget intégrera aussi des aides exceptionnelles directes pour les 800.000 jeunes précaires de moins de 25 ans et les ménages les plus modestes.
Enfin, il entérine un soutien de 4,5 milliards d'euros de l'État pour les collectivités, au moment où leurs recettes fondent avec la crise.
Au total toutefois, les dépenses budgétaires directes supplémentaires ne représenteront que 13 milliards d'euros, le reste étant des mesures de trésorerie (reports de charges, prêts garantis, etc.)
Mais ce troisième projet de budget rectificatif ne fait pas l'unanimité.
Pour le président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, Eric Woerth (LR), il contient des mesures "trop parcellaires" et manque d'une "vision d'ensemble" du soutien à la reprise.
La fédération d'associations Réseau Action Climat (RAC) a elle regretté que le gouvernement "finance des activités économiques à l'origine de la crise climatique sans contreparties écologiques et sociales fortes et contraignantes".
Et certains secteurs s'estiment oubliés, comme l'agriculture ou les transports publics.
Récession, déficit et dette records
Outre ces plans d'aides, le gouvernement est contraint d'aggraver encore ses prévisions économiques pour cette année. Il table désormais sur une récession de -11%, contre une baisse de 8% du PIB il y a seulement quelques semaines.
Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire (droite) et la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne, lors de la présentation du plan de soutien à la filière aéronautique, le 9 juin à Paris. |
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Les difficultés du secteur du tourisme devraient à elles seules amputer le PIB de quasiment un point cette année.
Conséquence : avec des recettes fiscales qui vont fondre de 27 milliards de plus par rapport à l'estimation déjà en baisse du précédent budget rectifié, le déficit devrait encore s'aggraver à 11,4% du PIB et la dette publique gonfler à 120,9% du PIB, estime le gouvernement.
"En seulement trois mois, les modifications apportées à la trajectoire macroéconomique et de finances publiques sont massives et elles sont évidemment inédites", a commenté le nouveau président de la Cour des comptes et du Haut conseil des finances publiques (HCFP), Pierre Moscovici.