La fabrication de la soie ne tient plus qu'à un fil en Syrie

Freinée par des contraintes économiques ayant notamment conduit au remplacement des mûriers par des oliviers ou des cerisiers, l'industrie de la soie, jadis florissante en Syrie, est près de s'éteindre.

Dans les montagnes vertes de Deir Mama (Ouest), non loin de l'imposante citadelle de Masyaf, Mohammad Saoud et sa famille continuent pourtant d'élever les vers à soie au printemps et de tisser la soie en automne.

"Nous faisons tout de A à Z : de l'élevage des vers à soie à la fabrication des châles", explique Saoud, qui pourrait gagner davantage en vendant simplement ses cocons.

La demande pour ce matériau de luxe a beaucoup baissé dans le courant du siècle dernier ainsi que le nombre d'éleveurs, mais cela est loin de décourager Saoud : "les ventes ne couvrent pas assez les dépenses, ni nos efforts, mais nous voulons que cet ancien et beau métier continue".

Selon lui, c'est la hausse du coût de la vie ces deux dernières décennies qui a poussé les agriculteurs à planter des oliviers et des arbres fruitiers pour diversifier leur production.

Aujourd'hui, seuls 16 villages et 48 familles travaillent dans l'élevage des vers à soie et la production des cocons est tombé de 60.000 tonnes en 1908 à quelques tonnes les dernières années.

Saoud et sa famille en produisent environ 35 kilos par saison. Ils gagnent de la vente des châles environ 8.000 SYP par an (120 euros/166 dollars), moins que le salaire mensuel moyen en Syrie. Seuls les touristes étrangers "apprécient la valeur de la soie", déplore-t-il.

Toutefois, il ne désespère pas. Les ministères de l'Agriculture et du Tourisme ont lancé il y a deux ans un plan visant à ressusciter l'industrie moribonde de la soie.

Depuis, Saoud touche 250 SYP (4 euros) pour chaque kilo de cocons. Ce plan a eu pour effet d'augmenter la production de cocons de 2,6 tonnes en 2009 à 3,1 tonnes en 2010.

Malgré toutes les découvertes, "la soie demeure la plus belle et la plus chère des fibres", estime Hubert Mezannar, patron de la Manufacture de Brocarts de Soie de Damas, fondée par son père en 1890.

Dans les années 60, période durant laquelle la production de la soie a atteint un pic, la Syrie était le principal exportateur de la région.

La Manufacture Mezannar produisait des centaines de mètres de soie par mois contre quelques dizaines actuellement, vendus dans une boutique du "souk de la soie", au cœur du vieux Damas.

Hubert Mezannar souhaite une réduction d'impôts et de meilleurs accès au marché international : "Aujourd'hui, notre production est minimale et artisanale. L'industrie de la soie agonise".

L'écrivain syrienne Maya al-Kateb tente de ressusciter l'intérêt pour cette industrie dans un livre, Syrian Silk : Portrait of a living Cultural Heritage ("La soie syrienne: portrait d'un patrimoine culturel vivant), qui doit paraître en décembre.

"La commercialisation et le tourisme sauveront la production de soie naturelle, en mettant en liaison les fermiers locaux et les acheteurs étrangers", estime-t-elle.

La Syrie ne possède pas de grandes industries, "toutes les petites industries sont donc importantes. Il faut sauver l'industrie syrienne de la soie en raison de sa valeur historique et culturelle", dit-elle.

AFP/VNA/CVN

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