Cinq chefs d'État africains (Libye, Sénégal, Centrafrique, Tchad, Nigeria) ont participé à la clôture de la session Afrique du 8e Forum mondial du développement durable ayant pour thème "Sauver le lac Tchad", plan d'eau au coeur de l'Afrique dont la superficie s'est dramatiquement réduite ces dernières décennies.
En 1960 la taille du lac était de 25.000 km², aujourd'hui, elle avoisinerait 8.000 km², voire 2.500 km², selon différentes estimations. Les autorités et certains experts attribuent son rétrécissement au réchauffement climatique, alors que d'autres avancent des causes multiples et notamment sa surexploitation pour l'irrigation ou pour les besoins en eau des villes.
Une série de propositions ont été adoptées "par consensus" par les participants - chefs d'État, responsables politiques et experts - pour sauvegarder le lac, selon un communiqué final lu par le ministre tchadien de l'environnement Hassan Terap.
"C'est les meilleures propositions qui ont été faites, nous devons les adopter par consensus", a déclaré le président tchadien Idriss Deby, suscitant les applaudissements des participants.
Les experts du comité scientifique du forum réunis la semaine dernière avaient soumis ces propositions au "segment politique", selon Emile Malet, délégué général du forum.
La première vise à "faire du lac Tchad un patrimoine de l'humanité". "Si on y arrive, cela permettra de réparer une injustice, et le lac Tchad sera respecté avec des droits et des devoirs pour l'ensemble des pays riverains" (Cameroun, Niger, Nigeria, Tchad), a relevé Emile Malet.
Concernant l'alimentation en eau du lac Tchad, notamment en détournant des cours d'eau, il a été retenu de "confronter toutes les considérations avant de faire quoi que ce soit", en tenant compte de trois objectifs : "les équilibres du lac Tchad doivent être respectés, les populations doivent être sauvegardées et les activités doivent être amplifiées", a poursuivi M. Malet.
Les experts ont aussi souhaité la création d'une "autorité" pour le lac, afin d'éviter les risques de conflits, notamment entre migrants et populations autochtones qui subissent les aléas climatiques.
Situé à la frontière de quatre pays, le lac est un lieu de migration important, attirant notamment des éleveurs et pêcheurs. Enfin, les participants ont souhaité que les recherches sur le lac puissent être mutualisées et coordonnées.
Le délégué général du forum a indiqué qu'une réunion se tiendra à Paris dans six mois pour affiner les propositions afin de les présenter aux bailleurs de fonds. "Il est impérieux que nous nous serrions les coudes pour donner vie au lac Tchad", a insisté le président tchadien Idriss Deby Itno. "N'Djamena n'est qu'une étape qui doit être franchie avec ces pertinentes propositions", a-t-il ajouté. "Le lac n'appartient ni au Tchad, ni aux riverains, mais à toute l'Afrique, c'est un bien de l'Afrique", a de son côté soutenu le président sénégalais Abdoulaye Wade, pour qui "la politique faite depuis 40 ans sur le lac Tchad et autour du lac sont les véritables responsables de sa régression".
"Nous ne pouvons pas permettre que le lac Tchad meure", a renchéri son homologue nigérian, Goodluck Jonathan.
AFP/VNA/CVN