"Nous allons fournir une aide de deux milliards de dollars sur trois ans à compter de 2010", a annoncé le Premier ministre japonais Naoto Kan, devant les représentants - dont une centaine de ministres - des quelque 190 pays membres de la Convention sur la diversité biologique (CDB).
La question de l'aide financière aux pays en développement - qui abritent l'essentiel de la diversité de la faune et de la flore de la planète - est l'un des points clé de la négociation en cours.
Une vaste étude sur les vertébrés (mammifères, oiseaux, amphibiens, reptiles et poissons), rendue publique le 27 octobre à Nagoya, montre que si un cinquième des espèces sont menacées, les chercheurs disposent désormais des "preuves indiscutables" des effets positifs des efforts de conservation.
Les scientifiques ont identifié 64 mammifères (dont le cheval de Przewalski, en Mongolie), oiseaux et amphibiens dont l'état de conservation s'est amélioré grâce à des mesures de conservation.
Cette étude est "un appel au clairon pour nous tous", a réagi Julia Marton-Lefèvre, directrice générale de l'UICN, appelant les ministres réunis à Nagoya à mobiliser les ressources financières nécessaires pour agir en ce sens.
Si des incertitudes planent sur la répartition des fonds japonais et la nature des projets auxquels ils seront consacrés, l'annonce du Premier ministre a été bien accueillie.
"C'est une bonne nouvelle. Nous avons besoin de fonds additionnels, pour la biodiversité comme pour le changement climatique", a estimé la ministre brésilienne de l'Environnement, Izabella Teixeira.
La secrétaire d'État française à l'Écologie, Chantal Jouanno, s'est pour sa part félicité d'une décision qui devrait faire progresser "une question clé dans la négociation".
L'Union européenne a indiqué qu'elle ne ferait pas d'annonce similaire à Nagoya, soulignant que l'Europe dans son ensemble fournissait déjà aux pays en développement une aide consacrée à la biodiversité représentant un milliard d'euros par an.
Au-delà du financement, la mise en place d'un accord sur les conditions d'accès des industries du Nord aux ressources génétiques des pays du Sud et la fixation d'objectifs mondiaux pour 2020 sont les deux autres points durs des discussions.
La question de l'extension des aires protégées, actuellement de 13% de la surface totale de la terre et un peu moins de 1% de la surface totale des océans, est l'un des points les plus sensibles.
L'Union européenne et plusieurs autres groupes de pays plaident pour un double objectif de 25% (terre) et 15% (mers), mais cette proposition est loin de faire l'unanimité.
"Si les objectifs sur les aires protégées étaient tirés vers le bas, ce serait très inquiétant", a souligné Russell Mittermeier, président de l'ONG américaine Conservation International.
Si plusieurs délégués saluaient, à trois jours de la fin de la réunion, une atmosphère constructive, l'énorme déception du sommet climat de Copenhague, en décembre, qui s'est achevé sur un accord a minima sans objectifs chiffrés, reste dans tous les esprits.
"J'ai de grandes attentes et un réel optimisme (...) mais, j'ai aussi, je dois l'avouer, peur que, comme à Copenhague, la communauté internationale puisse être frustrée par le manque d'engagement et de compréhension de ces problèmes vitaux pour la planète et ceux qui l'habitent", a souligné Mme Teixeira.
AFP/VNA/CVN