Le peintre Trân Van Liêm présente son projet «La cité de Van Lang» |
«Chaque pays a son symbole mondialement connu. La Statue de la Liberté aux États-Unis, la Tour Eiffel en France, l’Opéra Sydney en Australie, les Twin Towers Petronas en Malaisie, la ville de Dubaï aux Émirats arabes unis… Et pourquoi pas une cité de Van Lang au Vietnam ?», s’interroge le peintre Trân Van Liêm.
De retour au Vietnam au début de cette année, il a présenté devant l’Association des architectes vietnamiens son projet de «Cité de Van Lang», et compte ouvrir prochainement une exposition internationale pour le présenter au public. Il s’agit d’un projet ambitieux pour lequel l’auteur a consacré 20 ans et versé environ un million d’euros. «Je cherchais depuis longtemps pour le pays une image symbolique, à la fois d’un point de vue culturel et historique. Le projet +Cité de Van Lang+ est le fruit de longues années de travail», s’enthousiasme-t-il. Et de présenter sur l’ordinateur des maquettes en 3D de cette future ville touristique au coeur de Hanoi.
Une cité légendaire et philosophique
Selon le plan d’élaboration, la Cité de Van Lang couvrira un terrain circulaire de 1.800 m de diamètre (environ 400 ha), avec huit rues amenant toutes à la place centrale (symbolisant le diagramme des huit signes divinatoires). Chaque rue portera le nom d’une plante d’ornement, qui sera plantée tout au long de celle-ci. Concrètement : Thiên Truc (petit bambou du ciel), Hoàng Mai (abricotier aux fleurs jaunes), Trinh Nu (sensitive), Phuong Vi (flamboyant), Thiên Thông (pin du ciel), Ô liu (olivier), Van Liên (cycas révoluté), Duong Liêu (saule). «J’ai choisi ces plantes parce qu’elles revêtent une signification à la fois philosophique et géographique», selon le peintre.
Maquette d’une des quatre portes de la capitale de Trân Van Liêm. |
La cité de Van Lang sera marquée par deux ouvrages architecturaux, érigés à l’entrée des deux premières rues : Hoàng Tu Thap (Cône jaune) et Thiên Tu Thap (pyramide bleue), dédiés au culte respectif de Âu Co (la Mère - Oiseau) et Lac Long Quân (le Père - Dragon, selon la légende sur l’origine des peuples ethniques du Vietnam). D’une hauteur de 50 m, les bâtiments compteront chacun 365 marches symbolisant les 365 jours de l’an. La base du Cône jaune (ronde par définition) est le symbole du Ciel, selon la conception des Vietnamiens de jadis ; celle de la pyramide bleue (carrée bien sûr) celui de la Terre. Ces ouvrages évoqueront des images traditionnelles de la nation : les gâteaux banh chung (de forme carrée), banh dày (de forme ronde) et le nón lá (chapeau conique). Les rues restantes sont marquées, à leurs entrées, par six constructions de forme sphérique avec diverses sculptures traduisant les conceptions philosophiques de jadis.
Au cœur de la cité se situera la place centrale agrémentée d’une scène théâtrale moderne. Un grand canal fera le tour de la cité permettant la circulation de 300 bateaux de plaisance. «Ces bateaux serviront aussi d’hôtel. Ce sera plus pratique, vu que le canal communiquera avec le fleuve Rouge», explique Trân Van Liêm. Par ailleurs, il a élaboré un réseau de centrales solaires capables de fournir d’électricité à la cité. L’auteur ambitionne de voir l’ouvrage former l’image d’une gigantesque fleur de lotus, dont le pistil sera constitué de la cité entière, et les pétales des buildings construits autour.
Les portes de la capitale en design
«Avant et pendant l’élaboration de ce projet, j’ai lu d’innombrables livres relatifs à l’histoire vietnamienne, à la philosophie, à l’art et à l’architecture dans le monde. De plus, j’ai suivi un cours de dessins architecturaux», a confié Trân Van Liêm.
Le 1er juillet 2008 à Paris, le projet «Cité de Van Lang» de Trân Van Liêm s’est vu attribuer le certificat de droit d’auteur, numéroté INPI-323996. Le projet a été présenté au Comité des Vietnamiens d’outre-mer du Vietnam.
Outre la Cité de Van Lang, Trân Van Liêm a présenté un autre projet concernant la construction des quatre portes de la capitale. «En 2010, j’ai été informé de l’intention de Hanoi de construire les portes de la ville. Un projet inédit qui a réuni de nombreux architectes. J’ai consacré 11 mois à l’élaboration de quatre modèles, dans lesquels j’ai voulu refléter les traits caractéristiques des 54 ethnies du pays», éclaire le peintre. Il s’agit de quatre portes différentes en couleur, dont chacune comprend deux colonnes de 4,5 m de diamètre et hautes de 15 m. Elles portent à leur sommet de grands cercles sculptés d’images caractéristiques des ethnies.
Le projet du peintre Trân Van Liêm a été applaudi par le milieu des architectes vietnamiens. Le docteur en architecture Ngô Doan Duc, directeur de l’Institut d’architecture du Vietnam, y voit «le cœur, les sentiments et les efforts d’un Viêt kiêu pour son pays natal».
Créateur de la «peinture à cinq dimensions»
Diplômé de l’École des beaux-arts de Binh Duong (Sud), puis de l’École polytechnique de Saigon à l’âge de 17 ans, le peintre Trân Van Liêm s’est expatrié, en 1975, pour la France où il a continué ses études universitaires à l’École des beaux-arts de Lyon.
En 2005, il a attiré l’attention du milieu artistique mondiale avec la création d’une école de peinture dite «peinture à cinq dimensions». Il souhaite mettre sur pied dans l’avenir, au Vietnam, un musée de peintures à cinq dimensions pour présenter ses œuvres au public.
Nghia Dàn/CVN