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La calligraphie vietnamienne a le vent en poupe depuis une dizaine d’années. |
Photo : CTV/CVN |
Avec pinceau, encre et papier, des Chinois ont créé leur élite calligraphique, inclusive de la philosophie et de la théosophie. Au Vietnam, seulement des connaisseurs ou lettrés, majoritairement âgés, sont capables de pratiquer cette écriture. Par contre, la calligraphie vietnamienne latinisée (quôc ngu), se basant sur la graphie vietnamienne, est plus accessible que sa version originelle.
Une pratique expressive
Prenant racine de la calligraphie chinoise, la calligraphie vietnamienne en est radicalement différente avec un style plus libre et sortant des sentiers battus. En outre, elle permet d’exprimer le talent et le niveau du calligraphe ainsi que le goût du "demandeur de lettres".
Les lettres calligraphiées sont principalement des proverbes et paroles de penseurs ou encore des vers de poèmes. Elles sont parfois accompagnées de dessins.
En ce qui concerne les matières sur lesquelles elles s’écrivent, elles varient entre papier, tissu, bois, pierre, bambou, raden et mosaïque. Et il existe deux pistes que suivent les pratiquants. L’une est inspirée par la nostalgie des calligraphies en écriture chinoise et sino-vietnamienne (nôm), qui sont en péril au Vietnam. Les lettres s’écrivent soit avec des formes rondes et carrées comme des caractères chinois, soit inversement, il faut alors les lire au revers du papier pour bien apprécier le contenu. Dans l’autre, on respecte bien la forme des lettres vietnamiennes. Cette seconde, plus populaire que la première,
permet de montrer parfaitement la créativité des calligraphes qui savent transcrire des lettres latinisées à travers leur pinceau.
Depuis des années, la calligraphie vietnamienne a le vent en poupe et est devenue une tendance. Elle est présente non seulement comme objets de décorations au sein de restaurants, salons de thé, cafés, clubs de culture, dans la maison mais encore sur des cartes de vœux offerts entre proches et amis lors des occasions spéciales.
Nombreux sont les cours de calligraphie pour transmettre ces techniques spéciales.
Plus qu’un loisir, un art
Calligraphie en vietnamien sur des peintures. Les mots se traduisent en français, de gauche à droite : parents, talent et vertu. |
Malgré la prédilection des gens envers cette activité, la valorisation de la calligraphie vietnamienne n’est pas facile et ses adeptes ont beaucoup de choses à faire pour progresser. Concrètement, il faut mener des recherches sur la composition, les traits et le règlement dans le cadre pour rendre le vietnamien plus délicat et raffiné. Sans parler que les lettres représentées doivent faire preuve de l’identité nationale.
Selon certaines personnes, la sélection des citations, vers ou proverbes à représenter avec la calligraphie doit être soigneuse. Car le contenu d’une œuvre se trouve parmi les éléments exprimant l’idéologie, la connaissance et l’âme de l’auteur, au-delà de son niveau et son aptitude. Ainsi, une calligraphie jugée précieuse peut manifester non seulement son talent mais aussi son dévouement dédié à son œuvre.
Outre des lettrés, ceux pratiquant régulièrement la calligraphie sont des écrivains, poètes et peintres. Trân Dat est l’un d’entre eux. Domicilié à Hô Chi Minh-Ville, il est l’une des rares personnes qui cherchent à maintenir et à promouvoir cette pratique.
Selon lui, il y a beaucoup de personnes dans la mégapole du Sud pratiquant la calligraphie en quôc ngu, et pourtant, leur manière d’interprétation n’arrive pas à
sophistiquer le graphisme du vietnamien. "Sans tenir compte que plusieurs personnes ont déformé les caractères", a-t-il affirmé.
Dans les pays où la calligraphie est devenue un art et une culture, comme la Chine, le Japon ou encore la République de Corée, la calligraphie, nationaliste, a pour mission de mettre en valeur les systèmes de signes graphiques. Ceux qui disposent de calligraphies chez eux en sont fiers.
Dans des grandes villes du Vietnam, bon nombre de cafés proposent d’offrir des calligraphies. Les gens, après avoir reçu leur calligraphie, ne doivent qu’acheter les cadres afin de la protéger. De bon augure pour la généralisation de cette pratique plutôt artistique et de la mise en valeur du système graphique vietnamien.
Mai Quynh/CVN