>>Originalité du Têt traditionnel chez les Hà Nhi de Lai Châu
Fête du riz nouveau des M’nông dans la commune de Nam Nung. |
Photo : daknong.gov.vn/CVN |
Lorsque chaque Nouvelle Année approche et que la saison des récoltes est terminée, les habitants du village de Jie Yúk, province de Dak Lak (hauts plateaux du Centre), se réunissent pour célébrer la fête du riz nouveau (Lễ mừng lúa mới).
Cette coutume ancestrale des groupes ethniques vivant sur la cordillère Truong Son, dont les M’nông, vise à honorer le grain de riz et prier pour une météo favorable, des récoltes abondantes et des familles prospères. Un chaman (thầy cúng) remercie au nom du propriétaire les divinités.
Avant de célébrer cette fête, chaque famille M’nông du village de Jie Yúk doit préparer des offrandes composées de riz, d’un cây nêu (perche rituelle en bambou), de trois tasses de rượu cần (alcool de riz conservé dans une grande jarre), d’un poulet, d’un cochon, d’ustensiles quotidiens, d’outils agricoles et de graines récoltées dans les champs.
Il faut que l’hôte les choisisse avec beaucoup de soins. On passe habituellement une semaine pour organiser une petite fête, et plusieurs mois pour une grande. Les hommes s’occuperont d’attra-per le cochon et le poulet et de les abattre, les femmes de cuire le riz, de le piler...
Une fois les préparatifs terminés, le culte des génies se déroule devant la perche rituelle en bambou. Suivent, la cérémonie d’offrande du riz nouveau et celle de prier pour la santé au patriarche du village. Pour les M’nông, le génie du riz est l’âme de toutes choses.
À la fin de la cérémonie, le chaman invite l’hôte et tous les participants à manger et à boire ensemble pour se souhaiter une nouvelle saison du riz abondante, pleine de joie... Au son des gongs, ils dansent et chantent.
La soupe des Êdê pendant les congés du Têt
Les ingrédients de la soupe de feuilles de "yao". |
Photo : VNA/CVN |
L’une des caractéristiques du Têt traditionnel des Êdê dans la province de Dak Lak, sur les hauts plateaux du Centre en général, est la soupe de poudre de feuilles de yao, dont personne ne connaît l’origine. On ne sait que les ethnies la cuisinent à l’arrivée du Têt.
Il s’agit d’un mélange délicat de saveurs : amertume douce, piquant du piment, gras de la viande et aussi doux arôme des yao (feuille de forêt de forme similaire à celle du bétel avec un goût sucré).
Tout d’abord, les femmes y mettent du riz, le font tremper, puis le pilent avec des feuilles de yao jusqu’à ce que ce mélange devienne une fine poudre.
La viande et l’os sont assaisonnés. D’autres ingrédients tels que papaye, cœur de bananier, rhizome d’Homalomenae occultae sont préparés avant la cuisson.
Ensuite, les os sont sautés dans la marmite, avec les ingrédients ci-dessus et du Solanum lyratum, puis de l’eau est ajoutée.
Des femmes Êdê préparent la soupe de feuilles de "yao". |
Photo : VNA/CVN |
Enfin, le liquide filtré du mélange de farine de riz avec feuilles de yao broyées est versé dans la soupe bouillante et des épices sont ajoutées pour avoir un plat parfumé.
Selon H’Linh Ayun, du village de Cuôr Dang B, l’ingrédient le plus important est le mélange de farine de riz et de feuilles de yao. La farine est utilisée pour créer une consistance et les feuilles de yao donnent un parfum et de la douceur à ce plat.
Ces dernières, qui ne se trouvent que dans la forêt, sont cueillies tôt le matin ou l’après-midi précédent. La soupe est généralement servie avec du riz, gluant ou pas...
La soupe de poudre de feuilles de yao a une signification importante pour les Êdê pendant le Têt. C’est un peu leur madeleine de Proust, c’est-à-dire le plat qui rappelle les douceurs et joies de la terre natale à ceux qui vivent loin de chez eux.
Diêu Thuy/CVN