La banque centrale des États-Unis devra agir face au ralentissement

Le président de la banque centrale des États-Unis (Fed), Ben Bernanke, a affirmé le 27 août que la reprise économique de son pays se poursuivait mais a laissé entendre que son institution risquait fort de devoir prendre de nouvelles mesures de soutien pour contrer le ralentissement.

M. Bernanke a tenu ces propos juste après une révision en forte baisse de la croissance du deuxième trimestre, à 1,6% en rythme annuel, chiffre nettement inférieur au potentiel des États-Unis.

L'économie américaine a ralenti plus que prévu et son redressement est "loin d'être achevé". La reprise continue "à un rythme relativement lent" mais devrait s'accélérer un peu en 2011, a déclaré M. Bernanke dans un discours de rentrée très attendu.

Dans un de ces exercices d'équilibriste dont il est coutumier, le chef de la Réserve fédérale a tenté de rassurer sur l'état et les perspectives de l'économie américaine, sans taire totalement les risques qui pèsent sur le pays.

La Fed est "prête" à prendre des mesures supplémentaires, mais ne le fera que si cela s'avère nécessaire, "en particulier si les perspectives de l'économie devaient se détériorer fortement", a dit M. Bernanke, qui s'exprimait dans le cadre grandiose de Jackson Hole, lieu de villégiature cossu des Rocheuses, dans l'Ouest des États-Unis. Mais une autre phrase, placée comme un avertissement au début de son discours, laisse entendre que cette détérioration lui semble plus inéluctable qu'hypothétique : "la liste des motifs d'inquiétudes pour l'économie indique clairement que le retour à une croissance économique robuste et stable exigera des réponses efficaces de la part d'un large éventail de responsables de la politique économique".

Pour Zach Pandi, analyste de la maison de courtage japonaise Nomura Securities, cette phrase est un "appel à l'action sans équivoque adressé aux autres" dirigeants de la Réserve fédérale. Celle-ci apparaît divisée sur la suite à donner à sa politique de relance, entre partisans de mesures supplémentaires et apôtres du statu quo.

De même, la façon dont M. Bernanke a insisté en fin de discours sur la détermination de la Fed à empêcher une déflation (une baisse durable et généralisée des prix et de l'activité, extrêmement difficile à enrayer) laisse penser que le risque que se produise une tel scénario n'est peut-être pas aussi "faible" qu'il l'avait déclaré quelques minutes plus tôt.

Peter Newland, économiste de Barclays Capital, a vu dans les propos de M. Bernanke l'annonce de mesures supplémentaires à venir de la Fed dans le cas ou se produiraient conjointement "une croissance inférieure au potentiel du pays" (ce qui est déjà le cas), "une baisse de l'emploi dans le privé" (ce qui n'est pas le cas) et "une baisse plus marquée des attentes d'inflation" (possible prélude à une accélération de la désinflation en cours).

Bien que revu en baisse de 0,8 point, le chiffre de la hausse du PIB américain au deuxième trimestre a été meilleur que prévu par les analystes, qui tablaient sur une croissance plus faible, de 1,4%. Ce soulagement relatif permettait en milieu de journée à Wall Street de regagner 1%, après un plongeon consécutif à l'intervention du chef de la Fed.

AFP/VNA/CVN

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