À l'issue d'une réunion de travail tenue au Fort de Brégançon (Sud-Est), résidence présidentielle surplombant la méditerranée, l'Élysée a fait savoir dans un communiqué que "10 milliards d'euros de niches fiscales et sociales seront supprimées à l'automne".
Par "niches fiscales et sociales", l'exécutif français désigne des avantages fiscaux ou exonérations dont bénéficient les ménages ou les entreprises.
L'objectif est de ramener le déficit public de 8% du Produit intérieur brut (PIB) actuellement à 6% en 2011 puis à 3% en 2013, soit la valeur de référence inscrite dans les traités européens. Il s'agit d'un engagement pris vis-à-vis de Bruxelles. "Le président a indiqué que la réduction du déficit public à 6% du PIB en 2011, quel que soit le niveau de croissance, constitue un objectif majeur pour le pays", a fait savoir l'Élysée à l'issue de cette réunion avec le Premier ministre François Fillon et les ministres Christine Lagarde (Économie) et François Baroin (Budget).
Les exonérations qui seront supprimées n'ont pas été précisées. Le total de ces "niches fiscales et sociales" est estimé à 75 milliards d'euros en 2010.
Elles vont de réductions d'impôts pour certaines professions à une TVA réduite pour les travaux de logement par exemple, en passant par des aides fiscales aux ménages employant des aides à domicile, pour les gardes d'enfants par exemple.
À l'issue de cette réunion, la présidence française a aussi été contrainte de réviser à la baisse sa prévision de croissance pour 2011, à 2% contre 2,5% précédemment.
Le gouvernement devra donc trouver "entre 3 et 3,5 milliards d'euros supplémentaires" d'économies pour compenser, a déclaré le 20 août soir le ministre du Budget, François Baroin, sur la radio RTL, sans toutefois préciser où trouver ces fonds.
La présidence a cependant confirmé la prévision pour cette année, en estimant que "la perspective de croissance de 1,4% sera atteinte ou dépassée". Elle a également confirmé le 20 août plusieurs mesures budgétaires annon-cées avant l'été, comme le gel des dépenses de l'État en valeur sur les 3 prochaines années, le gel des transferts financiers de l'État vers les collectivités locales, la baisse de 10% d'ici à 2013 des dépenses de fonctionnement et d'intervention de l'État.
Après ces annonces et après plusieurs semaines d'hésitation, Fran-çois Fillon s'était décidé à assumer, à la mi-juillet, le fait qu'il conduit désormais une "politique de rigueur". L'Élysée a malgré tout assuré le 20 août que les impôts des particuliers comme des entreprises ne seraient pas augmentés.
Depuis la crise grecque, la situation de la France, comme d'autres pays développés, reste sous la loupe des marchés.
L'agence Moody's envisageait mardi la perte par la France, mais aussi par la Grande-Bretagne, les États-Unis et l'Allemagne, de la note "AAA", la meilleure possible, qui permet à ces pays de se financer à des taux très bas et témoigne de la confiance des marchés à leur égard.
Le ministre français du Budget, François Baroin, se rendra demain à Berlin pour une réunion de coordination sur la préparation des budgets respectifs des 2 pays.
AFP/VNA/CVN