L'économie nationale toujours face à ses problèmes

L'économie du Vietnam a à son actif le maintien de la reprise durant ces 3 premiers trimestres de cette année, et ce de manière satisfaisante puisque les objectifs fixés ont même été dépassés : croissances du PIB de 6,5% et de la production industrielle de 13,8%, un déficit public pour toute l'année estimé inférieur à 6%... Mais elle demeure grevée des 3 problèmes que sont la gestion du taux de change, le déficit du commerce extérieur et la maîtrise de l'inflation. Analyses de spécialistes.

* Hà Van Hiên, président de la Commission de l'économie de l'Assemblée nationale

Globalement, pour 2010, notre économie a de plus belles perspectives que l'année précédente, même s'il faut poursuivre de conséquents efforts pour la stabiliser, en prévenant une trop forte inflation et en s'assurant d'un taux de croissance de 6,5% sans négliger les objectifs de bien-être social. Il nous faut en outre privilégier désormais une croissance sur le plan qualitatif et, si sur ce point les indices macroéconomiques sont relativement satisfaisants, leur stabilité reste à assurer. Privilégier le plan qualitatif sur le quantitatif est d'autant plus important si l'efficience des investissements reste faible. Mais en tout état de cause, les ressources nécessaires seront affectées à la réalisation des objectifs sociaux...

* Nguyên Van Giàu, gouverneur de la Banque d'État

Au Vietnam, croissance économique et développement du crédit entretiennent un étroit rapport. Les politiques en matière de crédit ont une influence sur la stabilité de l'économie comme sur l'inflation. Une faible croissance et une trop forte inflation sont les 2 grands risques qu'encourt notre économie cette année. Les décisions économiques doivent bien envisager ces 2 facteurs, et la souplesse dans leur application s'avère particulièrement nécessaire.

En vue de limiter l'inflation à 8%, il faut mettre en oeuvre rigoureusement les politiques financières et monétaires. La structure de notre économie doit évoluer dans le sens d'une moindre dépendance des importations et d'un meilleur développement de ses secteurs. Autres mesures à appliquer, réduire les dépenses, améliorer l'accès au crédit dans les banques vietnamiennes et améliorer la convertibilité du dông vietnamien tout en réduisant la prévalence du dollar.

* Nguyên Duc Thang, chef adjoint du service du commerce et des prix, Département général des statistiques

Pour 9 mois, l'indice des prix à consommation (IPC) a augmenté de 6,46% par rapport à fin 2009. Pour satisfaire à l'objectif gouvernemental d'une inflation maximale de 8% pour 2010, cette croissance doit ne pas dépasser les 0,5% par mois lors du dernier trimestre. De fait, très difficile en cette conjoncture de fortes fluctuations des cours mondiaux...

S'agissant des importations à l'origine du déficit de notre balance du commerce extérieur, leur excédent est inférieur à 20% des exportations. Un ratio satisfaisant mais bien moins du point de vue du montant : 8,6 milliards de dollars à comparer aux 6,5 milliards à la même période de 2009. La sortie de devises est plus importante que leur rentrée, ce qui entraîne qu'une forte pression en matière de gestion économique aura des conséquences directes sur celle du taux de change comme sur l'évolution de l'IPC. Ce solde négatif exportation-importation est une des causes majeures - sinon la première - de la pression sur le taux de change entre le dông vietnamien et le dollar américain.

Depuis le 2e trimestre de l'année, la croissance de l'indice des prix à la production (IPP) est plus élevée que celle de l'IPC : en 9 mois, il a augmenté de 12% par rapport à la même période de l'an dernier, au lieu de 8,64% pour l'IPC. Cela résulte d'un prix de revient plus élevé que le prix de vente conduisant les producteurs à augmenter ce dernier, entraînant à son tour une hausse de l'IPC. En septembre, c'est le groupe "Éducation" qui a largement contribué à son augmentation suite à la majoration des frais d'études par 40 villes et provinces dans le pays, et cela va se poursuivre puisqu'une vingtaine de villes et provinces vont prochainement faire de même. Un objectif annuel difficile donc...

* Nguyên Dinh Cung, vice-directeur de l'Institut central de recherche en gestion économique

La faible restructuration de notre économie pèse sur la qualité de sa croissance comme sa compétitivité. En effet, actuellement encore, la croissance économique repose sur des produits traditionnels, les secteurs secondaire et tertiaire demeurant modestes. Nos exportations sont donc essentiellement constituées de produits bruts ou non finis, donc d'une rentabilité moindre que les produits transformés. À cela s'ajoute des difficultés de financement des expotations, et prochainement, un système de fonds de garantie des crédits à l'exportation sera créé au profit des entreprises nationales, notamment privées, afin de remédier à ce problème. Par ailleurs, sur un plus long terme, le pays devra maintenir constamment une croissance économique d'entre 7,5% et 8,5%, et ce durant plusieurs dizaines d'années, afin d'éviter ce que l'on appelle le "piège du revenu moyen" qui menace tous les pays en voie de développement...

Thê Linh/CVN

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