Tout d'abord Hông Phuc dispose d'une statue unique, qui n'a sa réplique dans aucun autre temple bouddhique. Elle représente un roi agenouillé portant sur son dos un bouddha méditant. Un tel symbole officiel de soumission du pouvoir temporel au spirituel était plutôt rare au Vietnam où le conflit entre la religion et le trône ne s'était pas posé, alors qu'en Europe, les frictions entre la royauté et le Pape ont nourri longtemps les chroniques. Sur l'origine de cette statue, différentes versions existent. D'aucuns se réfèrent à une anecdote selon laquelle le pieux roi Dê Thich se serait porté volontaire pour servir de siège à Bouddha prêchant. D'autres prétendent qu'un roi de la dynastie Lê aurait ainsi fait acte de pénitence pour se punir de son impiété. La pagode Hông Phuc porte encore le nom de Hoa Nhai(2) (Sophoras) qui rappelle une ancienne route bordée de saphoras aux fleurs jaunes et empruntée par les rois Ly (1010-1225) chaque fois qu'ils quittaient Thang Long (ancien nom de Hanoi) pour se rendre dans leur village natal dans la province de Bac Ninh, sur l'autre rive du fleuve Rouge.
Les premières constructions datent de la période des Ly, sur la berge même du fleuve dont elle est séparée aujourd'hui par une vaste étendue de terre, suite à l'alluvionnement à travers les siècles. Les inscriptions gravées sur une stèle de la cour (datées 1703) confirment cette assertion en identifiant ce site avec le port de Dông Bô Dâu, où eut lieu en janvier 1258 un combat célèbre contre les envahisseurs mongols.
Hông Phuc était un foyer bouddhique de renom, ayant servi de siège à la secte Thiên (Zen) de Tào Dông. Elle conserve encore un édit royal (1750) honorant le bonze Trân Van Chuc et émanant du roi Lê Hiên Tông. Parmi d'autres curiosités, signalons une cloche de l'année 1864, une plaque sonore de 1734 (hauteur : 1m), 28 stèles, 3 stupas dont le plus récent (1963) commémore le sacrifice du bonze Thich Quang Duc qui s'est immolé en plein Saigon, pour protester contre les répressions religieuses de Ngô Dinh Diêm.
Voici, pour terminer, la disposition des statues dans le sanctuaire.
1. Monseigneur (Duc Ông), le Génie du Sol (Thô dia thân) entouré
de 2 assistants.
2. Saint-Moine (Thanh Tang), symbole de la communauté des bonzes
et 2 assistants.
3. Gardiens de la foi bouddhique (Hô Phap) baptisés aussi Kim Cuong (Diamants).
4. Les 10 rois des Enfers (Thâp diên Diêm Vuong).
5. Çakyamuni naissant honoré par 9 dragons.
6. Dê Thich et Pham Thiên
7. Bodhisattva Duoc Vuong Luu Ly
8. Bodhisattva
9. Bouddha historique Çakyamuni (Thich Ca)
10. (Ananda) et 11. (Casyapa), 2 grands disciples de Çakyamuni.
12. Bouddha Amitabha (A Di Dà), bouddha de la Longévité infinie,
de la Lumière infinie, résidant au Paradis de la Terre Pure (Tinh Thô)
à l'Ouest (Tây Phuong).
13. Bodhisattva Avalokitesvara (Quan Thê Âm)
14. Bodhisattva Thê Chi
15. Bouddhas des 3 ères (Tam Thê) : incarnent 3 mondes (Passé, Présent, Futur),
ou 3 corps de chaque bouddha.
16. Bodhisattava vietnamienne Quan Âm Thi Kinh présentant un bébé dont la
maternité lui fut injustement attribuée.
17. Génies célestes.
18. Roi agenouillé portant un bouddha sur son dos.
(1) 19 rue Hàng Than, arrondissement de Ba Dinh, Hanoi (près du fleuve Rouge).
(2) Mal prononcé, le terme devient Hoa Giai.
Huu Ngoc/CVN