Phú Quôc est la plus grande île du pays. Située à 45 km au large de Hà Tiên (chef-lieu de Kiên Giang) et à 15 km au sud des côtes cambodgiennes, au creux du golfe de Siam, elle fait partie d'un archipel de 22 îles. Sa forme évoque celle d'une larme d'une cinquantaine de kilomètres de long.
Elle est réputée pour ses plages de sable blanc dont certaines figurent parmi les plus belles du pays telles que Bai Sao, Bai Khem, Bai Dài… Ses eaux limpides sont le refuge d'une fantastique faune sous-marine qui constitue l'habitat de prédilection d'une espèce de mammifère marin rarissime au niveau mondial : le dugong ou la vache de mer.
L'une des spécialités de Phú Quôc est le poivre noir, mais les îliens vivent traditionnellement des produits halieutiques. L'île est connue partout dans le pays et même largement au-delà des frontières pour la qualité de son nuoc mam (saumure de poisson), conçu à partir d'un petit poisson, le cá com, proche de l'anchois, qui apporte une grande quantité de protéines. Cette sauce accompagne quasiment tous les plats vietnamiens. Phú Quôc est encore fameuse pour ses chiens de chasse qui sont, à ce qu'on dit, capables de sentir l'odeur de leur maître à plus d'un kilomètre de distance.
Le 5 octobre 2004, le gouvernement a adopté le Schéma directeur de développement socio-économique de l'île Phú Quôc à l'horizon 2010 et perspectives pour 2020. Et le 11 mai 2010, le Premier ministre Nguyên Tân Dung a approuvé l'amendement de la Planification générale du district insulaire de Phú Quôc à l'horizon 2030. Le défi sera d'harmoniser développement économique, préservation des vestiges historico-culturels et de l'environnement, et garantie de la sécurité et de la défense. L'objectif est de faire progressivement de Phú Quôc une ville maritime et insulaire, un centre touristique et tertiaire haut de gamme, un pôle technoscientifique non seulement à l'échelle nationale mais aussi du Sud-Est asiatique.
Encore du pain sur la planche
Conformément à cette planification générale, le parc foncier de l'île Phú Quôc devrait compter 2.300 ha pour la construction urbaine, 100 ha pour les zones industrielles, 3.800 ha pour le développement touristique, 1.020 ha pour les espaces de loisirs et sportifs, 600 ha pour la construction rurale. Mais jusqu'à présent, l'élaboration et l'approbation des planifications détaillées au 1/2.000e et 1/500e se révèlent très lentes.
Le Comité populaire de Kiên Giang a délivré la licence d'investissement à 39 projets, d'un montant total de plus de 36.000 milliards de dôngs, et en a autorisé 168 autres à Phu Quôc. Pourtant, seuls 5 projets sont entrés en activité, un 6e est sur le point de l'être et un autre sera mis en travaux. "Cette stagnation résulte d'un investissement trop lent dans les projets, avec comme cause principale le manque de fonds", explique Nguyên Van Sáu, directeur adjoint du Service du plan et de l'investissement et vice-président du comité de gestion de l'investissement et du développement de Phú Quôc.
Cependant, aux yeux des investisseurs, le plus grand obstacle dans l'attraction des capitaux et la mise en œuvre des projets à Phú Quôc est la faiblesse des infrastructures, surtout les réseaux routier et électrique.
Les travaux de l'aéroport international de Duong To ont commencé en novembre 2008 mais ne devraient s'achever qu'au 3e trimestre 2012. Concernant le réseau portuaire maritime, seul le port international d'An Thoi est en construction, alors que celui de Vinh Ðâm n'est qu'au stade des formalités d'investissement. Idem pour le système portuaire fluvial avec un seul port en cours d'exécution au bourg de Duong Ðông, et un autre en phase d'expropriation du terrain. S'agissant du réseau routier, seulement 20% des travaux sont exécutés. Alors, il suffit d'une seule pluie pour que les chemins à Phú Quôc se transforment en bourbier, pour que des tronçons de route entre Duong Ðông et les communes deviennent impraticables. Pour l'approvisionnement en électricité, la Compagnie d'électricité 2 procède actuellement à l'installation de 5 nouveaux groupes électrogènes diesel, portant ainsi la capacité totale de la production électrique à 15 MW. Toutefois, malgré ce complément, l'île souffrira encore d'une grave pénurie d'électricité.
Cinq mesures à prendre
Ces faiblesses sont liées, d'une part, à des causes objectives telles que position géographique (loin du continent), impacts des tempêtes, importation de la plupart de matériaux de construction, fluctuations des prix... et, d'autre part, à la capacité limitée des services locaux de gestion, estime le président du Comité populaire de Kiên Giang, Bùi Ngoc Suong. Il a donc proposé 5 mesures pour favoriser l'arrivée des touristes et des investisseurs.
Primo, augmenter la fréquence des vols reliant Hô Chi Minh-Ville à Phú Quôc et Phú Quôc à Rach Giá, ouvrir une liaison aérienne entre Cân Tho et Phú Quôc.
Secundo, accélérer l'investissement dans le secteur électrique et examiner le projet d'investissement dans un parc éolien.
Tertio, donner la priorité à l'octroi d'aides publiques au développement aux projets d'investissement dans les infrastructures, notamment ceux de traitement des déchets et d'évacuation des eaux usées, de protection de l'environnement, de reboisement, d'approvisionnement en eau potable, de communication et d'infrastructures urbaines.
Quarto, examiner l'application d'une politique prioritaire pour toute l'île afin que ses marchandises ne subissent pas de taxes douanières. L'objectif est de promouvoir le développement du tourisme de shopping, en vue de faire progressivement de Phú Quôc un pôle en la matière au niveau régional. Sans oublier l'élaboration de politiques pour former et attirer une main-d'oeuvre qualifiée, qui est actuellement insuffisante tant sur le plan quantitatif que qualitatif.
Quinto, proposer au gouvernement la création d'un groupe d'assistance à Phú Quôc, comprenant des experts de l'échelon central et local, pour réviser et modifier des mécanismes et politiques en faveur de l'île (privilèges spéciaux, décentralisation...). "Le but est de réaliser une immense percée en matière de direction, d'administration et de gestion du développement", souligne Bùi Ngoc Suong.
Minh Quang/CVN