Italie : dans l'impasse politique, le président appelle les partis à "collaborer"

Le président italien Giorgio Napolitano a jugé indispensable le 12 avril une "collaboration" entre les partis pour débloquer la crise politique alors que gauche et droite sont lancées dans des pourparlers serrés pour choisir un nouveau chef d'Etat de "consensus".

M. Napolitano (photo ci-contre), 87 ans, a confirmé, en recevant des rapports commandés il y a dix jours à deux groupes de "sages", que sa mission s'achève et que "la parole passe maintenant aux forces politiques et à (son) successeur".
Son septennat arrive à échéance le 15 mai et l'élection du nouveau président est programmée à partir du 18 avril. En Italie, le chef de l'État est élu par une assemblée de grands électeurs (1.007 parlementaires et représentants des régions). En général, les partis essayent de s'entendre au préalable sur un candidat qui plaise à tous.
Cette semaine, le chef du centre gauche Pier Luigi Bersani a rencontré son ennemi juré Silvio Berlusconi, patron de la droite, puis Roberto Maroni, chef de la Ligue du nord et allié du Cavaliere et en coulisses, les contacts sont incessants.
Objectif : trouver la perle rare, proche de la gauche (majoritaire en nombre d'électeurs) et pas trop hostile au Cavaliere, qui redoute des condamnations judiciaires dans les prochains mois et pourrait ainsi espérer une grâce présidentielle.

"L'élection du président est un passage décisif dans cette phase de crise
", a expliqué à l'AFP, le politologue Roberto D'Alimonte, de l'Université Luiss à Rome.
Car cette présidentielle coïncide avec une vacance à la tête de l'exécutif, les législatives de fin février n'ayant pas permis de dégager une majorité claire. Dès sa prise de fonction, le président devra s'atteler à la formation d'un gouvernement, après une tentative ratée de M. Bersani fin mars.
Le temps presse car, selon le patron des patrons italiens Giorgio Squinzi, entre affaiblissement puis chute du gouvernement Monti fin 2012 et la campagne électorale de début 2013, l'Italie a "perdu un point de PIB".

Le maire de gauche de Florence Matteo Renzi a ironisé : "Même l'Église qui n'est pourtant pas un modèle de célérité a réussi à s'organiser rapidement" en élisant le 13 mars le pape François en deux jours de conclave.
Une situation complexe
Le centre gauche a obtenu la majorité absolue à la Chambre des députés mais pas au Sénat où trois formations s'affrontent avec un poids similaire : la gauche de M. Bersani, la droite de M. Berlusconi et les contestataires anti-austérité du Mouvement 5 Etoiles de l'ex-humoriste Beppe Grillo.
Pour M. D'Alimonte, "M. Bersani a renoncé à chercher un président avec Grillo, et de la part du PD, il y a une tentative sérieuse de trouver un accord avec le PDL".
De son côté, M. Berlusconi s'est dit prêt le 12 avril à soutenir un président venant de la gauche, à condition que celle-ci accepte de former "un gouvernement de 'large entente' (alliant droite et gauche, ndlr), avec des ministres choisis ensemble".
Le Cavaliere se sent en position de force alors que des sondages donnent la droite en tête dans les intentions de vote des Italiens devant la gauche, même si un tel score ne lui garantirait pas non plus une majorité claire au Sénat.
Mais l'offre de M. Berlusconi a peu de chances d'aboutir : M. Bersani a déjà exclu tout pacte "faustien", qui lui aliénerait son électorat et pourrait faire exploser le Parti démocrate (PD), déjà agité de fortes tensions.
Parmi les noms susceptibles de rassembler un consensus pour la présidence, les médias ont cité l'ex-Premier ministre Giuliano Amato, l'ex-président de la Chambre des députés Luciano Violante (proche de la gauche), l'actuelle ministre de l'Intérieur Anna Maria Cancellieri ou l'ex-commissaire européenne Emma Bonino.
Si droite et gauche trouvent un terrain d'entente "alors un accord sera possible aussi sur le gouvernement", selon le professeur D'Alimonte.
Deux scénarios s'ouvriraient, selon lui : un "gouvernement minoritaire" mené par un dirigeant de gauche ou un "gouvernement du président, plus politique que technocratique, avec un programme limité -- réforme de la loi électorale et mesures de relance de l'économie -- et d'une durée de vie réduite" avant de nouvelles législatives.
Faute d'accord, l'Italie devra retourner aux urnes, fin juin-début juillet ou en septembre.
Une hypothèse que M. D'Alimonte juge peu probable "en raison de l'instinct de conservation des parlementaires" et car un scrutin rapproché "accélèrerait le risque de désintégration du PD".

AFP/VNA/CVN

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