FIFA
Infantino au sommet d'un football mondial gangréné

Gianni Infantino est le nouveau patron du football mondial : élu le 26 février, le successeur de Joseph Blatter et 9e président de la FIFA aura la lourde tâche de restaurer l'image de l'institution, ravagée par les scandales de corruption et cernée par la justice.

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Gianni Infantino élu président de la FIFA, le 26 février à Zurich.
Photo : AFP/VNA/CVN

"J'attends beaucoup de lui", a réagi le président de la Fédération néerlandaise, Michael van Praag, soulignant que le plus dur est peut-être à venir pour le juriste italo-suisse, jusque là N°2 de l'UEFA. À Zurich, Infantino l'a emporté au 2e tour avec 115 voix contre 88 pour l'autre grand favori, le Cheikh bahreini Salman, président de la Confédération asiatique, 4 au Prince jordanien Ali, unique concurrent de "Sepp" Blatter en 2015, et 0 pour le Français Jérôme Champagne.

"Il apporte toutes les qualités avec lui pour poursuivre mon travail", a assuré Blatter dans un communiqué de félicitation. Une formulation bien ironique quand on sait que tourner la page des 17 années de l'ère Blatter est le principal défi d'Infantino.

Forcé à la démission le 2 juin, trois jours à peine après sa réélection pour un 5e mandat, Blatter, 80 ans le 10 mars, est suspendu 6 ans, notamment pour un versement douteux de 1,8 million d'euros à Michel Platini (lui aussi suspendu 6 ans). Son remplaçant, 45 ans, est un homme "d'expérience", "un grand potentiel créatif", selon les mots du président russe Vladimir Poutine dans un communiqué après l'élection.

"Infantino, c'était le cerveau de l'UEFA, un ordinateur", a insisté le président de la Fédération polonaise. Le nouveau président avait déjà basculé en tête au 1er tour en recueillant 88 voix, juste devant le Cheikh Salman (85) et loin devant les deux autres postulants. Peu avant le début du scrutin, le Sud-Africain Tokyo Sexwale, ex-militant anti-apartheid aux côtés de Nelson Mandela, avait annoncé qu'il abandonnait la bataille.

Les reports de voix entre les deux tours ont donc largement bénéficié à Infantino, alors que le Cheikh Salman pensait compter sur le soutien officiel de la Confédération africaine, le plus gros réservoir de voix (54).

Trajectoire météorique

Très ému, Infantino, ancien bras droit de Michel Platini à l'UEFA, a d'emblée placé son mandat sous le signe de la "restauration de l'image de la FIFA" : "Tout le monde doit être fier de la FIFA", a-t-il insisté à la tribune en anglais et en français. Il est vrai que la tâche qui l'attend s'annonce herculéenne : redorer auprès du grand public et des sponsors le blason d'une organisation qui traverse la plus grave crise de son histoire. Et son poste sera exposé. Aura-t-il à gérer de nouvelles poursuites judiciaires ? Cette éventualité est dans toutes les têtes.

L'étiquette d'Européen et de technocrate ne l'a en tout cas pas empêché d'arriver au sommet du football mondial. Sa trajectoire a été météorique. Secrétaire général de l'UEFA depuis 2009, Infantino a longtemps navigué dans l'ombre de son patron, Michel Platini, avant de devenir le candidat de substitution de l'Europe dès le début des ennuis de son mentor.

Interrogé en conférence de presse, il a d'ailleurs glissé avoir "une très forte pensée" pour Platini, qui faisait figure de grandissime favori pour le poste de président de la Fifa avant sa disgrâce. Ironie du sort : alors qu'il est censé incarner une ère nouvelle, Infantino ne manque pas de points communs avec Blatter. Il est né à Brigue, à 10 km du village natal de son prédécesseur (Viège), il est également issu de l'administration et a lui aussi gagné sur des promesses d'aide au développement.

Résultats des votes à l'élection du président de la Fédération internationale de football.

Dans son discours précédant le vote, il avait ainsi indiqué vouloir "redistribuer 25% des revenus de la FIFA aux fédérations", un argument qui a sans doute fait mouche. "J'ai l'étrange sensation que si Infantino enlève son masque, on verra Sepp Blatter", a ironisé l'ancien international anglais Gary Lineker sur Twitter.

"Environnement économique difficile"

Le Cheikh Salman, lui, a peut-être été victime des critiques récurrentes des ONG de défense des droits de l'Homme sur son rôle présumé dans la répression du soulèvement démocratique dans son pays en 2011. Cette carte de visite aurait fait désordre au moment où l'instance mondiale tente de se refaire une virginité et alors que le doute subsiste sur les conditions d'attribution du Mondial-2022 au Qatar, qu'il avait approuvée.

Sur le plan économique, Infantino va également devoir affronter un "environnement économique difficile", selon les termes du secrétaire général intérimaire Markus Kattner. Malgré des réserves de 1,5 milliard de dollars, la FIFA est "en retard de 550 millions de dollars" (500 millions d'euros) sur ses objectifs financiers d'ici à 2018. Selon une source proche de l'organisation, la FIFA devrait enregistrer en 2015 des pertes un peu supérieures à 100 millions de dollars.

Durant la matinée, le Congrès a également validé le train de réformes censé la remettre sur le droit chemin. Elles visent essentiellement à améliorer la gouvernance avec une limitation à 12 ans du cumul des mandats du président, à augmenter la transparence des rémunérations et à contrôler l'intégrité des élus.

Parmi ces anciens patrons de la FIFA dans l'oeil du cyclone, le Trinitéen Jack Warner, désormais suspendu à vie du football, a affirmé n'avoir prêté "aucune attention à l'élection". "Je ne sais même pas qui est candidat", a-t-il assuré dans son pays, à des milliers de kilomètres de Zurich, lors d'une audience sur sa possible extradition vers les États-Unis.

AFP/VNA/CVN

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