Industrie automobile : priorité aux voitures de tourisme

L’aménagement du développement de l’industrie automobile du Vietnam pour 2020 et vision pour 2030 est marqué par l’incitation à l’emploi de composants et d’accessoires fabriqués au Vietnam avec des privilèges étendus, surtout aux constructeurs de voitures de tourisme.

De manière générale, l’industrie automobile est l’un des secteurs majeurs en termes de développement économique dans le monde. Cela vaut également pour le Vietnam. Néanmoins, ce dernier est toujours insignifiant sur la carte mondiale des constructeurs, malgré les avantages qu’il peut faire valoir, notamment une position stratégique, une main-d’oeuvre qualifiée, et une importante population de consommateurs potentiels.

 

À ce jour, le pays compte 18 constructeurs automobiles étrangers et 38 vietnamiens.

L’industrie automobile vietnamienne est loin de pouvoir répondre aux besoins domestiques, compte tenu de sa croissance économique soutenue et sa jeune population aux revenus croissants. Elle l’est d’autant moins qu’avec son intégration à l’économie mondiale, le segment de l’exportation de véhicules est de plus en plus prometteur. Ce qui souligne l’importance du développement d’une industrie automobile nationale afin qu’elle reprenne des parts de marché possédées par les constructeurs étrangers, mais aussi pour le commerce extérieur. Et pour chaque marché concerné, il faudra concentrer l’investissement dans une ligne de produits stratégiques déterminée sur la base d’études de marché, de compétitivité et des ressources financières nécessaires.

Créée au Vietnam il y a 20 ans, l’industrie automobile vietnamienne n’est toujours pas parvenue à prendre un réel essor malgré les aménagements successifs, dont celui d’octobre 2004 qui accordait plusieurs privilèges aux constructeurs. Aujourd’hui, cette industrie se limite toujours majoritairement à assembler des véhicules. De même, le marché de l’accessoire, très développé dans le monde, demeure anecdotique au Vietnam. Enfin, les véhicules de marques étrangères ont la préférence du consommateur vietnamien. Le secteur semble donc bien dans une délicate impasse.

Faible taux de localization

À ce jour, le pays compte 18 constructeurs automobiles étrangers et 38 vietnamiens qui totalisent une production annuelle d’environ 460.000 véhicules, dont 200.000 de tourisme et 215.000 utilitaires. De grands constructeurs sont présents comme Toyota, Ford, Nissan, ou encore Mercedes. L’industrie automobile contribue pour plus d’un milliard de dollars au budget de l’État et emploie près de 80.000 personnes.

Quant à l’industrie auxiliaire, elle comprend plus de 200 entreprises, essentiellement des PME, selon les données du Département de l’industrie lourde du ministère de l’Industrie et du Commerce. Selon les spécialistes, lorsqu’un Vietnamien achète une voiture, il dépense en moyenne de 7% à 10% en accessoires, excepté pour les camions où ce taux peut monter à 35-40%. Toutefois, ces sociétés vietnamiennes fabriquent des accessoires simples comme rétroviseurs, sièges, batteries, articles de plastique... Cette situation a une incidence sur la compétitivité des véhicules construits au Vietnam, dont le prix est supérieur de plus de 20% à celui d’autres pays de l’ASEAN, puisque la majorité des accessoires doivent être importés. Une compétitivité aussi plombée par une faible production, des chaînes ne fonctionnant qu’à la moitié de leur capacité...

Un jalon important

Ce sont ces constats qui ont conduit à l’élaboration d’un nouvel aménagement de l’industrie automobile du Vietnam pour 2020 et vision pour 2030 par l’Institut d’études de stratégie et de politiques industrielles (IPSI) du ministère de l’Industrie et du Commerce. Son élaboration a impliqué la participation des constructeurs présents au Vietnam, notamment Toyota Vietnam, Honda Vietnam, Ford Vietnam, GM Vietnam, Truong Hai et Xuân Kiên qui ont été largement consultés, a précisé son directeur Duong Dinh Giam. Parmi ses dispositions les plus marquantes, une incitation à l’emploi de composants et d’accessoires fabriqués au Vietnam avec des privilèges étendus pour les entreprises ayant un taux de localisation égal ou supérieur à 40%, et dégressifs en-deçà. Néanmoins, ces dispositions ne sont applicables qu’à la production de voitures de tourisme d’une cylindrée maximale de deux litres. Maintenant que ce nouvel aménagement a été adopté par le Premier ministre, il sera mis en oeuvre à partir du deuxième semestre 2014, a indiqué Duong Dinh Giam. Et d’ajouter qu’il s’agit là d’un grand espoir pour donner un nouvel essor à l’industrie automobile nationale.

L’année 2018 sera un important jalon en raison, entre autres, de la suppression des taxes d’importation.

Le ministère du Commerce et de l’Industrie a défini un nouveau tarif de la fiscalité d’importation de voitures conforme à l’Accord de libre-échange de l’ASEAN (Association des nations de l’Asie du Sud-Est), avec des taxes de 50% pour la période 2014-2016, de 30% en 2017 puis leur suppression au-delà. Le motif qui a présidé à cette dégressivité est la protection de l’industrie automobile nationale avant l’institution en 2018 de la zone de libre-échange dans les pays du Sud-Est asiatique, date à partir de laquelle les importations de véhicules devraient augmenter très significativement, et donc générer une plus forte concurrence pour les véhicules assemblés dans le pays.

L’année 2018 est un important jalon en raison, entre autres, de la suppression des taxes d’importation de véhicules car, selon Nguyên Manh Quân, chef du Département de l’industrie lourde, «bien que le prix d’une voiture importée soit supérieur de 20% à son homologue fabriqué dans le pays, les Vietnamiens préfèrent toujours acheter étranger en raison d’une qualité jugée supérieure». Selon les estimations, ce seront environ 157.000 véhicules qui devraient être importés en 2015, puis plus de 383.000 en 2020, et quelque 2 millions en 2030...

La demande d’automobiles au Vietnam est très forte et croîtra plus encore dans le futur. Ce qui a grevé le développement de ce secteur, ce sont les politiques fiscales pratiquées. «Sur le long terme, nous sommes confiants quant aux perspectives de développement du marché de l’automobile au Vietnam, augmentation du pouvoir d’achat des ménages oblige. Mais, le développement de ce secteur passe, à mon avis, par des politiques stables et de long terme afin que les producteurs puissent se concentrer sur la production et le commerce», selon le directeur général de Toyota Vietnam...

Autre enjeu déterminant pour le Vietnam : le développement de l’industrie auxiliaire, ainsi que de ses infrastructures routières. C’est surtout l’industrie auxiliaire qui est un grand challenge. Actuellement, pour une entreprise vietnamienne, on compte cinq indonésiennes, huit malaisiennes et 50 thaïlandaises, qui, de surcroît, est moins compétitive, en particulier face à ses homologues de Thaïlande et d’Indonésie... Avec pour conséquence immédiate un investissement au compte-goutte dans la production de pièces détachées, faute de débouchés suffisants...

 

Texte et photos : Thê Linh/CVN

 

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