Après avoir épargné plusieurs mois, Mme Hiên, du 3e arrondissement de Hô Chi Minh-Ville, a réalisé son rêve d’acquérir une robe de grande marque dans une boutique du premier arrondissement. Mais après quelques lessives, cette robe a déteint, perdant ses couleurs, et certains ornements se sont dégradés...
M. Ngoc, du 3e arrondissement, a aussi acheté un parfum d’une grande marque française, avec l’assurance du vendeur. En utilisant ce parfum, M. Ngoc a constaté avec surprise que l’odeur n’était pas particulièrement appréciable. Selon l’Association de protection des consommateurs, tous deux ont été victime d’une contrefaçon.
Le contrôle d'origine des produits avant l'achat est indispensable. |
Le contrôle d'origine des produits avant l'achat est indispensable. |
Selon les spécialistes des administrations compétentes en ce domaine, le marché de la contrefaçon et des produits contrefaits est particulièrement complexe. En ce moment, près de 80% des produits contrefaisants proviennent de l’étranger, les autres étant fabriqués au Vietnam. Phan Tân Quôc, chef du département de lutte contre les produits contrefaits de l’Association de lutte contre les produits contrefaits et de protection des marques vietnamiennes (VATAP), ces contrefaçons et les produits de mauvaise qualité, qui relèvent de la tromperie commerciale, ne portent pas seulement une atteinte économique ou à l’image des entreprises qui en sont victimes. Ils peuvent aussi se révéler extrêmement dangereux pour le consommateur, et même mortels, les cas d’un médicament contrefait s’avérant létal ne se comptant plus dans le monde, par exemple...
Les entreprises doivent maîtriser parfaitement les circuits de commercialisation de leurs produits. |
Bùi Minh Tâm, spécialiste de la contrefaçon du cabinet Pham et associés, dresse un tableau impressionnant de la situation : pour tous les produits qui se vendent bien au Vietnam, on trouve sur le marché une contrefaçon. Et cela ne concerne pas seulement les grandes marques, ou les produits de grande valeur comme les motos et les téléphones portables, mais aussi, pire, des produits de consommation courante comme des allumettes, du fil à coudre... que l’on trouve dans tous les circuits de la vente de détail : marchés, magasins, boutiques, et mêmes en grandes surfaces qui se font aussi tromper certaines fois.
Contrôler le commerce de tels produits est difficile, d’autant qu’on les trouve surtout dans les régions éloignées du pays, où les conditions de communication sont difficiles, et le niveau de la population, peu élevé.
La protection du consommateur passe avant tout
Lors d’un colloque sur la lutte contre la contrefaçon et la protection des marques organisé récemment à Hô Chi Minh-Ville, il a été constaté que jusqu’à ce jour, la lutte contre les produits contrefaits ou de mauvaise qualité n’est pas assez efficace. Cette situation tient au manque de personnel en ce domaine, ainsi qu’à une formation insuffisante, la contrefaçon s’avérant être de plus en plus sophistiquée. Nombre de ces produits ne peuvent être difficilement discernables de leur vraie contrepartie et, pour certains, très difficilement.
Selon la VATAP, il existe néanmoins plusieurs méthodes visuelles d’identifier des contrefaçons, comme examiner de près les marques, les marquages et leurs contradictions - illogismes, fautes d’orthographe, etc., les emballages, les couleurs, les matières premières ou bien les factures d’importation des produits. Mais en tout état de cause, sauf cas d’évidence, identifier l’origine et la réalité d’un produit implique des autorités administratives de l’envoyer à l’un des laboratoires spécialisés de la capitale, ce qui implique des pertes de temps et, parfois, économiques.
La protection du consommateur se pose comme un impératif dans le contexte actuel. Photo : Quang Quyêt/VNA/CVN |
Comme on l’a déjà dit, contrefaçon et tromperie sont dangereuses pour l’entreprise comme pour le consommateur. Si le consommateur ne peut faire grand-chose chose, ce n’est pas le cas des entreprises. Et toutefois, nombre d’entre elles ne coopère pas suffisamment, sinon pas du tout, avec les administrations. «Pourtant, elles ont parfaitement le droit de demander aux administrations et organismes de surveiller leurs produits. Mais en réalité, très peu y pensent», explique Bùi Minh Tâm. Autre aspect de cette lutte, les consommateurs devraient éviter d'acheter des produits de faible prix, un comportement qui promeut la contrefaçon en créant une demande...
Selon les spécialistes, lutter contre la contrefaçon et les tromperies implique de renforcer le personnel qui en est chargé, et investir dans leur formation comme dans les moyens de contrôles. Une réglementation exhaustive et effective, ainsi que l’amélioration de l’information de la population sur les contrefaçons et tromperies identifiées, est indispensable. Les entreprises doivent de leur côté veiller sur le marché pour protéger leurs droits de propriété intellectuelle, en particulier leur marque, maîtriser parfaitement les circuits de commercialisation de leurs produits, et communiquer aux consommateurs les informations nécessaires pour distinguer le vrai du faux. Une coopération étroite entre les autorités, les entreprises et les consommateurs est un facteur important de cette lutte.
Renforcement des contrôles
Le Comité central de pilotage de la lutte contre la contrebande et les tromperies commerciales vient d’enjoindre les provinces et villes de renforcer immédiatement les inspections jusqu’à l’arrivée du Têt fin janvier prochain, en particulier sur les produits de première nécessité et ceux dont le volume de commercialisation est important, comme les alcools, les friandises, les denrées alimentaires, les engrais et produits phytosanitaires, les casques, les vêtements...
Phuong Mai/CVN