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Vue aérienne du volcan Anak Krakatoa, le 23 décembre au large des côtes des îles de Java et de Sumatra, en Indonésie. |
Qu'est-ce qui a provoqué le tsunami?
"Le tsunami semble avoir été causé par un effondrement sous-marin d'une partie" du volcan Anak Krakatoa, explique David Rothery de l'université ouverte au Royaume-Uni.
Ce volcan est particulièrement actif depuis le mois de juin, souvent "secoué", rappelle pour sa part à l'AFP Jacques-Marie Bardintzeff. "Une éruption un peu plus forte que les autres, ou qui a simplement été celle de trop, a fait tomber un flanc du volcan", ajoute le volcanologue français, professeur à l'Université Paris-Sud.
Le tsunami de samedi 22 décembre est "le troisième à frapper l'Indonésie en six mois et tous étaient d'origines différentes", précise David Tappin de l'Institut d'études géologiques britannique, interrogé par le Science Media Center de Londres.
Les tsunamis peuvent en effet avoir plusieurs origines: un séisme comme en 2004 à Sumatra ou en 2011 à Fukushima, une éruption volcanique comme celle en 1883 du Krakatoa, également en Indonésie, ou des glissements de terrain comme en Alaska avec des pans entiers de montagnes qui tombent. Or l'Indonésie compte 127 volcans actifs et se trouve sur la ceinture de feu du Pacifique, une zone où tremblements de terre et éruptions volcaniques sont fréquents.
Des facteurs ont-ils amplifié les conséquences?
"L'Anak Krakatoa, situé dans le détroit de la Sonde entre Java et Sumatra, est proche de zones très peuplées", relève Jacques-Marie Bardintzeff.
Et même si "le tsunami était relativement petit", note Richard Teeuw de l'Université de Portsmouth en Angleterre. "De telles vagues - chargées de débris - peuvent être mortelles pour les populations côtières".
D'autres experts évoquent une marée particulièrement forte en ces jours de pleine Lune: "il semblerait que la vague ait frappé certaines zones côtières au point le plus élevé de cette marée haute, aggravant les dégâts", explique Simon Boxall de l'université de Southampton.
Autre facteur aggravant, le tsunami a également surpris la population la nuit
Pourquoi la population n'a pas été alertée?
"On est impuissant face à la soudaineté du phénomène", note Jacques-Marie Bardintzeff. La côte étant très proche du volcan, "le délai entre la cause et la conséquence a été de quelques dizaines de minutes, trop court pour prévenir la population".
"Les bouées d'alerte aux tsunamis sont positionnées aux limites des plaques tectoniques sous-marines pour alerter en cas de tremblements de terre", indique David Rothry, pour qui "même s'il y avait eu une de ces bouées juste à côté de l'Anak Krakatoa, le temps d'alerte aurait été trop court au vu de la vitesse élevée des vagues du tsunami".
"De plus, selon les experts, ce type de tsunami est très localisé (ils ne parcourent qu'une faible distance) et il faudrait plusieurs milliers de bouées sur tout le périmètre pour que le système soit efficace".
Faut-il redouter d'autres tsunamis dans les prochains jours?
"Le risque de tsunami dans le détroit de la Sonde restera élevé tant que le volcan sera dans sa phase d'activité actuelle parce qu'il est susceptible de déclencher d'autres glissements de terrain sous-marins", prévient Richard Teeuw. "Il faut être conscient que maintenant le volcan est déstabilisé", confirme Jacques-Marie Bardintzeff.
Afin de réduire les risques, il faudrait cartographier les fonds marins autour d'Anak Krakatoa à la recherche d'indices sur de futurs glissements de terrain. "Malheureusement, les enquêtes sous-marines prennent généralement plusieurs mois à organiser et à mener à bien", précise Richard Teeuw.
Reste que "les tsunamis dévastateurs causés par les éruptions volcaniques sont rares", poursuit ce chercheur, l'un des plus meurtriers demeurant celui en 1883 causé par l'effondrement du légendaire Krakatoa à l'origine de l'Anak Krakatoa.