Le narcotrafiquant Robert Dawes condamné à Paris à 22 ans de réclusion

Considéré comme l'un des plus gros narcotrafiquants d'Europe, le Britannique Robert Dawes a été condamné vendredi 21 décembre par les assises de Paris à 22 ans de réclusion criminelle pour l'importation de 1,3 tonne de cocaïne en 2013 dans un vol Air France Caracas-Paris.

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Le Britannique Robert Dawes aux assises de Paris, le 21 décembre.
Croquis d'audience: AFP/VNA/CVN

Les avocats du Britannique de 46 ans ont annoncé qu'ils allaient "immédiatement" faire appel de cette condamnation, assortie d'une période de sûreté des deux tiers et d'une interdiction définitive du territoire français.

La cour d'assises spéciale de Paris, uniquement composée de magistrats professionnels, l'a également condamné à payer une amende douanière de 30 millions d'euros, solidairement avec quatre de ses co-accusés, son compatriote Nathan Wheat, et trois Italiens, Vincenzo Aprea, Carmine Russo et Marco Panetta, tous reconnus coupables du crime d'"importation de cocaïne en bande organisée".

Ils ont été condamnés à respectivement treize, douze, neuf et cinq ans -dont un avec sursis- d'emprisonnement, ainsi qu'à dix ans d'interdiction du territoire français, pour leur rôle dans ce trafic d'ampleur internationale, qualifié d'"inédit" par l'accusation. La cour d'assises a en revanche acquitté un sixième homme, le Britannique Kane Price.

Tout était parti d'un renseignement britannique sur la préparation par Robert Dawes - depuis longtemps dans le collimateur de la National Crime Agency (NCA) luttant contre le crime organisé en Grande-Bretagne - de l'acheminement de plus d'une tonne de cocaïne depuis le Venezuela vers l'Europe, avec l'envoi à Caracas en avril 2013 de deux membres de son organisation "structurée et hiérarchisée".

"Criminel redouté"

La drogue était arrivée le 11 septembre 2013 à l'aéroport de Roissy, dissimulée dans une trentaine de valises n'appartenant à aucun passager. Après la spectaculaire saisie, l'Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (Ocrtis) avait mis sur pied une vaste opération d'infiltration et de surveillance, conduisant neuf jours plus tard à l'interception d'un camion contenant 300 kilos de cocaïne se rendant en Italie, et l'interpellation de cinq suspects.

L'arrestation de Dawes, fruit d'une coopération policière et judiciaire européenne, n'était intervenue que deux ans plus tard, en novembre 2015, dans sa villa du sud de l'Espagne. La NCA s'est félicitée de la condamnation de Robert Dawes, "l'un des criminels organisés les plus influents et les plus redoutés d'Europe", avec des relations en Europe, en Amérique du Sud, au Moyen-Orient et en Asie.

"C'est une peine extrêmement lourde. On sent bien qu'il paye pour toute l'oeuvre qu'on lui suppose", a commenté l'un des avocats de Robert Dawes, Hugues Vigier, rappelant que son client n'avait jamais été condamné pour trafic de stupéfiants.

Dawes avait quitté la Grande-Bretagne pour l'Espagne en 2001. Ce père de famille a déclaré une activité de gérant de société de meubles d'antiquité. Il clame son innocence depuis trois ans, mais ses "protestations" n'ont pas convaincu la cour.

Robert Dawes avait lui-même "très clairement", selon les juges, revendiqué la propriété des 1.300 kilos saisis à Roissy, dans une conversation enregistrée et filmée par la Garde civile espagnole le 23 septembre 2014, dans un hôtel de Madrid. Le Britannique n'a eu de cesse de tenter d'écarter cette mise sur écoute de la procédure, allant jusqu'à produire un "faux" à l'audience, affirmant que la mise sur écoute n'avait pas été autorisée par la justice espagnole, alors qu'elle était bien régulière.

La révélation du "faux", mardi 18 décembre avant que Dawes ne soit interrogé sur les faits, a eu "un effet boomerang" pour sa défense, a estimé Me Vigier, pour qui le renseignement britannique d'origine est "une affirmation qui n'a pas été démontrée".

Tout au long des deux semaines de débats, les avocats de la défense ont déploré une enquête "lacunaire", avec ses "manques", ses "mensonges" et ses "non-dits". Ils ont particulièrement ciblé les pratiques controversées de l'ex-patron de l'Ocrtis, le commissaire François Thierry, mis en cause dans plusieurs dossiers pour sa gestion des "indics".

Pour eux, l'importation de la cocaïne a été "provoquée" par un informateur du commissaire et donc de la police, et leurs clients n'ont, a minima, participé qu'à son transport. La société Air France, qui réclame des indemnités au titre du "préjudice d'image", sera fixée le 21 janvier 2019.

AFP/VNA/CVN

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