Cela fait déjà plusieurs années que Washington demande en vain à son allié de lancer une offensive dans la zone tribale du Waziristan du Nord, bastion du réseau Haqqani frontalier de l'Afghanistan.
Les critiques américaines se sont intensifiées depuis la mi-septembre, après une série d'attaques meurtrières contre les Occidentaux dans la capitale afghane Kaboul, organisées par le réseau Haqqani selon Washington. Elles sont venues s'ajouter aux tensions déjà fortes entre les deux pays, alliés stratégiques depuis dix ans, depuis le raid unilatéral américain qui a tué Oussama Ben Laden le 2 mai à Abbottabad, dans le Nord du Pakistan.
Jeudi dernier, le plus haut responsable militaire américain, l'amiral Mike Mullen, avait accusé Islamabad d'exporter, via ses services secrets (ISI), la violence en Afghanistan en y soutenant le réseau Haqqani.
Face à ces accusations, le chef d'état-major de l'armée pakistanaise, le général Ashfaq Kayani, considéré par nombre d'observateurs comme l'homme fort du pays, a convoqué dimanche une "réunions spéciale" du haut commandement des forces armées. Selon un haut responsable militaire proche des discussions, les chefs militaires pakistanais y ont réaffirmé leur volonté de rester pour l'heure sur leurs positions et de résister à la pression américaine.
"Je ne pense pas que les indicateurs vont dans ce sens", a-t-il déclaré le 26 septembre à propos d'une éventuelle offensive dans le Waziristan du Nord.
Chaque jour qui passe apporte son lot de nouvelles déclarations dans la partie de ping-pong diplomatique que se livrent Washington et Islamabad sur le sujet. Le Premier ministre pakistanais Yousuf Raza Gilani a, lui, accusé les Américains de faire du Pakistan le bouc-émissaire de leur échec en Afghanistan.
Selon le cabinet de M. Gilani, la ministre pakistanaise des Affaires étrangères, Hina Rabbani Khar, est attendue le 27 septembre devant l'Assemblée générale des Nations unies pour y expliquer le point de vue d'Islamabad.
Dimanche, le chef d'état-major interarmées pakistanais, Khalid Shameem Wyne, s'est inquiété des tensions entre les deux pays en soulignant la nécessité d'une "confiance mutuelle", après avoir rencontré à Islamabad le général James Mattis, chef du commandement central de l'armée américaine.
De son côté, l'ambassadeur américain au Pakistan, Cameron Munter, s'est entretenu le 26 septembre avec le secrétaire aux Affaires étrangères, Salman Bashir. Selon la télévision citant un porte-parole du ministère, les deux hommes ont fait part de la volonté des deux pays de "dissiper les incompréhensions par le biais de contacts étroits et bilatéraux".
L'armée pakistanaise, qui compte 140.000 soldats dans le Nord-Ouest, le long de la frontière afghane, estime avoir déjà fait beaucoup depuis dix ans pour traquer les rebelles islamistes chez lui à la demande des Américains.
Elle souligne que plus de 3.000 de ses soldats y ont trouvé la mort depuis la fin 2001, soit plus que les 2.735 soldats occidentaux tués en Afghanistan, et que son armée a déjà fort à faire face aux talibans dans ces zones tribales considérées par Washington comme le quartier général d'Al-Qaïda.
"Il y a des problèmes plus urgents à résoudre" que le Waziristan du Nord, a ainsi souligné le 26 septembre le haut responsable militaire pakistanais.
AFP/VNA/CVN