À Ramallah, capitale politique de la Cisjordanie, on se félicitait de la détermination et la pugnacité du président Mahmoud Abbas à la tribune de l'ONU malgré les incertitudes, les pressions et les divisions internes qui entourent la reconnaissance internationale d'un État palestinien.
"La Palestine est ressuscitée", résumait le quotidien Al-Ayyam.
L'euphorie le dispute à la peur de l'avenir
Le chef palestinien est attendu le 25 septembre à Ramallah où il devait recevoir un accueil triomphal après avoir remis "la demande d'adhésion de la Palestine sur la base des lignes du 4 juin 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale" le 23 septembre au secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon.
Des foules joyeuses ont célébré cette initiative dans les villes autonomes de Cisjordanie, dans une ambiance de fête et sans violences, les dirigeants palestiniens ayant appelé à des manifestations pacifiques. Ils disent avoir appris les leçons de l'échec de la deuxième Intifada armée qui fit reculer leur cause sur la scène internationale.
Dans la bande de Gaza, en revanche, le discours "historique" à l'ONU n'a reçu guère d'écho dans la rue.
Le Hamas, au pouvoir dans cette enclave, désapprouve la requête de M. Abbas devant l'ONU et a jugé son discours "sans substance".
Dans l'avion qui le ramenait de New York à Amman, M. Abbas s'est engagé à ouvrir "un dialogue approfondi" avec le Hamas. "Certains responsables du Hamas se sont opposés à la démarche de la direction palestinienne et ont émis des réserves, mais dans l'ensemble, j'ai reçu des soutiens au sein de dirigeants" de ce mouvement, a-t-il affirmé.
De fait, Mahmoud Abbas jouit d'un vif regain de popularité depuis qu'il a tenu tête à l'administration Obama qui a tenté jusqu'à la dernière minute de le dissuader de saisir le Conseil de sécurité.
"Abou Mazen (le nom de guerre de Mahmoud Abbas) a prononcé un discours important et courageux à tous égards, en qualité de leader du mouvement de libération, de président du peuple arabe palestinien et d'homme d'État", soulignait Adel Abdelrahmane, l'éditorialiste du journal de l'Autorité palestinienne, Al-Hayat Al-Jadida.
"C'est l'heure du Printemps palestinien... L'heure de l'indépendance", exultait le quotidien de Jérusalem-Est, Al-Qods, au-dessus d'une photo du dirigeant palestinien brandissant la lettre officielle de demande.
Mais après la fête, les habitants de Cisjordanie rencontrés le 24 septembre, s'ils se disaient fiers du "discours historique" de leur président, appréhendaient des mesures de rétorsion israéliennes.
"Le pire scénario serait des pressions et des sanctions économiques, qu'elles viennent d'Israël ou des États-Unis", confiait Ghassan Zawahri, un chauffeur de taxi de 25 ans.
Selon un sondage, 78% des Palestiniens s'attendent à des sanctions économiques et politiques israéliennes. Environ 64% sont persuadés que Washington fera de même.
Le Quartet veut la paix d'ici à fin 2012
Les Quartette pour le Proche-Orient (ONU, États-Unis, UE et Russie) a proposé aux Palestiniens et aux Israéliens de reprendre des négociations de paix avec l'objectif d'aboutir à un accord final fin 2012.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'est déclaré le 24 septembre prêt sous condition à accepter le plan du Quartette pour parvenir à un accord de paix israélo- palestinien avant la fin 2012. "Si le Quartette appelle à la reprise des négociations directes sans condition préalable, je pense qu'il s'agit d'une chose importante", a affirmé M. Netanyahu interviewé des États-Unis par la "10", une chaîne de télévision privée. Interrogé sur les chances de parvenir à un accord d'ici la fin de l'an prochain, M. Netanyahu est resté prudent. "S'il y a une volonté de conclure cela réussira, car c'est prometteur, si cette volonté n'existe pas, cela ne marchera pas", s'est-il contenté d'affirmer. Le Premier ministre a par ailleurs souligné que la position officielle d'Israël sur la proposition de calendrier du Quartette sera connue dans les prochains jours. "Il faut que j'étudie la proposition, que je consulte mes conseillers ainsi que le cabinet", a-t-il ajouté. "J'espère que les Palestiniens comprendront en fin de compte qu'il n'est pas possible de se passer de négociations, qu'ils ne peuvent pas obtenir un État et continuer le conflit" avec Israël, a-t-il ajouté.
La direction palestinienne, elle, a promis d'étudier le communiqué du Quartette à son retour à Ramallah, mais le président Abbas a réitéré ses demandes de gel de la colonisation israélienne et de discussions basées sur les frontières de 1967.
AFP/VNA/CVN