Grippe A (H1N1) : des experts de l'OMS démentent avoir été influencés par les laboratoires

Des experts ayant joué un rôle prépondérant dans la gestion par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) de la grippe A (H1N1) ont démenti avoir été influencés par les laboratoires pharmaceutiques et averti que la pandémie n'était pas finie.

"Il n'y a jamais eu de tentative d'influencer les conseils que nous donnions, que ce soit sur le timing ou le contenu", a assuré le président du Groupe de conseil stratégique sur la vaccination (SAGE), David Salisbury.

M. Salisbury intervenait devant un comité d'experts créé par l'OMS pour évaluer sa gestion, critiquée, de la première pandémie du 21e siècle.

"Le secteur (pharmaceutique) n'a rien fait d'autre que nous fournir des informations scientifiques", a encore affirmé M. Salisbury en retraçant le travail des scientifiques appelés à conseiller la directrice générale de l'OMS, Margaret Chan.

Le SAGE lui avait remis au printemps 2009 des conseils techniques décisifs sur l'opportunité de produire un vaccin contre le virus d'origine porcine, la date à laquelle la fabrication devait commencer et en quelles quantités.

Or la question de la vaccination est au coeur des critiques contre l'OMS, accusée par des parlementaires du Conseil de l'Europe d'avoir exagéré la menace de la grippe sous l'influence des groupes pharmaceutiques, amenant les gouvernements à acheter bien plus de vaccins que nécessaire.

"En tant que président, je n'ai pas été approché par l'industrie pharmaceutique, ça c'est sûr", a aussi affirmé John Mackenzie, du comité d'urgence de l'OMS, un autre organe de conseil convoqué lors des grandes crises sanitaires. Il a expliqué que sur la quinzaine de membres du comité d'urgence, seul son nom avait été rendu public afin de faire justement en sorte que les avis soient formulés en toute impartialité. De nombreuses critiques s'étaient élevées contre cette disposition, qui rendait le processus peu transparent selon ses détracteurs. Cette règle "est là pour protéger le comité d'urgence" qui doit subirait sinon "énormément de pressions", a-t-il dit, estimant qu'elle "protège contre les intérêts commerciaux, mais aussi contre les intérêts des États d'une certaine façon".

M. Mackenzie a par ailleurs estimé qu'il n'y avait pas de raison de "baisser la garde" sur la grippe A (H1N1).

On ne pourra dire que la pandémie est passée "avant d'avoir vu comment elle progresse dans l'hémisphère Sud", a-t-il expliqué, soulignant qu'il y avait "quelques inquiétudes" au sujet d'une éventuelle deuxième vague du virus pendant l'automne et l'hiver à venir dans les pays méridionaux.

Les avis du comité d'urgence, qui ont toujours été adoptés à l'unanimité selon M. Mackenzie, sont consultatifs, mais Margaret Chan a eu tendance à les suivre à la lettre, selon le professeur.

C'est sur sa recommandation que l'alerte mondiale avait été donnée en avril 2009 après la découverte du virus au Mexique et aux États-Unis, puis que la pandémie avait été déclarée en juin 2009.

Alors que le virus s'est révélé moins meurtrier qu'initialement redouté, M.Mackenzie a néanmoins estimé qu'il était "certainement aussi virulent" que ceux qui ont provoqué les pandémies de grippe de 1957 et 1968. Il est en outre très inhabituel, car plus dangereux pour les jeunes et les femmes enceintes, alors que la grippe tue généralement surtout les plus âgés et est encore active en Afrique de l'Ouest et dans certaines régions d'Asie, a-t-il fait valoir.

Le comité d'experts sur la gestion internationale de la pandémie rendra un rapport intérimaire en mai, et des conclusions finales en janvier 2011. D'autres réunions sont prévues en juin et septembre.

AFP/VNA/CVN

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