Des graffitis sur les hiéroglyphes : l'Égypte peine à protéger ses antiquités

Des graffitis au milieu des hiéroglyphes, des enfants grimpant sur des statues sous le regard indifférent des gardiens de musée : en Égypte, la protection des trésors archéologiques reste ardue.

Alors que le chef du Conseil suprême des antiquités égyptiennes (CSA), Zahi Hawass, fait de la restitution des pièces éparpillées de par le monde son cheval de bataille et organise la semaine dernière une conférence pour faire avancer cette cause, l'Égypte peine à sensibiliser sa population et les visiteurs à la nécessité de préserver son patrimoine.

Par une après-midi ordinaire au Musée du Caire, envahi par les touristes et les groupes d'étudiants des beaux-arts, une femme de ménage se repose, adossée à une statue de la 19e dynastie.

Des enfants fascinés par des sphinx tâtent le visage des créatures de pierre. Un guide passe le doigt dans les hiéroglyphes gravés sur un sarcophage, invitant des touristes à faire de même. Très concentré, un étudiant à demi-couché sur une stèle copie les signes que la pierre de Rosette a permis de déchiffrer. Un policier du tourisme et des antiquités passe sans un regard.

"On ne peut pas mettre quelqu'un derrière chaque statue. Dans la mesure de nos capacités, nous disons aux gens de ne pas toucher les objets", dit-il d'un ton monocorde. Le même policier s'était appuyé sur un sarcophage quelques minutes plus tôt.

Zahi Hawass reconnaît la difficulté de la tâche. "Protéger les antiquités des infractions individuelles ne sera pas simple, cela nécessite beaucoup de temps", dit-il, faisant état de projets visant à créer une relation spéciale entre les Égyptiens et leur patrimoine, comme des ateliers d'initiation aux hiéroglyphes pour les enfants. "Bien qu'une nouvelle loi prévoie des sanctions sévères en cas d'infractions liées aux antiquités (dégâts, écriture sur des oeuvres), sans une vaste opération de sensibilisation elle ne portera pas ses fruits avec la rapidité désirée", ajoute-t-il.

La configuration du Musée du Caire -salles innombrables, coins et recoins débordant de pièces archéologiques parfois posées à même le sol- n'aide certes pas à la préservation des œuvres. Mais "c'est la culture des gens qui est en cause", estime un agent du CSA.

À l'entrée d'une mastaba (tombe de dignitaire) près de la barque solaire, sur le plateau de Guizeh, quelqu'un a gravé ses initiales au milieu des hiéroglyphes. "On ne peut pas tout voir", se justifie un gardien, affirmant que "la majorité de ceux qui font ça sont Égyptiens". Mais les étrangers ne sont pas en reste.

Dans la Vallée des Rois, à Louxor, où les inestimables tombeaux risquent, selon le CSA, d'être endommagés par le souffle des touristes, nombreux sont ceux qui ignorent l'interdiction d'utiliser le flash de leur appareil photo, glissant même un bakchich aux gardiens pour agir à leur guise.

Les autorités ont pris des mesures pour protéger les tombes, dont la mise en place de nouveaux systèmes d'aération et la limitation du nombre de visiteurs. Mais la formation des gardiens reste au coeur du problème.

Sur la pyramide de Khéphren, des panneaux indiquent sans équivoque qu'il est interdit de grimper sur le monument. Un large sourire aux lèvres, une jeune fille monte pourtant se faire photographier avec le panneau. "Oui, c'est censé être interdit. Mais elle m'a juste demandé si elle pouvait se faire prendre en photo", dit avec embarras un agent du CSA, en tentant mollement et sans succès de faire descendre une dizaine d'adolescents escaladant la pyramide.

"C'est malgré nous, on n'y peut rien : il y a trop de demande", ajoute-t-il. La mère de la jeune fille, elle, reste de marbre, avant de lancer : "Ici, nous sommes chez nous".

AFP/VNA/CVN

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