Grèce : Tsipras s'allie avec la droite souverainiste contre l'austérité

Les adversaires de l'austérité ont pris lundi 26 janvier les commandes en Grèce, sous la houlette du nouveau Premier ministre de gauche radicale Alexis Tsipras, dont l'alliance avec un parti de droite souverainiste pour gouverner laisse augurer de négociations difficiles avec l'Union européenne (UE).

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L'Europe a d'ores-et-déjà prévenu Alexis Tsipras, 40 ans, qu'elle n'était pas prête à effacer la dette du pays dont Syriza réclame la restructuration.

Le nouveau Premier ministre de gauche radicale Alexis Tsipras, le 26 janvier à Athènes.
Photo : AFP/VNA/CVN

Or, c'est la ligne la plus ferme vis-à-vis des créanciers UE et Fond international monétaire (FMI) qui semble l'avoir emporté avec l'annonce d'un accord de gouvernement entre Syriza et le petit Parti de droite souverainiste des Grecs indépendants (Anel).

Les deux formations vont cumuler une majorité de 162 sièges (149+13) sur les 300 du parlement. Désigné Premier ministre lundi 26 janvier, processus éclair au lendemain des élections, Alexis Tsipras devrait annoncer la composition de son gouvernement d'ici mercredi 28 janvier.

Scène inédite : le chef de la gauche grecque s'est dispensé d'une prestation de serment religieuse, comme le veut la tradition, optant pour une cérémonie civile. Son nouvel allié souverainiste, en rupture depuis 2011 avec la droite classique Nouvelle démocratie jugée trop favorable à l'austérité, est lui réputé proche de l'Église orthodoxe, non séparée de l'État, et défend des positions conservatrices sur le plan des mœurs, à l'opposé de Syriza.

"Les guichets automatiques fonctionnent"

"Les Grecs avancent unis dans le respect de la souveraineté nationale", a déclaré le chef d'Anel, Panos Kammenos, désignant ainsi la principale valeur commune des deux partis.

Autre symbole : pour sa première sortie officielle, le nouveau Premier ministre est allé se recueillir devant le mur des fusillés d'Athènes, où 200 communistes ont été exécutés en 1944 par les nazis, monument emblématique de la résistance grecque face à l'armée allemande.

C'est justement d'Allemagne, dont la position sera déterminante, que sont venues les réactions les plus réservées face à la nouvelle donne politique en Grèce.

Pour la chancelière allemande Angela Merkel, le nouveau gouvernement grec doit "respecter les engagements pris" par son prédécesseur. Une réduction de dette est exclue, a averti le ministère allemand des Finances, précisant juste qu'un prolongement du programme d'aide à la Grèce pourrait être discuté au niveau européen si Athènes "en fait la demande".

La Grèce, même si elle est parvenue à stabiliser ses finances après avoir frôlé la faillite, est toujours sous perfusion de l'EU et du FMI qui lui ont octroyé 240 milliards d'euros de prêts depuis 2010 en échange d'un catalogue de réformes structurelles et d'une stricte politique de rigueur.

"Faire partie de la zone euro signifie qu'il faut respecter l'ensemble des accords déjà passés", a renchéri le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, alors que les ministres des Finances de la zone euro se sont réunis lundi 26 janvier à Bruxelles.

Tsipras attendu "rapidement" à Paris

L'enjeu pour le nouveau Premier ministre grec sera de trouver des alliés parmi les membres de la zone euro pour faire bouger les lignes.

Panos Kammenos, leader du Parti des Grecs indépendants, le 26 janvier à Athènes.
Photo : AFP/VNA/CVN

Les regards de Syriza sont tournés vers l'Italie, dont le ministre des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni, a estimé que "le résultat grec, s'il est géré politiquement par la Grèce et l'Union européenne avec des négociations flexibles et réalistes, favorisera la demande de mettre un terme à la rigidité que nous, Italiens, avons toujours réclamée".

Côté français, le président François Hollande a été parmi les premiers dans la nuit à féliciter M. Tsipras avec bienveillance, tout en le rappelant à "l'esprit de responsabilité". Puis il l'a invité à "se rendre rapidement à Paris". Enfin, il a durci un peu plus le ton en remarquant que "des engagements ont été pris et ils doivent être tenus".

Le FMI, au contraire, s'est montré le plus détendu des bailleurs de fonds du pays.

"Nous nous tenons prêts à continuer de soutenir la Grèce et nous espérons entamer des discussions avec le nouveau gouvernement", a indiqué le Fonds dans un court communiqué.

Les marchés financiers sont restés assez indifférents lundi 26 janvier, mais la bourse d'Athènes accusait le coup en clôturant à -3,20%.

AFP/VNA/CVN

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