>>Entre fermeture d'usines et transports englués, Nike prévoit des pénuries
Un magasin de vêtements, le 4 avril à New York. |
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"On a bien trop d'inventaires en ce moment", constate Ginny Pasqualone de Sparkledots, une petite société qui fabrique des vêtements pour enfants. "Il est important d'avoir une large sélection de marchandises pour répondre aux besoins" des commerçants, explique-t-elle.
Mais ces derniers s'inquiètent de voir leurs propres clients "ne plus venir dans leurs magasins car ils doivent consacrer plus d'argent à l'alimentation ou l'essence". Certains "redoutent de ne pas pouvoir survivre à une nouvelle récession" et ne commandent plus autant.
Sparkledots a suffisamment d'espace pour entreposer les marchandises mais tant qu'elles ne sont pas vendues, "je ne peux pas embaucher ou me rendre à un nouveau salon professionnel", remarque l'entrepreneuse qui emploie 18 salariés. "Cela sape notre croissance".
Des grandes chaînes de magasins comme Walmart, Target ou Macy's, ont récemment reconnu avoir mal estimé les changements d'habitudes de leurs clients et se retrouvent avec des surplus de produits électroménagers, de vêtements décontractés ou de vélos.
Sans précédent
Certains distributeurs de cycles "ont acheté tout ce qu'ils pouvaient comme si la demande pour les vélos allait rester à un niveau sans précédent", observe Wayne Sosin de Worksman Cycles, une société basée à New York qui s'est fait un nom avec ses tricycles à chariot. Mais "il était évident que (cela) ne pouvait pas durer".
Ceci dit, ajoute M. Sosin, la demande pour certains modèles comme les vélos électriques "demeure solide", et avec une chaîne d'approvisionnement toujours fragile, "il reste difficile de trouver certaines pièces".
Les consommateurs américains, confinés chez eux par la pandémie et aidés financièrement par le gouvernement, se sont mis à acheter beaucoup plus de biens dès 2020.
La chaîne d'approvisionnement n'a pas suivi et les entreprises ont pendant des mois dû gérer la pénurie de certains articles ou la congestion dans les ports.
"Elles ont, d'une part, dû s'adapter à l'idée qu'elles ne pouvaient plus compter sur un approvisionnement immédiat leur permettant d'avoir des stocks limités", remarque Phil Levy, économiste pour la société de transports Flexport.
Elles ont parallèlement dû se demander "dans quelle mesure la forte augmentation de la demande pour les biens était permanente", ajoute-t-il.
Les entreprises font généralement leurs prévisions en se basant sur les tendances passées, rappelle-t-il. Mais "on n'a pas de données sur le comportement des consommateurs lors des cinq dernières pandémies".
Plus de promotions
Walmart, l'une des grandes chaînes de distribution américaines. |
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La chaîne de supermarchés Target, par exemple, avait bien prévu que la demande pour les articles de maison et les vêtements allait ralentir à la faveur de dépenses pour les services.
Mais "on n'avait pas anticipé la magnitude du revirement", a reconnu son patron, Brian Cornell, lors d'une conférence téléphonique fin mai.
Résultat : le groupe s'est retrouvé avec bien plus d'électroménagers, de télés et de meubles de jardin que prévu.
Les grands magasins Macy's n'avaient, eux, pas bien évalué la chute de 20% des ventes de vêtements décontractés, de sport ou de linge de maison entre fin 2020 et début 2021, a admis le patron, Jeffrey Gennette, lors de la publication des derniers résultats.
"Simultanément, les contraintes dans la chaîne d'approvisionnement se sont détendues, et on a reçu plus de marchandises que prévu", a-t-il remarqué.
Pour gérer ces surplus, les stratégies divergent.
Plutôt que d'entasser les articles dans les magasins, Target a cherché des espaces de stockage temporaires. Des articles plus sensibles aux tendances ont été abandonnés.
D'autres misent sur les réductions, à l'instar de la chaîne de magasins de vêtements Urban Outfitters dont le patron, Richard Hayne, anticipait fin mai "une augmentation des opérations promotionnelles non seulement au deuxième trimestre, mais tout au long de l'année".
L'évolution de la consommation "reste imprévisible", estime Brian Yarbrough, spécialiste de la distribution pour la société Edward Jones.
Avec le retour aux voyages et aux sorties, et avec l'inflation qui s'installe, les habitudes ont changé. Mais les Américains continuent pour l'instant à dépenser, remarque-t-il.
Et pour les entreprises qui veulent déjà s'assurer d'avoir des articles dans les rayons à l'automne, le temps de transport maritime entre l'Asie et les États-Unis va-t-il s'améliorer ou empirer ? Va-t-il être aggravé par une possible grève des dockers du port de Los Angeles ? "On ne sait tout simplement pas", note Phil Levy.