>>Biden veut garder le contrôle, mais est démuni face à l'inflation aux États-Unis
>>La Fed procède à la plus forte hausse de taux depuis 2000 pour contrer l'inflation
>>Le chômage toujours au plus bas en mars à 6,8%
>>Le taux de chômage aux États-Unis recule encore en mars, à 3,6%
Une pancarte "on embauche" devant un restaurant d'Arlington (Virginie), le 3 juin. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
En mai, 390.000 emplois ont été créés, secteurs privé et public confondus, selon les données du département du Travail publiées vendredi 3 juin. C'est moins que les 436.000 d'avril (données révisées en hausse), mais mieux qu'attendu.
Le taux de chômage reste lui inchangé à 3,6%, toujours au-dessus de son niveau pré-pandémie lorsqu'il était à 3,5% en février 2020, au plus bas depuis 50 ans.
Joe Biden a salué vendredi 3 juin le marché du travail "le plus solide depuis la période qui a immédiatement suivi la Seconde guerre mondiale".
Et, alors que la priorité économique du président américain est désormais de juguler l'inflation, qui atteint des niveaux inédits depuis 40 ans à plus de 8%, il a jugé possible de la maîtriser "sans sacrifier" l'emploi.
La lutte contre l'inflation risque en effet de faire repartir le chômage à la hausse, et ralentir la croissance économique, voire même provoquer une récession. L'un des principaux leviers de la Banque centrale américaine (Fed) est de ralentir la demande de la part des consommateurs et entreprises.
Pour cela, elle relève progressivement ses taux directeurs, ce qui donne le ton aux banques commerciales qui, à leur tour, proposent à leurs clients des crédits à des taux plus élevés.
L'inflation a un peu ralenti en avril, après avoir atteint en mars des records depuis 40 ans. Elle reste néanmoins très élevée, à 8,3% sur un an, selon l'indice CPI.
Pénurie de main d'oeuvre
Mais les conséquences sur l'emploi ne se feront sans doute sentir que dans quelques mois.
En attendant, les chiffres de mai montrent "que le marché du travail et l'activité restent solides et qu'il y a peu de signes de ralentissement de l'économie", a commenté Krishna Guha, économiste pour Evercore, société de conseil en investissements.
"À presque tous les égards, c'est l'un des marchés de l'emploi les plus solides des 50 dernières années", a commenté Mike Fratantoni, chef économiste de l'association des banquiers immobiliers (Mortgage bankers association).
"Les offres d'emplois sont supérieures de plusieurs millions aux personnes disponibles pour les combler, et la croissance des salaires reste forte", a détaillé Mike Fratantoni.
Les employeurs en effet, qui ne trouvent pas suffisamment de travailleurs par rapport au nombre d'emplois vacants, proposent des salaires plus élevés et de meilleures conditions de travail pour attirer les candidats.
Le salaire horaire a ainsi continué à augmenter, à un rythme toutefois moins rapide, et s'établit désormais à 31,95 dollars de l'heure en moyenne, +0,3% sur un mois et +5,2% sur un an.
Toutefois, hors personnels d'encadrement, la hausse des salaires s'est "en fait accélérée", observe Diane Swonk, cheffe économiste pour Grant Thornton.
"Plus tard cette année"
"La situation du marché du travail devrait rester bonne à court terme", anticipe Kathy Bostjancic, économiste pour Oxford Economics.
"La demande de main-d'œuvre devrait diminuer plus tard cette année", souligne-t-elle, surtout dans les secteurs "sensibles aux taux d'intérêt, comme la construction et l'industrie manufacturière", ou "vulnérables au fait que les consommateurs achèteront moins de biens, comme le commerce de détail, le transport et l'entreposage".
Elle estime cependant que de nombreuses personnes qui avaient cessé de chercher un emploi pourraient revenir sur le marché du travail, ce qui "devrait atténuer les nouvelles pressions à la hausse sur les salaires au second semestre".
Le taux de participation, c'est-à-dire la part des adultes qui travaillent ou cherchent un emploi, s'améliore un peu, mais, à 62,3% (+0,1 point par rapport à avril), est toujours inférieur de 1,1 point à son niveau d'avant la pandémie.
"Alors que les entreprises continuent de se battre pour rémunérer, retenir et recruter de nouveaux talents", Gregory Daco, économiste en chef d'EY-Parthenon, y voit un signe "encourageant", car cela signifie que "l'offre de main-d'œuvre a rebondi en mai".
Or, précise-t-il, "s'il y a un élément qui manque encore au marché du travail aujourd'hui, c'est l'offre de main-d'oeuvre, et non la demande de main-d'oeuvre".
AFP/VNA/CVN