Selon le Département général de la gestion foncière du ministère des Ressources naturelles et de l'Environnement, les superficies des terres agricoles ont fortement diminué ces dernières années, notamment dans les deltas du fleuve Rouge et du Mékong, les 2 greniers à riz du pays. Par exemple, pour le delta du Fleuve rouge, on en recensait 980.961 ha en l'an 2000, contre 962.557 ha en 2005 et 953.895 ha en 2007. De plus, selon les données recueillies dans 49 villes et provinces entre juillet 2004 et aujourd'hui, près de 29.000 ha de terres, dont 80% sont arables, ont été et sont utilisés pour le déploiement de 29.000 projets d'investissement. Environ 50% des terres agricoles sont récupérés dans les régions économiques de pointe.
Le ministère de l'Agriculture et du Développement rural (MADR) a avancé 3 scénarii pour les terres rizicoles en 2020 et les orientations en 2030. Primo, la superficie de la riziculture passerait de 3,7 à 3,6 millions d'hectares. La production de riz oscillerait entre 41,3 et 42,2 millions de tonnes. Secundo, la superficie réservée à cette plante vivrière ne serait que de 3,5 millions d'hectares en 2030 contre 3,7 millions en 2020, avec une production variant entre 40,7 et 41,5 millions de tonnes. Tertio, la superficie rizicole resterait toujours de 3,8 millions d'hectares, avec une production qui connaîtrait une hausse légère (41,7 millions de tonnes en 2020 et 43,8 millions de tonnes en 2030).
Trois scénarii
Quel que soit le scénario, pour garantir la sécurité alimentaire, la superficie de la riziculture aquatique dans l'ensemble du pays devrait être maintenue à 3,2 millions d'hectares, ce qui est quasiment identique à aujourd'hui (3,27 millions d'hectares) et la production de riz, à 4,1 millions de tonnes. Pourtant, maintenir la superficie de la riziculture aquatique est un véritable casse-tête, car en réalité, la superficie de cette culture a visiblement diminué ces 10 dernières années, notamment dans les périodes 2000-2005 et 2005-2007.
Mettant l'accent sur la nécessité de maintenir la superficie rizicole dans le cadre de la stratégie nationale de la sécurité vivrière, Trân Ngoc Hùng, présidente de l'Association générale de la construction du Vietnam, estime que pour chaque projet d'utilisation des terres agricoles à d'autres fins, "il faudra penser à l'aménagement de terres réservées à la production agricole, surtout celles consacrées à la riziculture, notamment au moment où la population vietnamienne sera de l'ordre de 100-120 millions de personnes". Actuellement, le pays doit faire face au changement climatique. Par conséquent, des millions d'hectares de terres arables pourraient disparaître dans les deltas du fleuve Rouge et du Mékong, qui représentent à eux seuls 70% de la production rizicole nationale et 67% de la superficie des terres arables au niveau national.
De plus, à cause des phénomènes de vive-eau, crues et inondations..., provoqués notamment par la montée du niveau de la mer, la sécurité vivrière sera menacée. Lors d'une récente réunion du MADR sur l'aménagement des terres réservées à la riziculture à l'horizon 2020 et les orientations en 2030, le vice-Premier ministre Nguyên Sinh Hùng a demandé au ministère des Ressources naturelles et de l'Environnement de coopérer avec le MADR pour mener une enquête générale sur le fonds foncier, notamment en ce qui concerne l'utilisation actuelle des terres rizicoles. Cette enquête a pour objectif de garantir la sécurité vivrière et de développer de manière harmonieuse l'agriculture, les régions rurales et l'industrie dans l'oeuvre d'industrialisation et de modernisation du pays.
Sont recensées dans l'ensemble du pays 185 zones industrielles (ZI) s'étendant sur 44.895 ha, dont 29.358 ha de terres industrielles sont à louer. Pourtant, à l'heure actuelle, seuls 14.374 ha (49%) de ces terres ont cédé un bail. Dans plusieurs ZI, les terres occupées par les projets d'investissement représentent un faible taux comme la ZI de Hanoi-Dai Tu, crée en 1995 en banlieue de Hanoi, et celle de Dô Son, créée en 1997 dans la ville de Hai Phong (Nord). Dans ces zones, seulement 18,8-24,1% des terres sont occupées. Enfin, 110 des 185 ZI sont actuellement en activité. Ce qui est dû pour l'essentiel aux lenteurs dans l'expropriation du terrain et la construction des infrastructures.
Lê Hà/CVN