>>Manifestations, émaillées de violences, des jeunes contre la loi travail en France
François Hollande, le 30 mars à l'Élysée. |
Ce texte, jugé trop libéral par les syndicats de salariés et trop timide par le patronat, est une nouvelle fois contesté dans la rue, y compris par les lycéens et étudiants, au moment où il arrive en discussion au parlement.
"Il y aura énormément de monde (...) dans les rues, j'en suis persuadé. Tous les salariés se sentent et sont directement concernés par la loi travail", a prédit le 30 mars Philippe Martinez, numéro un du principal syndicat contestataire, la CGT.
Plus de 200 manifestations, défilés et rassemblements sont prévus dans toute la France, selon la CGT, et des grèves affecteront les services publics, notamment les transports. Une journée d'action similaire, le 9 mars, avait rassemblé plus de 200.000 manifestants (450.000 selon les organisateurs) et plusieurs dizaines de milliers de jeunes et salariés avaient également manifesté le 24 mars contre le projet, dernière grande réforme du quinquennat du président socialiste.
Cependant, seuls les syndicats contestataires et certaines organisations étudiantes et lycéennes ont appelé à manifester le 31 mars pour obtenir le retrait pur et simple du projet, accusé "de généraliser la précarité". En revanche les réformistes, qui espèrent obtenir de nouvelles concessions lors de son passage au parlement, ne se sont pas joints à l'appel.
Le 29 mars, la ministre du Travail, Myriam El Khomri, a dit comprendre "qu'un texte aussi profondément réformateur suscite des questionnements et nécessite des débats".
La réforme est censée donner plus de souplesse au marché du travail tout en sécurisant les parcours professionnels des salariés, dans un pays où le chômage culmine à 10% et où les petites et moyennes entreprises hésitent à embaucher.
Elle vise notamment à renforcer la négociation au sein même des entreprises, notamment sur l'aménagement du temps de travail, et à clarifier les règles du licenciement économique.
Devant les protestations des syndicats de salariés, mais à la colère des organisations patronales, le gouvernement a finalement renoncé aux mesures les plus critiquées, comme le plafonnement des indemnités pour licenciement abusif.
Au lendemain d'un revers cuisant
Quai du RER B à Chatelet-Les Halles à Paris. |
Faute de consensus politique, François Hollande a été contraint d'enterrer le 30 mars la réforme constitutionnelle qu'il avait annoncée après les attentats de Paris.
Ce texte s'est fracassé sur une mesure contestée : la déchéance de nationalité pour les binationaux condamnés pour crime terroriste, que le chef de l'État souhaitait inscrire dans la Constitution.
De nombreuses voix à gauche rejetaient la mesure au nom du respect de l'égalité de tous les Français quelle que soit leur origine. Invoquant un "désaccord politique majeur" sur ce dossier, la ministre de la Justice, Christiane Taubira, avait démissionné fin janvier.
La droite a pris le relais de la contestation quand le texte amendé par le gouvernement a étendu cette mesure à tous les Français, binationaux on non, afin de ne pas créer de discriminations. Le Sénat, à majorité de droite, a ainsi réservé l'extension de la déchéance de nationalité aux seuls binationaux, arguant ne pas vouloir créer d'apatrides.
AFP/VNA/CVN